A court d’arguments, l’opposition remet le couvert de la révision, sans succès
  • mar, 17/04/2012 - 13:04

LE SOFT INTERNATIONAL N° 1162 DATE 13 AVRIL 2012
En mars 2011, les Députés membres de l’opposition, fort remontés que la majorité ait pu avoir l’idée d’inscrire à l’ordre du jour le débat sur la révision de la Constitution qui ouvrait la voie notamment à une présidentielle à un tour, se rendirent en nombre au marché pour se procurer des sifflets comme on en trouve sur le terrain de foot.
Objectif: jouer au perturbateur de la plénière de la Chambre basse et, du coup, empêcher celle-ci de se tenir...
Face à un président de Chambre basse Evariste Boshab Mabudj décidé d’en découdre, les Députés membres de l’opposition furent dans un premier temps regardés avec tolérance puis, après un repli stratégique - une suspension de séance d’une heure environ -, la majorité mit le turbo et passa à la vitesse supérieure: empêcher qu’un moindre protestataire ne puisse avoir le temps d’approcher l’aire protégée - le plateau réservé au bureau de l’Assemblée nationale et tenir la plénière stratégique...
Réussite sur toute la ligne...
Il s’en trouva pourtant quelques forcenés pour tenter d’approcher l’espace. Ils en furent dégagés sans ménagement aux coups et cris dont... des coups de jambes donnés par des Amazones katangaises qui découragèrent à la simple vue d’un ou de deux muscles généreux...
Après l’application de ce plan B, on assista à ce que la majorité attendait: la sortie de salle de l’opposition...

ILS EN AVAIENT REMIS LE COUVERT.

Jeudi 12 avril 2012, c’est à la même recette que les opposants voulurent inviter la majorité présidentielle.
Contestant à tort deux candidatures de l’opposition - celle de l’ex-Udps Timothée Kombo Nkisi et celle de l’ADR Jean-Pierre Tshimanga Buana (un ancien du MLC) -, des Députés comme eux inscrits sur les bancs de l’opposition avaient voulu tirer profit des voix de la majorité pour conquérir ces deux sièges. Prétexte trouvés: Kombo et Tshimanga ne pouvaient plus revendiquer la qualité de Député d’opposition... Pourquoi? Ancien Délégué de l’Udps pour le Bas-Congo, cet élu de la circonscription de Madimba toujours au Bas-Congo paraît avoir été exclu et même radié de l’Udps pour avoir accepté de siéger à la Chambre basse et,... crime de lèse-majesté, d’en avoir des semaines durant présidé les travaux.
Sans doute! Mais qui donc n’est plus dans cette situation là?
La trentaine de Députés de l’Udps qui ont pris le chemin de l’hémicycle pour jouer le jeu républicain n’ont-ils pas été contraints de remettre leurs cartes de membre de l’Udps? «On ne peut pas siéger au Palais du peuple au même moment qu’on reconnaît la victoire du leader de l’Udps à la dernière élection présidentielle», continue de marteler le conseiller politique de Tshisekedi, Valentin Mubake. Ces Députés - comme ceux qui avaient avec ferveur sur papier soutenu la candidature d’Etienne Tshisekedi à la Présidentielle de novembre dernier - Roger Lumbala, Franck Diongo et... Martin Fayulu, Jean-Claude Vuemba de SET (Soutien à Etienne Tshisekedi) et qui avaient été élus sans doute de ce fait - ne sont-ils pas désormais persona non grata dans les milieux de l’opposition et... «mutakalisables» à Paris et Bruxelles dans les milieux de Bana Congo?
En quoi sont-ils différents aujourd’hui de ceux qui avaient les premiers estimé devoir rejoindre leurs collègues élus de la majorité afin de jouer le jeu républicain?
Les Députés retoqués de l’Udps n’ont-ils pas tous désormais le statut de non-inscrit? Peuvent-ils valablement invoquer leur appartenance à l’Udps?
En réclamant de leurs collègues de la majorité qu’ils leur garantissent les deux postes au bureau de la Chambre basse et n’avalisent pas les deux candidatures de Kombo et de Tshimanga n’était-ce pas anti-démocratique?
Et d’ailleurs, comment avaient-ils conclu, le scrutin n’ayant pas encore commencé, que la majorité voterait et, mieux, toute la majorité, pour ceux des opposants qui avaient tôt décidé de jouer le jeu républicain?
D’aucuns rappellent avec raison que c’est précisément ce système d’attribution d’office de postes au bureau de la Chambre basse que la Cour suprême de justice qui fait office de cour constitutionnelle avait jugé anti-constitutionnel et retoqué le règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Même si la majorité voulait faire plaisir à l’opposition, par quelle magie et au nom de quel principe, la majorité serait-elle parvenue à interdire des candidatures d’autres collègues pour en privilégier d’autres?
Sur cette question précise, on voit que les partis membres de l’opposition avaient bien tort de s’en prendre. La majorité a-t-elle pour mission de «faire plaisir» à l’opposition ou, au contraire, de la combattre loyalement afin de la réduire au plus simple d’elle-même, ce que l’opposition elle-même à son tour, essaie de faire jour après jour en critiquant initiatives et décisions de la majorité?
Annoncée à 13h30’, l’importante plénière de jeudi 12 avril n’a finalement débuté que plus d’une heure plus tard. L’ordre du jour auquel était inscrit le point portant élection du bureau définitif de l’Assemblée nationale venait d’être adopté que l’opposition réclama la parole pour intervenir par motion incidentielle.
Constatant que la parole lui avait été refusée, l’opposition passa à l’application de son plan B: faire le mauvais garçon en donnant un concert de sifflets dans l’hémicycle avant de monter sur l’espace surélevé réservé aux membres du bureau.

