Meurtri et martial, le Chef de l’État n’avait paru aussi combatif
  • lun, 17/12/2012 - 20:17

C’est un Chef de l’État meurtri mais engagé qui est apparu aux parlementaires ainsi qu’aux plus hauts dignitaires du pays samedi 15 décembre à la clôture de la session de septembre et qui coïncidait avec le discours sur l’état de la Nation du Chef de l’État.

Costume noir, cravate noire assortie à une chemise blanche, le Chef de l’État a prononcé un discours de circonstance - 30 minutes chrono - le temps qu’imposait l’état de guerre que vit cruellement le pays.

Discours digne et en acte de foi fort: «N’en déplaise aux prophètes de malheur qui projettent le démembrement de notre pays, la République Démocratique du Congo est et restera
toujours un État de droit, indépendant, souverain, uni et indivisible».

D’entrée de jeu, le Président de la République a mis tout le monde d’accord en qualifiant ce conflit du M23 de «guerre d’agression de la part du Rwanda», sur laquelle «tout a été dit».

Puis: «Des preuves suffisamment documentées sont fournies aussi bien par nos services spécialisés que par différents rapports des Nations Unies». Sur «la nature» du M23, de ses dirigeants, de ses motivations et de ses projets, «la vérité est connue de tous. Au pays, dans la Région, comme partout ailleurs dans le monde».

Martial, le Président pose le cadre: «J’aurais bien voulu me livrer à cet exercice - le discours annuel sur l’état de la Nation - dans une ambiance de paix et de sécurité sur l’ensemble du territoire et passer en revue les activités menées dans tous les secteurs de la vie nationale. Mais notre pays traverse des moments difficiles. Une fois de plus, une guerre injuste nous est imposée».

Sans la moindre petite feinte, il enchaîne: «Nous avons, il y a peu, perdu une bataille».

Mais c’est loin d’être une fatalité. «Le plus important c’est de se ressaisir et de se donner les moyens de se projeter positivement dans l’avenir. C’est dire que nous ne ménagerons aucun effort pour reconquérir les territoires occupés».

La Monusco est traitée, elle qui doit réaménager et renforcer son mandat.

«En dépit de certaines réalisations communes indiscutables, telles que la réunification du pays depuis 2003 et l’accompagnement dans le processus démocratique en cours dans notre pays, (la Monusco) a donné la preuve, une fois de plus, des limites de l’approche de son action dans notre pays. D’où une profonde frustration du Gouvernement et de la population congolaise. Au départ force d’observation, ensuite devenue une force de maintien de la paix avec pour mission particulière de protéger la population, ses résultats demeurent jusqu’ici mitigés».

SÉVÈRE MISE EN GARDE.

Puis, de cette «guerre dont les véritables concepteurs et commanditaires sont aussi insaisissables que le sont leurs motivations profondes, sujets tabous, parce qu’inavouables»
(...). Un conflit au départ «mutinerie (qui) s’est ensuite muée en une rébellion, aux motivations fluctuantes et élastiques, variant en fonction des alliances et des circonstances».

S’il s’agit d’un accord - celui du 23 mars qui serait contesté signé par une trentaine de groupes armés -, le Chef de l’État en fait sa juste lecture:
«Aujourd’hui, l’accord n’est contesté que par un seul d’entre eux, et en fait par quelques-uns d’entre eux».

Puis, déterminé comme jamais et martial, il invoque le sacrifice suprême.

«Rien, aucune souffrance, aucune privation, aucune adversité ne fera fléchir notre détermination à défendre l’intégrité territoriale, à préserver l’unité et la cohésion nationales (...). Apprêtons-nous à défendre notre mère patrie jusqu’au sacrifice suprême. Nos efforts vont se poursuivre sans relâche jusqu’à la victoire et à une paix définitive et durable pour nous-mêmes et pour la région (...). Désormais, au-delà de toutes nos actions pour le développement, notre priorité sera la défense de la patrie».
Puis de justifier cette option: «sans la paix, sans la sécurité, tout effort de développement n’est qu’illusion».

«Après toutes les expériences vécues», le constat est clair: «l’attitude et les agissements de ceux qui nous font la guerre de manière récurrente, prouvent que seule une armée républicaine forte nous permettra de garder notre dignité et de sauvegarder l’intégrité territoriale de notre pays. Désormais, au-delà de toutes nos actions pour le développement, notre priorité sera la défense de la patrie. La défense, rien que la défense, avec une armée dissuasive. Une armée nationale, apolitique et professionnelle. Bref, une armée qui rassure notre peuple dans toute sa diversité; une armée dont notre peuple sera fier, et qu’il soutiendra en tous temps et en toutes circonstances. C’est ici, pour Moi, l’occasion de lancer un appel à la Nation toute entière pour que, désormais, elle s’approprie l’enjeu de la défense nationale».

En direction de ceux des Congolais qui seraient tentés par des actes de facilité, le Chef de l’État lance une mise en garde:
«Ne tombons pas dans le piège de la stigmatisation, quelle qu’elle soit: ethnique ou communautaire, régionale ou politique».

Puis: «Il n’y a pas une République pour la Majorité et une autre pour l’Opposition. Nous n’avons qu’une seule République: la République Démocratique du Congo».

De faire encore mieux preuve de hauteur et de vision: «Pour nous affaiblir, la guerre nous a été imposée à nouveau. Il nous incombe, en tant que Nation, de la transformer en opportunités. Opportunité de raffermir encore davantage notre volonté de vivre ensemble en tant que Congolais, convaincus d’être unis par le sort, et délibérément unis dans l’effort, pour bâtir un pays toujours plus beau, et préserver à jamais, notre indépendance, et notre souveraineté. Opportunité de jeter les bases qui permettent à notre pays de devenir, à tous égards, une véritable puissance, ultime assurance contre tout projet diabolique, garantie de la sécurité des Congolais et de leurs biens, de la paix sociale et de la stabilité nationale et régionale. Il est important, au sortir de cette guerre, par les décisions que nous prendrons et les réformes que nous poursuivrons, par l’unité de volonté et d’action dont notre peuple fera la démonstration, que notre message aux ennemis de notre pays soit clair et sans équivoque, à savoir: toute nouvelle tentative d’agression sera suicidaire».
Avec cette mise en garde, le Président prend date avec l’histoire.

«Pour y parvenir, la cohésion nationale est plus que nécessaire. Elle requiert que nous oubliions nos divergences pour nous retrouver autour de ce qui nous est le plus cher à tous: le Congo. Cette cohésion ne peut souffrir d’aucune conditionnalité. Elle se réalisera dans un cadre approprié et ouvert à toutes les forces politiques et sociales du pays».

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