Convoqué au parquet financier de Matete, le D-G de la RVA va s’expliquer sur 50 millions de $US iretraçables
  • lun, 24/08/2020 - 17:49

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1496|LUNDI 24 AOUT 2020.

Il a été le seul, à la surprise générale, à être reconduit mercredi 10 juin 2020 à son poste de Directeur Général de service ou d’entreprise publique lors de la lecture sur les antennes de la télévision publique Rtnc d’une série d’ordonnances que venait de rendre publique le cabinet du Président de la République.

Le FCC Abdoullah Bilenge venait cependant, lors de ces ordonnances, de perdre son président du Conseil d’administration, l’ancien ministre de la Communication et des Médias dans un Gouvernement Gizenga, passé ministre d’État à la Reconstruction sous Adophe Muzito, le professeur de sociologie FCC-PPRD Émile Bongeli Yeikeo Ya Ato remplacé par l’ancien ministre FCC-AAB Bienvenu Liyota Ndjoli. Abdoulah Bilenge avait désormais comme directeur général adjoint un membre du CACH-UDPS William Pambu Pambu. Cela n’en reste pas moins un vrai exploit !

SOUTIENS POLITIQUES.
Un mois plus tôt, lundi 4 mai, lors d’un conseil des ministres, le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo avait en effet instruit le Vice-premier ministre en charge de la Justice de diligenter une enquête judiciaire sur la RVA, la Régie de Voies Aériennes, soupçonnée de mégestion dès lors qu’elle n’avait su verser des salaires d’avril de son personnel sous prétexte des effets de la pandémie de Covid-19 invoquant un manque à gagner réalisé pour les mois de mars et avril de 23.215.764 $US.

Comment expliquer cette reconduction sinon par d’importants soutiens dont tire profit ce Directeur général qui a accédé à la fonction de façon pour le moins trouble en 2015 de par la volonté de la ministre du Portefeuille de l’époque, autorité de tutelle, l’actuelle présidente de l’Assemblée nationale Mme Jeanine Mabunda Lioko après la révocation du D-G franco-libanais Jean Asisse dont il fut un simple assistant et dont le départ fut justifié par la fin du contrat ADPI/KPMG qui liait l’Aéroport de Paris International avec la RVA?

Mais voilà que la justice rattrape le D-G Bilenge convoqué, selon des informations des sources judiciaires, lundi 24 août par le Parquet Général près la Cour d’Appel de Kinshasa-Matete. La justice plonge présentement dans un lourd dossier en rapport avec des faits de détournement des deniers publics en lien avec la législation sur les marchés publics. Il s’agit des dépenses qualifiées «d’exorbitantes» réalisées à la Régie des Voies Aériennes par son Directeur général. Selon des documents que le Soft international a pu compiler, les détournements porteraient sur une somme de près de 50 millions de $US allant des années 2014 à 2018.

DEUX VOIRE TROIS FOIS.
Ils vont des travaux de renforcement des pistes et de réfection du balisage aux travaux de taxiway et drainage des pistes ou d’installation de matériels. D’autres portent sur l’acquisition des mobiliers, des bus passagers COBUS où d’aménagement des parkings des aéroports ou de lutte anti-érosives.
Quatre des plus gros marchés dans lesquels la direction de la RVA se serait compromise portent le premier sur la construction de la nouvelle aérogare de Kinshasa-N’Djili conclu en 2018 pour 20 millions de $US, l’autre sur près de 6,8 millions de $US gagné par la firme Studi portant sur la surveillance et le contrôle des travaux de cette aérogare tout comme un autre portant sur 6,7 millions de $US portant sur des travaux de réhabilitation et de modernisation de l’aéroport de Kisangani.

Les deux autres portent, l’un sur près de 4 millions de $US, marché portant sur des travaux de taxiway et de drainage de l’aéroport de Goma, l’autre l’installation d’une scolarisation de 2,3 millions de $US. Tous ces marchés ont été passés de gré à gré sans suivre la procédure légale de passation des marchés publics dans le pays.
Des compagnies telles que Safricas, Salvador, Malta Forest, Sapsana AB, Ngase, Studi ou l’Office des Routes, etc., sont recensés parmi de nombreuses autres des plus connues et des moins connues ayant tiré profit de ces procédures qui ont cours à la RVA.

Selon des milieux judiciaires, il est reproché à Bilenge des «faits graves et répétitifs de mégestion sous forme de double voire de triple paiement des travaux qui sont soit fictifs soit surfacturés passés de gré à gré et sans avis préalable de la Direction Générale de Contrôle des Marchés Publics, actes de prévarication consommés dans la période allant de 2014 à 2019».

Pour l’essentiel, il s’agit des cas portant sur des marchés des aéroports de Kindu, de Mbuji Mayi et de N’Djili. C’est le cas du projet de construction de la nouvelle aérogare de Kinshasa-N’Djili dont la première pierre fut posée avec pompe le 2 mai 2018 par le président de la République d’alors Joseph Kabila Kabange en plein dans le débat électoral (présidentiel et législatif) mais qui n’a jamais connu aucune suite.

Évalués à 364,9 millions de $US pour un contrat d’une durée de 36 mois signé entre la Régie des voies aériennes et le groupe chinois WIETC, Weihai International Economic and Technical Coopérative et financé conjointement par Exim Bank of China (60%) et le Congo (40%), les travaux de cette aérogare comprenaient plusieurs ouvrages dont une nouvelle aérogare d’une superficie de 40 617 m2 comptant un rez-de-chaussée pour les arrivées, une mezzanine pour les transits et un niveau supérieur pour les départs.

Le bâtiment devrait disposer des comptoirs d’enregistrement, des salles de bagages arrivée et départ, des appartements, des espaces publics, des galeries marchandes, etc. Il était en outre prévu 74.517 m2 de nouveaux tarmacs connectés à l’aérogare par des sas d’une capacité d’accueil simultané de dix aéronefs, un parking à véhicules de 1.200 places avec fontaine, ainsi que le prolongement des taxiways parallèles et des bretelles de 68.891 m2.

20 MILLIONS DECAISSES.
Les travaux prévoyaient l’installation d’outils informatiques modernes d’exploitation et de télésurveillance des installations et alentours, une déviation du boulevard Lumumba sur 5 km, ainsi que la formation du personnel destiné à exploiter les futures installations. Une fois achevée, cette aérogare permettra de répondre aux besoins de flux annuel des trafics d’aéronefs et de passagers, estimé à 3 millions. Qu’a-t-on fait des 20 millions de $US décaissés par le Trésor public?
D. DADEI.


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