Habemus Premier ministre
  • jeu, 19/04/2012 - 10:55

LE SOFT INTERNATIONAL N°1163 DATE 19 AVRIL 2012.
Depuis belle lurette, des proches étaient au courant, en tête des membres de famille prudemment priés de n’en tenir informé personne. A Kindu, chef-lieu du Maniema où il est né un 5 juin 1964, la famille savait que le fils, le frère, l’oncle avait à nouveau séduit le Président de la République au point de l’appeler à la plus haute charge gouvernementale. Mais à Kinshasa c’est seulement mercredi 18 avril en début d’après midi que tout s’est emballé: le Président de la République venait de rendre publique la liste du nouveau Bureau politique, l’organe dirigeant de la Majorité Présidentielle - le «Sacré Collège», comme d’aucuns l’appellent affectueusement - et ordre était donné de le faire savoir par lettre et sans délai à la vingtaine de «Cardinaux» «avant 18 heures».

Boulevard du 30-juin, siège du ministère des Finances qui ouvre jusqu’aux petites heures du matin pour rouvrir peu de temps plus tard à 6 heures, heure d’arrivée - qu’il vente, qu’il pleuve, etc. - du ministre Augustin Matata Ponyo Mapon, ordre est donné aux agents et cadres de quitter les lieux plus tôt!
«C’est inhabituel», avoue un proche.
Quelque chose de grand est attendu. Ce n’est plus la fumée noire que l’on percevait depuis plusieurs jours au-dessus de la Capitale, c’est la fumée blanche.
Peu après 20 heures locales, la 1ère chaîne de la Rtnc - la chaîne publique nationale, voie officielle d’annonce de grands événements du pays - profite de l’arrêt à la mi-temps du match de foot en retransmission en direct pour annoncer un urgent - qu’ailleurs on appellerait un breaking news: la nomination d’un Premier ministre. L’ordonnance est lue.
La ville, le pays, le monde sont électrisés. Habemus Premier ministre (Nous avons un Premier ministre). Il a pour nom Augustin Matata Ponyo Mapon.
Désormais, il n’y a plus personne que l’on puisse avoir au bout de fil: ça appelle et ça sonne comme à minuit le jour de la Saint Sylvestre! Tout le monde cherche à passer l’info...
A Kindu où on a suivi la lecture de l’ordonnance en direct que le commun des mortels murmurait, la fête peut commencer. Une double fête: celle du fils, du frère, de l’oncle qui reçoit une si haute promotion. Celle - pour cette province croyante - de l’enfant qui renaît.
Depuis l’accident de mi-février qui avait coûté la vie à l’éminent conseiller du Président de la République, l’Hon. Augustin Katumba Mwanke, qui avait failli emporter Matata, la famille attendait ce moment. Kabila a doublement récompensé le Maniema.
LE SOFT INTERNATIONAL AVAIT VU JUSTE.

