La Majorité recule
  • lun, 28/08/2017 - 06:52

Au moins, nul ne pourra dire désormais que la Majorité Présidentielle a tripatouillé ou tenté de tripatouiller des élections certainement mystérieuses convoquées à la va-vite et dans le plus parfait désordre par une Commission électorale Nationale Indépendante qui donnait à ce jour l’impression d’être aux ordres d’une dyarchie. C’est au moins cela le point positif. élections mystérieuses. On cherchera en effet en vain ce qui explique ce taux de mortalité politique ahurissant dans notre territoriale. à peine, le 29 octobre 2015, les commissaires spéciaux avaient-ils été nommés et installés dans les vingt-une nouvelles provinces issues du démembrement administratif critiqué mais faisant droit à un arrêt de la Cour Constitutionnelle enjoignant l’Exécutif de prendre «des dispositions transitoires et exceptionnelles en vue de faire régner l’ordre public, la sécurité et assurer la régularité ainsi que la continuité des services publics dans les nouvelles provinces» qu’ils étaient relevés aussi vite qu’ils étaient arrivés pour être remplacés six mois plus tard, en avril 2016, par des élus. Sans doute le souci de faire élire nos préfets en vue de leur octroyer une légitimité plus grande était-il compréhensible mais c’est comme si celle octroyée par l’ordonnance du prince souverain ne suffisait pas. Ce fut tout de même un beau petit carton plein pour la Majorité Présidentielle... Mais voilà que très vite, on va assister à des mises à mort massives et accélérées au sein de la famille politique au pouvoir expiée et pantoise! Pour quels crimes? «Ceux d’avoir cru en la famille», explique un homme! «Ô bonheurs! Je vous ai durement expiés», s’étripe Victor Hugo. Le casting avait-il été mal opéré ou les nouveaux maîtres de la territoriale n’avaient pas répondu à l’engagement? L’engagement au service d’une cause «ne doit, en aucun cas, faire oublier la littérature», explique Sartre. C’est-à-dire le fondamental, la cause commune, la juste cause, l’intérêt général. Voilà qu’à malin malin et demi! La Céni tirée à hue et à dia, déboussolée, va lancer son cycle électoral... Un «test», avait averti le Chef de l’état très détendu ce dimanche 20 août à sa ferme de Kingakati face à ses camarades du Bureau Politique de la Majorité Présidentielle lors d’une réunion attendue et postposée depuis un an au point qu’à l’heure de prendre congé d’eux, Kabila s’applique à les raccompagner, à les saluer au paillasson un au bas. Certes, à la veille de grandes confrontations annoncées, ce cycle électoral à mi-mandat a valeur de test national. Il s’agit de s’assure de l’existence et de la vitalité de «notre grande famille politique».

Tout est dans le casting.
Sur cette réunion, Le Soft International a écrit: «Le bonheur pour le Bureau Politique était de retrouver, un an plus tard, un Chef écoutant ses camarades, remettant en cause certaines assurances, interpellant sur le gap. Pas avant d’avoir fait un long tour d’horizon sur la situation politique et sécuritaire du pays en jetant un regard sur un passé commun glorieux, un présent apostropheur et un horizon difficile à dessiner. D’interpeller tout de go le Bureau Politique. «mais de quoi avez-vous peur? On dirait qu’on a peur des élections. La majorité ne peut pas avoir peur des élections. Ses présidents de partis doivent être en première ligne pour parler élections. Est-ce qu’on est tellement mal organisé?» (Le Soft International, n°1405 daté lundi 21 août 2017).
Une question qui en dit long pour un homme qui, quand il fait mine de poser une question, suggère la réponse dans sa formulation. «Est-ce qu’on est tellement mal organisé?»
Terrible!
Le résultat est là. Terrifiant! La rupture. Le front percé. La débâcle, commente quelqu’un qui observe l’évolution de la psychologie générale et qui cala la Majorité dans un bastion ostensiblement pro-opposition.
La débâcle avant la débandade? Soyons sérieux! Qui joue contre la Majorité? La Majorité elle-même? L’heure du sursaut a sonné...
Il faut certes encore attendre le second tour prévu mardi 29 août pour appréhender l’ampleur d’un glissement de terrain, le bouscueil, qui sonnerait comme une prémisse et juger avec courage les responsabilités.

Ça ne se fabrique pas un leader.
Car il faut bien établir les responsabilités. «à quoi ont servi des missi dominici sans charisme, ne pouvant galvaniser aucune foule», interroge quelqu’un. Mortel! De quel discours (les fameux éléments de langage) étaient-ils porteurs?
Le casting était-il pertinent? étaient-ils capables de développer un discours, d’emporter un soutien? En clair, étaient-ils crédibles? Un leader ça se fabrique un matin bien que la transhumance soit une passion à la MP? Que sont devenus nos gardiens du temple, vieux briscards qui, grâce à une assise populaire, sociologique, une auréole, ont déplacé l’Histoire?
Pourquoi la MP cherche-t-elle à isoler ceux de ses fils qui portent ou savent porter une voix et adoubent ceux dont la venue au Parlement est sujette à caution? Qui ne sait que nombre d’élus ont été désignés par des mentors dont ils disent se détourner? Une armée saurait gagner sans des troupes aguerries et des officiers formés à l’art de la guerre? De ces corps électoraux, les mêmes questions fusent: «C’est qui ce type que la MP a investi pour notre province? La connaît-il d’abord? Qui l’a déjà vu dans notre contrée? Pourquoi l’a-t-on parachuté? Ne serait-ce pas son premier emploi?»
C’est le lieu de rappeler ces phrases sur l’Art de la guerre de Sun Tzu (Sun Wu), ce général chinois, stratège militaire: «Qui ne réfléchit pas et méprise l’ennemi sera vaincu»; «être victorieux dans tous les combats n’est pas le fin du fin; soumettre l’ennemi sans croiser le fer, voilà le fin du fin»; «une armée est victorieuse si elle cherche à vaincre avant de combattre; elle est vaincue si elle cherche à combattre avant de vaincre».
T. Matotu.


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