Kabila règle ses comptes
  • sam, 27/01/2018 - 08:25

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
En superforme, la gestuelle appuyée, Kabila règle ses comptes.
Le secret avait été soigneusement gardé… jusqu’à la toute dernière minute ce vendredi 26 janvier, 11 heures. La veille 25 janvier, nul ne savait rien de cet événement. Car c’en fut bien un! Quelques bruits avaient circulé au matin de vendredi faisant état d’un point de presse à la Présidence de la République qui serait animé par le DirCab du Chef de l’Etat, le Professeur Néhémie Mwilanya Wilondja. Mais les habitués arrivés tôt sur les lieux ne se faisaient plus aucun doute…
D’abord, l’apparat! Le Président de la République certes toujours aussi matinal, avait pris tôt ce vendredi possession de ses bureaux. En jetant un coup d’œil dans le patio à l’entrée du Palais de la Nation, on observait des ouvriers pressés s’activant, rangeant des chaises couleur Bordeaux, déroulant le tapis rouge, puis, la chaise surmontée aux armoiries de la République venait prendre place sur une plate forme derrière une table entièrement fleurie et, last but not least, un fond qui ne trompe pas: presidentrdc.cd.
«Tout ce dispositif! Si ce n’est pas le Chef lui-même qui est au centre, c’est signe que c’est nouveau…», murmure prudemment un homme qui se souvient que c’est le 26 janvier. Dix-sept ans depuis la première prestation de serment du Président de la République. Joseph Kabila Kabange a-t-il décidé de marquer spécialement ce moment? Des annonces en vue?
Prévue à 11 heures, c’est 45’ après 11 heures que les haut-parleurs retentissent avec ce solennel «Son Excellence, Monsieur le Président de la République!»
Comme un seul homme, l’assemblée s’est mise debout. Une ovation couvre les rangées de gauche, celles du personnel de la Présidence de la République présent.

EN TRES
GRANDE FORME.

Suivi de son DirCab, Néhémie Mwilanya Wilondja, le Chef de l’Etat, vêtu d’un costume et cravate noire stricts sur chemise blanche, d’un pas assuré, prend place, vérifie, sans perdre une minute, si le micro répond. Puis, la voix mécanique du modérateur - le journaliste maison Jacques Mukaleng Makal - bien connue des téléspectateurs congolais, jaillit. Il invite «très respectueusement le Président de la République de bien vouloir commenter l’actualité…».
L’actualité, s’interroge le Chef de l’Etat, très en forme. «On verra plus tard si actualité à commenter…», ajoute-t-il. Puis de présenter «d’abord ses vœux» à la presse. «Nous sommes encore en janvier, période des vœux». En effet…
Ce n’est pas en soi une conférence de presse, ajoute-t-il. Disons une «conversation avec le Président». La toute dernière rencontre remonte à janvier 2012. Cinq ans que Kabila ne s’était pas prêté à pareil exercice…
Toujours critiqué pour sa parole trop absente, trop mystérieuse t pas toujours sans raison dans ce monde où tout est communication, le Président est celui qui a le plus assimilé les bienfaits du silence. Au fond, si la parole est d’argent, le silence n’est-il pas d’or? «Le silence c’est la réponse des sages» (Euripide); il «renferme toutes les vérités; la parole porte tous les mensonges» (Ferron); «manier le silence est plus difficile que manier la parole» (Clemenceau); «le silence fait plus peur que les cris» (Cocteau); «apprend à faire silence. Que ton esprit en paix écoute et absorbe» (Pythagore); «le silence est l’un des arguments les plus difficiles à réfuter» (Billings); «Dieu est l’ami du silence. Les arbres, les fleurs et l’herbe poussent en silence. Regarde les étoiles, la lune et le soleil, comment ils meuvent silencieusement» (Mère Teresa); «par le silence, on atteint ses demeures. Mais celui qui prend, celui qui donne perd ses demeures» (Lie-Tzu); «seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse» (Alfred de Vigny); «parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence» (Euripide, 480 avant J-C); «le silence est un ami qui ne trahit jamais» (Confucius, 551 ans avant J-C).