Disons-le tout de go: nous le tenions, Le Soft International le tenait son Premier ministre d’après Adolphe Muzitu Fumunji.
Le 23 mars 2012, alors que tout allait et venait, tout était sens dessus, sens dessous, Le Soft International s’est jeté, contraint et forcé par la pression de l’opinion publique nationale, dans l’exercice le plus détestable qui soit à nos yeux tant il est risqué, périlleux et dévastateur pour la réputation mais auquel Le Soft International n’a au fond à ce jour guère échoué: le jeu d’anticipation, de prédiction, le jeu de prophétisation.
Il est vrai que quand l’analyse est bien menée partant d’éléments authentiques et objectifs, il n’y a guère risque de ne pas approcher voire atteindre le but, c’est-à-dire, la vérité.
C’est le poète, écrivain et critique français Nicolas Boileau (1636-1711) qui le dit fort bien: «Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément». Alors, c’est vrai, nous le savions: ce Premier ministre devrait provenir de la Majorité présidentielle, devrait avoir mouillé (c’est impératif) sa chemise pour Kabila, devrait être issu de l’une des cinq provinces électrices de Kabila (les Swing States) - Katanga, Bandundu, Province Orientale, Kivu-Maniema.
Or, le Bandundu après avoir exercé toute une législature durant ne pouvait qu’accepter sa rétrogradation - encore que la province venait d’être élue au perchoir avec la candidature de l’Hon. Aubin Minaku Ndjalandjoku. Or, le Président de la République étant issu du Katanga, le débat restait engagé sur la nécessité de confier les clés de l’immeuble de l’avenue du Roi Baudouin au Katanga quoi que Mobutu l’ait fait trois fois avec Kengo wa Dondo - autres temps autres mœurs. Or, le Maniema était la seule province électrice de Kabila à ne s’être pas retrouvée jeudi 12 avril au bureau de l’Assemblée nationale...
Or, par ces temps de crise financière, le Candidat Premier ministre avait à avoir un plus qui emporte la décision: être issu des milieux de la banque et/ou de la finance...
C’est le cas de l’Italien Mario Monti, un économiste diplômé de l’université Bocconi de Milan, ainsi que de l’université Yale aux États-Unis. Cet ancien recteur de Bocconi a mené des recherches qui l’ont conduit à la définition du modèle Klein-Monti pour la description du comportement des banques en régime de monopole...
Il en est de même du tout récent premier ministre sénégalais Abdoul Mbaye que le tout récent président élu Macky Sall a nommé. Ancien directeur général de la Banque de l’habitat du Sénégal, de la Banque sénégalo-tunisienne et de l’Attijari Bank du Sénégal... Voilà pourquoi sur les six «plus sérieux primaturables», le Soft International a glissé deux noms imparablement clé: le gouverneur Jean-Claude Masangu Mulongo, des années comme patron à la Citi-Congo, 15 ans de banque centrale et le ministre des Finances Augustin Matata Ponyo Mapon, né le 5 juin 1964 à Kindu, Maniema, un ancien de la Banque Centrale, ancien du système financier international au titre de directeur général du BCECO et qui, dans la troïka financière nationale, a conduit la R-dC au Point d’achèvement de l’Initiative PPTE à un moment où on s’attendait à la fois le plus et... paradoxalement le moins. A la demande du Président de la République, le pays venait de se serrer la ceinture des années durant et en était à la célébration du Cinquantenaire de l’Indépendance.
Le Soft International a joué et gagné. Certes, nous avions pris les précautions d’usage en écrivant: «Et si, le jour J, aucun de ces noms n’est cité, vous aurez été prévenu: ceci n’est qu’un jeu même si au pronostic, il nous arrive d’être imbattable...».
Ci-après.
Circulez, il n’y a rien à voir... Depuis des jours, la nervosité est perceptible dans le microcosme politique national.
Tous et chacun font grise mine... «Le Chef a tout verrouillé! Rien ne filtre...», constate un membre du sérail la mine défaite... «Le Chef n’a rien dit! Il ne répond pas aux questions... Quand vous essayez d’effleurer le sujet, il vous prend congé», explique un autre.
Pourtant, plus les jours passent, plus le secret le mieux gardé de la République - le nom du prochain Premier ministre de la République - risque de n’être plus un, simplement parce que la Constitution de la République instaure un calendrier strict. Et le Président de la République est un légaliste.
Joseph Kabila Kabange a juré de veiller et d’observer la Constitution qu’il a promulguée.
En clair, dans un maximum de dix jours, à compter du jour du dépôt à la Cour suprême du projet de règlement intérieur de l’Assemblée nationale, la Chambre basse disposera de son bureau définitif et l’opposition aura deux de ses membres siégeant au perchoir. Certes, le débat est loin d’être tranché. Va-t-elle au perchoir se retrouver parmi les adjoints - adjoint questeur, adjoint rapporteur?
Ou au contraire lever le beau maroquin en réussissant à placer l’un des siens au présidium - l’un des Vice-présidents? Pourquoi pas?
Si le débat fait rage pour l’Exécutif, on oublie qu’il faudra d’abord boucler la boucle: la question du perchoir. Et là, le débat portant sur la candidature du président resterait plein et entier.
On sait le PPRD est dans la course. On sait aussi que le Palu a pris la même course. A qui reviendra le maroquin?
Retour à l’Exécutif. On sait que depuis sa rencontre mardi 20 mars au 1840 du GHK avec l’informateur Charles Mwando Nsimba, le président du Sénat Léon Kengo wa Dondo réclame le droit de faire partie de la Majorité présidentielle!
Du coup, il officialise sa candidature à la Primature! On le savait, on est servi en plein visage! Or, ce poste de Premier, le PPRD souhaiterait l’avoir. En le confiant à qui? Ancien ministre des Affaires étrangères, actuel président du groupe parlementaire PPRD à la Chambre haute, Léonard She Okitundu n’en fait pas mystère. Suivez mon regard! Il faisait partie - logique - de la délégation du PPRD qui a rencontré dimanche 18 mars au 1840 l’Informateur! Restent que nombre d’autres affûtent les armes.
Allez, hop! Allons-nous nous risquer dans le périlleux exercice?
Voici donc les noms de primaturables les plus cités dans la ville haute: en ordre alphabétique, Boshab Mabudj Evariste, Kengo wa Dondo Léon, Koyagialo Louis-Léonce, Lumbi Pierre Okongo, Masangu Mulongo Jean-Claude, Matata Ponyo Mapon Augustin.
Mais aussi l’actuel ministre de la Coopération internationale en charge de la Francophonie, Raymond Tshibanda.
Et si, le jour J, aucun de ces noms n’est cité, vous aurez été prévenu: ceci n’est qu’un jeu même si au pronostic, il nous arrive d’être imbattable...

D. DADEI.
Le Soft International
n°1157 daté 23 mars 2012.

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