JE VOUS DONNE LA PAROLE A CONDITION...

Puis le stratagème qui marche toujours. Devant le concert de sifflets qui règne dans l’hémicycle, Timothée Nkombo use de la stratégie de parent: «Sauf si vous arrêtez votre concert de sifflets, vous n’aurez pas votre motion». Ayant compris la menace, les Députés stoppent le concert. Le Député MLC de Budjala, Sud-Ubangi, Jean-Lucien Bussa Tongba est devant le pupitre et explique les «arrangements intervenus» entre la majorité et l’opposition et supplie la majorité de revenir aux bons sentiments... «républicains».
Devant le refus de voir la motion être examinée, le concert reprend de plus belle. Opposants et majorité sont désormais face à face.
A la majorité de sortir la recette de la révision. C’est-à-dire son plan B. Le bureau suspend la séance, le temps de se concerter, le temps de faire ériger un barrage d’Amazones à l’entrée de l’espace du bureau. Une heure s’écoule et voilà le bureau qui reprend place dans la salle. Et manifestement veut vider à la loyale la motion Jean-Lucien Bussa.
Il met en l’espèce en application le règlement intérieur et demande deux prises de parole de soutien de la motion et deux prises de parole de jet de la motion.
S’il s’en trouve deux pour la rejeter, il ne s’en trouve qu’une pour la soutenir. Le processus de prise de décision ayant été engagé, le président Kombo passe la motion au vote, elle est massivement rejetée.
Le lancement du processus de vote devient inéluctable. C’est à ce moment que l’opposition choisit pour vider la salle...
C’est la situation du débat sur la révision de la Constitution.
La majorité est très vaccinée. Elle compte plus de 350 Députés dans la salle et elle entend aller de l’avant. Timothée Nkombo Kisi lance le vote.
C’est le triomphe pour Aubin Minaku qui n’avait d’ailleurs pas de concurrent à ce poste: 343 Députés pour 349 votants, 3 contre, 3 bulletins nuls.
Sur le même corps électoral, l’ancien ministre de la Défense Charles Mwando Nsimba obtient 324 votes positifs.
Quant à l’opposant Timothée Kombo, il devient 2ème Vice-président de l’Assemblée nationale avec 312 voix sur les 349 députés qui ont pris part au vote. Norbert Ezadri Eguma fait 344, Tshimanga Buana 291 et Kaboyi 328.
ALUNGA MBUWA

LEGENDE :
De g. à dr., Mwando, Minaku, Ezadri, Minembwe.

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