17 ANS, JOUR POUR JOUR.
«Aujourd’hui, cela fait exactement 17 ans, jour pour jour, après ma première prestation de serment. Ici même». Le Président jette un regard à la grande baie vitrée, vers ce jardin vert qui longe le majestueux fleuve, qui le vit monter sur le trône au lendemain de l’assassinat de son père, Laurent-Désiré Kabila, le 16 janvier 2001, «dans son bureau», précise le Chef de l’Etat. De dire le sens de sa démarche d’aujourd’hui - cette «conversation avec le Président»: «clarifier la situation, informer l’opinion, corriger et certainement rassurer notre population».
D’entrée de jeu, il décoche ses premières flèches en direction des médias dont clairement il abhorre les productions même s’il ne le dit pas. C’est Kabila. Il agit avec des mots qu’il utilise à dose homéopathique. Ceux qui le connaissent l’attestent. Quand il attaque, il rate peu sa proie... Si la politique s’apparente au théâtre, seule l’efficacité compte plutôt que le spectacle...
«Depuis plusieurs années, on vous a tout dit. Sauf la vérité. On vous a dit tout ce qui est négatif. Jamais ce qui est positif sur notre pays. Je vais vous donner ma lecture».
En clair: sur le Congo, la presse écrit n’importe quoi.
Puis, de décliner le plan de sa présentation: les questions de sécurité, les questions politiques, le processus électoral, nos relations avec nos voisins, nos relations avec nos partenaires, la MONUSCO, la situation économique et sociale du pays, les questions de reconstruction. Puis, à la fin, un «petit jeu de questions réponses».
Pendant 1h 35’, de 11h45’ à 13h20’, le Chef de l’Etat assis, visiblement en super forme, devant une dizaine de caméras des télés nationales et étrangères qui le braquent, parle sans s’arrêter, sans avaler la moindre goutte d’eau, la gestuelle appuyée. Maîtrisant parfaitement son sujet, il s’adresse, les yeux bien droits vers la cinquantaine de journalistes, jette de temps en temps un regard sur une note disposée sur sa table.

D’UN COUP, IL
A REGLE LA QUESTION…

Quand il ouvre sa séance de questions-réponses, la question que chaque journaliste aurait certainement voulu poser - tellement influencé par certaines chancelleries qui tiennent en laisse des opposants congolais, le fameux CLC, l’Eglise catholique, est celle en lien avec sa candidature ou non à la présidentielle. Elle est déclinée par la journaliste de Rfi, basée à Kinshasa: «Serez-vous candidat Président de la République?»
Gros rire du Président de la République qui se reprend aussitôt.
«Quelqu’un a-t-il ici une copie de la Constitution? Si on peut remettre ça à ma jeune sœur», réserve-t-il pour toute réponse. Mortel!
Quelqu’un accourt, apporte une copie de la Constitution aussitôt remise à la journaliste…
Incroyable! La journaliste française mise KO subit debout, ne relance plus sa question. Elle en avait assez comme ça reçu pour la journée!
Ces médias doivent être tristes. Pour la énième fois, elles n’obtiendront rien, sur ce sujet, du Chef de l’Etat qui d’un coup, a réglé définitivement la question… Ces chancelleries qui tiennent en laisse des opposants congolais et tous les autres, en ont pour leur compte...
Sur le même registre, une question sur le referendum, posée par le représentant de l’Afp. Réponse quasi identique: «La CENI a publié un calendrier électoral. Je n’ai vu nulle part le référendum! Quelqu’un dans la salle dispose-t-il d’une copie du calendrier électoral de la CENI?»
A nouveau, un homme accourt, apporte une copie du texte de la CENI, la Commission Electorale Nationale Indépendante, remis aussitôt au journaliste qui ne reviendra plus à la charge.
Autre question d’un journaliste (congolais, cette fois) sur ce qui serait sa «plus grande réussite et son gros échec». La plus grande réussite? La réunification du pays. L’échec reste et restera le fait de n’avoir pas réussi à ce jour à transformer le mental de l’homme congolais.
Question: «N’est-il pas isolé?» Quand le journaliste congolais annonce une deuxième question, le Président l’interrompt, net: «Je ne suis pas isolé. Je préfère vous dire tout de suite. Posez maintenant la deuxième question…».
Une question sur la Belgique. Pourquoi tant de susceptibilité quand il s’agit de la Belgique. Depuis Mobutu… Le Président choisit d’ignorer une histoire particulière bien tumultueuse des relations entre le Congo et son ex-puissance coloniale. Il préfère une note d’humour: «Ils ont pris une décision. Nous, on a pris une décision en réaction. Cela s’appelle de la réciprocité». Puis: «Nous, on a pris le temps de la réflexion. Nous les appelons les Nokos, oncles, je crois. Nous serions leurs neveux! Nous sommes plutôt des cousins», recadre-t-il.
Puis, plus sérieux: «Les responsables belges doivent comprendre que le Congo n’est plus une colonie».
Sur les marches des opposants toujours interdites à Kinshasa alors qu’elles se déroulent plutôt pacifiquement dans d’autres villes du pays, le Président se félicite que cela se passe ainsi dans ces villes de l’arrière-pays. «Mais, je ne suis pas contre les marches si elles sont pacifiques. Je ne serai jamais contre les manifestations pacifiques. Mais si l’objectif est de tuer des policiers, d’incendier le parlement! Au fait, l’objectif de ces marches est-il en phase avec la démocratie? Savez-vous ce qu’il y a eu dans cette ville un 19 septembre…?»
Plus aucun journaliste ne réclamant plus la parole, quand arrive la fin de la conférence, le Président pas du tout mécontent de prolonger cette rencontre avec ces hommes des médias, glisse pour la deuxième fois. Au journaliste maison qui annonce la clôture, le Président se surprend qu’il n’ait pas posé la mère des questions. «Vous, vous êtes journaliste… comment on dit encore?». L’assemblée a compris, répond en chœur: «Journaliste médiocre»! La salle s’esclaffe de rires.
Médiocre, le mot prononcé par le Cardinal Laurent Monsengwo en colère au lendemain de sa marche interdite du 31 décembre 2017 pour qualifier le pouvoir congolais. Le Président de la République a préféré tourner en dérision ce mot qui fait le buzz des opposants sur les médias et les réseaux sociaux...
LA question est celle portant sur sa richesse supposée et celle de sa famille biologique. Il explique qu’aucun des membres de sa famille n’occupe une fonction dans le moindre appareil de l’Etat mais que cela n’empêche personne de se lancer dans le secteur des affaires…
L’exposé du Président de la République est un vrai recadrage politique. Certains y verront un règlement des comptes… Certainement une petite leçon administrée à ces médias prompts à tout noircir tout du Congo, qui vont devoir revoir leurs copies…
Mais quand il accède au pouvoir dix jours après l’assassinat de son père, comme le Président le dit, de quel pays hérite-t-il? En quelques mots, il peint le tableau: le Congo en pleine guerre. Le Congo divisé. Le Congo devenu un Far-West. Avec des zones de non droit. Le Dialogue en panne avec les rébellions. Aucune perspective. Au plan économique, aucun cadre macro-économique, tous les indicateurs au rouge. Taux de croissance négatif. Une dette de 14 milliards US$ que Laurent-Désiré Kabila n’a pas contractée mais à payer. Une «catastrophe».
L’alors jeune Président de la République s’emploie à «identifier les priorités, disons les priorités des priorités»: réunification du pays, pacification, relance du processus de négociation qui le conduira au Dialogue inter-congolais de Sun City en réactivant l’ancien président bostwanais Sir Ketumile Masire, stabilisation du cadre macro-économique. Et, après, les élections…
Puis il dresse un bilan sommaire forcément de son action - «sinon on resterait ici des heures encore»: pays réunifié, cadre macro-économique en cours, politique volontariste engagé dans la reconstruction du pays par les grands travaux… «Voilà d’où nous venons. Et, depuis 2001, où nous sommes aujourd’hui!».
Sur les 26 provinces du pays, il n’y a que «deux provinces dont je peux qualifier la situation d’inquiétante». Le Nord Kivu et le Sud Kivu.
Sur les 145 territoires que compte le pays, 5 à 6 territoires sont affectés par l’insécurité créée par des rebelles et des groupes armés terroristes étrangers dont ceux venus de l’Ouganda - ADF-NALU radicalisés au Nord-Kivu installés dans le massif de Ruwenzori - mais aussi les FDLR et les Maï Maï alliés à des rebelles burundais.
Mais «le début de notre cauchemar», explique le Président, commence avec l’arrivée des réfugiés hutus rwandais (2 à 3 millions au total) qui déboulent au Congo, sous Mobutu, et pas seulement avec leurs bagages mais aussi avec des kalachnikov. Des chiffres glacent le sang: en 2005, après la réunification du pays, 300.000 hommes sont identifiés, issus des mouvements rebelles, RCD et MLC. L’année suivante, en 2006, plus de 100.000 ont été démobilisés. Objectif: reconstruire une armée nationale républicaine.
Puis d’annoncer des opérations militaires en cours des FARDC au Nord-Kivu, à Beni-Butembo mais aussi au Sud-Kivu. Objectif: «éradiquer cette insécurité».
Le Kasaï. Avec le phénomène Kamwena Nsapu déclaré mouvement terroriste… «Si cette conférence de presse avait lieu il y a 7 ou 8 mois, explique le Président, j’aurais évoquer le Kasaï. Mais, depuis mois, nous avons mis fin à cette situation tragique, des actes posés contre des paisibles citoyens, contre les symboles de l’Etat, contre les édifices publics.
Mais ce conflit remonte à 1959, «à l’époque… du Congo Belge», souligne le Chef de l’Etat. Il se reproduit en 1961. «Même modus operandi. Même massacre». Quand le Président s’étonne d’une telle cruauté se produisant au Congo, l’actuel président du Sénat Léon Kengo wa Dondo comme des chefs coutumiers à Kananga, reconnaissent un «phénomène ancien, qui fait résurgence du fait de l’impunité». Ni en 1959, ni en 1961, la question n’avait été réglée. «Ils s’étaient contentés de réconcilier les tribus rivales le long du lac Mukamba». C’est donc l’impunité qui a poussé ces gens à massacrer d’autres, croyant que cette fois encore, l’Etat saurait tolérer. «Non, cette fois, c’est la justice. Les sanctions seront exemplaires», prévient-il faisant allusion au procès ouvert à la garnison militaire. Et, de s’en prendre aux «leaders politiques», aux «leaders au sein de nos Eglises».
Hormis les coupeurs des routes qui hantent des nuits, le Kasaï est pacifié à 85%. «Les compatriotes réfugiés en Angola sont de retour. L’objectif c’est gagner la guerre mais surtout gagner la paix. Et pour cela, le pays a besoin de tout le monde. La Nation toute entière».
Vient la situation politique et électorale. Nouvelle salve d’artillerie lourde: «Au cas où vous l’auriez oublié, je suis le seul à avoir battu campagne pour l’adoption de cette Constitution dont tout le monde se réclame désormais. Le seul! Les autres avaient boycotté cette Constitution! Alors que je me trouvais dans la brousse, eux, étaient restés à Kinshasa, dans des bistrots ou dans des ambassades. Quand je les vois aujourd’hui défendre cette Constitution qu’ils avaient rejetée, j’éclate de rires. Eux, qui avaient déclaré qu’au lendemain de la mise en place des nouvelles Institutions issues de cette Constitution, leur première mission consisterait à l’abolir! Parmi eux, l’Eglise catholique. Qu’est-ce qu’ils peuvent avoir la mémoire courte. C’est quand même grave leur capacité de se dédire! Moi, je suis resté constant. Cette Constitution est ma Constitution. La démocratie est, pour nous, une foi politique et idéologique. La démocratie c’est par conviction. Nous n’y sommes pas par contrainte».
Plus virulent encore. Cette fois à l’égard de la Belgique. «Qui a tué la démocratie dans ce pays en 1960? Six mois après son élection, on a assassiné le Premier ministre. On a tué un homme et, du coup, on a mit fin à la démocratie. Qui a restauré la démocratie? Qui a rendu effective cette démocratie?» On connaît tous la réponse…
«Ceux qui ont tué la démocratie au Congo (en installant la dictature de Mobutu que le Président ne nommera pas) devraient être plus humbles plutôt que d’être des donneurs de leçons!»
Puis, «le Congo n’est pas complexé quant au niveau atteint par sa démocratie». Tel le secteur de la presse. «Quel pays dans la sous-région a un tel nombre de médias que le Congo? Des médias qui insultent tant à longueur de journée sans être inquiétés. Quel pays a autant de partis politiques? Citez-moi un seul pays parmi nos neuf voisins?».
Sur la presse, il préfère en rire. «Cette presse qui se dit, un matin: «qui donc vais-je injurier aujourd’hui? Hier, j’ai injurié celui-là. A qui le tour? Aujourd’hui c’est Kabila!»
Puis de faire état des questions que lui posent ses collègues de la sous-région inquiets de la situation «démocratique» au Congo, pays où les hommes politiques «déclarent n’importent quoi, matin, midi, soir, sans être inquiétés!».

UN AUTRE
KABILA INSOUPÇONNE.

Sur les élections, le Président étale des chiffres: 2006, 26 millions d’enrôlés; US$ 350 millions de budget financé par les partenaires, expérience globalement réussie mais contestation des perdants; 2011: 32 millions d’enrôlés, US$ 500 millions de budget financé par le Congo lui-même. Mais trois semaines semaines avant le vote, des diplomates viennent rencontrer le Président de la République en pleine campagne électorale, réclament le report des élections. Kabila refuse. Réaction: la MONUSCO retire à la CENI son appui logistique crucial! Le Congo se débrouillera comme il peut, avec des avions loués à prix d’or car à la toute dernière minute. «Cette élection a eu lieu contre la volonté de la soit-disant Communauté internationale». De rappeler que le premier président de la CEI fut un abbé catholique; celui qui lui succède un pasteur d’Eglise protestante. Ces présidents sont élus par les confessions religieuses. De préciser qu’en 2006 c’est comme en 2011, l’Eglise a rejeté les résultats des élections. Mais «Jésus-Christ n’a jamais présidé une Commission électorale! La Bible dit: A César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu».
Enfin, ce troisième cycle électoral engagé. Que faire? S’interroge le Président. Il explique le report - les millions de US$ de la CENI affectés à la reconquête de la ville de Goma alors attaquée par le M23 et le Président dit ne pas avoir eu à regretter cette décision - expliquant en même temps la nécessité de mieux préparer ces élections. Il félicite la CENI pour les performances réalisées (46 millions d’enrôlés quand l’Angola compte 20 millions, le Congo-Brazzaville 2,2 millions, le Gabon 500.000, le Kenya 4 millions). Mais s’interroge sur le coût des élections au Congo: US$ 1,2 milliard face à un budget de l’Etat, de US$ 6 à 7 milliard. Les élections ne retardent-elles pas le développement? «Il nous faut prendre des décisions. Le débat doit être lancé, tôt ou tard». Puis de s’en prendre à un «homme de Dieu» dont il ne cite pas le nom. Tous ont compris. Ils savent de qui il s’agit… Qui s’oppose à tout, mais propose zéro sauf «le vide, l’inconnu, sans base juridique».
«Est-ce qu’on peut améliorer ce processus? Peut-être. La porte n’est pas fermée. S’il y a des savants, des êtres très intelligents - quand d’autres sont certainement des «médiocres» à en croire le Cardinal, la porte est ouverte. Mais des propositions farfelues pour décaler le processus, c’est inadmissible».
Sur nos neuf voisins, il n’y a rien à dire, en dépit de ce qui peut s’écrire dans le Congo bashing. Sur les partenaires, tout va bien «sauf quelques exceptions». Et là, aussi, on sait de quel pays il s’agit. Les journalistes ont compris!
De poursuivre, ferme: «Le Congo refuse le diktat. Le Congo tient à se faire respecter. Même si vous donnez à manger à quelqu’un, ce dernier a doit au respect. Or, personne ne nous donne, nous Congo, à manger. Le Congo refuse que l’aide serve de moyen de subordination. Le Congo, mon pays, n’est pas à vendre. Nous refusons que les responsables congolais soient nommés par nos partenaires. Qu’est-ce qu’on peut encore donner au Congo, aux Congolais que nous n’avons pas? Le Congo n’a besoin que de respect».
Puis, la MONUSCO, elle qui s’imagine qu’elle est au Congo pour s’éterniser, se mêle de tout. Le Congo «va réclamer le respect strict de l’accord de siège», cette MONUSCO qui n’a jamais réussi à éradiquer un seul groupe armé, malgré ses 20.000 hommes présents. Incapable de voir la réalité en face, mais ne l’admet qu’après coup. Ainsi, regrette-t-on, cette mort par «décapitation de la manière la plus atroce» de ses envoyés à Kananga sans la moindre coordination avec les autorités du pays.
Quand on l’interroge sur la décrispation - qui sous-entend la libération des prisonniers, dossier à la base des marches du CLC, le Conseil Laïc de Coordination -, il explique que le processus est en cours et fait confiance au CNSA, le Conseil national de suivi de l’Accord. Une conférence - «conversation avec le Président» - qui fera date. Tellement, usant souvent de l’humour, le Chef de l’Etat a éventré des boas. Tels les évêques de la CENI. Quand ils le rencontrent et lui offrent leur médiation, ils promettent le miracle.
«Laisez-nous régler la question en trois jours!», lui disent-ils. Le Président de la République croit rêver. Mais veut croire. Il les investit. Ils mettront des mois, sans parvenir à «régler la question». Quand ils le revoient et déposent leur rapport, ils disent avoir fait les 95 ou 98%. Le reste, le Président peut régler à son niveau. C’est désormais autre chose que l’on entend.
Nul doute, toute honte bue, la presse étrangère qui rencontrait pour la toute première fois Kabila, peut l’avouer: c’est un autre Kabila qu’ils ont rencontré ce vendredi 26 janvier 2018. Insoupçonné! Sans nul doute... Ce n’est sûrement pas celui décrit dans leurs manuels scolaires par leurs experts ès Congo... C’est à cela que servent ces grands oraux. Ces grandes prestations de nos Dirigeants. Jouer la carte de l’image. De la crédibilité. Exercice réussi de la plus belle manière par Kabila.
D. DADEI.


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