Majorité battre le rappel des troupes
  • lun, 17/02/2014 - 03:16

A en croire nombre de cénacles, il est minuit moins...

Dans nombre de cénacles, ces dernières semaines, on entend de plus en plus dire: «il est minuit moins...». Pour certains, la situation s’accélère irrémédiablement… Le contexte pré-électoral paraît avoir été déclenché par l’opposition. Avant l’heure...

Il est vrai que Sarkozy y pensait depuis... vingt ans et chaque matin devant son miroir quand il se rasait, il s’y voyait Président de la République! Il y est parvenu…
Hollande mêmement. Secrétaire général du Parti socialiste, confiné à ce poste par Mitterrand quand le Président appelait aux affaires sa compagne - ex, aujourd’hui - Ségolène Royal, interdit de poste d’Etat, il ne pensait qu’à ça même s’il fut contraint, l’occasion s’étant présentée, de passer son tour à sa… compagne - par stratégie ou parce qu’elle avait mieux mobilisé que lui.
Au Congo, trois personnes ne pensent qu’à ça (il y en d’autres bien entendu).
Tshisekedi, trop vieux désormais, trop détesté et décroché dans les chancelleries en Afrique et dans le monde. Il a mangé son pain blanc. Sauf événement improbable, tournons la page!
 Kamerhe Lwa-Kanyiginyi sans aucun doute! L’ancien secrétaire général du parti présidentiel PPRD qui eut la chance, grâce à une logistique colossale mobilisée par Kabila candidat à sa propre succession, de parcourir le pays à travers sentiers et escarpements, par avion ou par speed boat. Il en a tiré une expérience sinon des hommes, du moins de terrain qu’il caresse de mettre à son propre service désormais. La politique est un exercice d’endurance et une course de fond. Kamerhe a la jeunesse et les Kivu. Il voyage beaucoup en Afrique et en Occident, voit du monde, noue des liens. Il se prépare. Son modèle fut longtemps Sarkozy. Mais sans une part importante du pays qui lui tourne(ra) le dos, il est peu probable qu’il gagne...

Revoici
Léon Kengo wa dondo.

Le troisième homme est Kengo. L’homme qui répète sans cesse comme tout récemment devant son hémicycle qu’il gère à la perfection et tout acquis à sa cause, devant la Nation qui le suivait à la télévision à la veille de la clôture de la session extraordinaire de janvier-février 2014: «Il n’y a pas de citadelle imprenable; il n’y a que de citadelles mal attaquées qui sont imprenables».
Message sans frais à qui veut entendre.
Dans la bouche de cet homme, chaque mot a été pesé. Rien ne sort au hasard. «Attaque» est le mot principal. Kengo n’a jamais attaqué qu’après avoir mûrement observé sa proie et réfléchi.
On lui doit cette phrase prononcée alors qu’il endurait son exil ucclois, en Belgique: «Dans la stratégie de combat, il y a l’occasion et l’opportunité. Les mal inspirés sont ceux qui confondent les deux».
L’occasion n’est pas l’opportunité. L’occasion peut se présenter et elle se présente souvent, mais l’opportunité et rarissime.
Le lion dans la jungle n’attaque que quand il a faim. Le reste du temps, il peut se mélanger aux gnous. Il ne fera mal à aucune bête.
Le lion sait mesurer ses forces. Il ne s’épuisera jamais à s’en prendre à plus fort que lui, à un éléphant par exemple, se déplaçant souverainement.
Cela ne l’empêchera pas de donner la chasse s’il en trouve qui en prêterait le flanc, s’il a faim et ne trouve rien à se mettre sous les crocs… Mais il lui faudrait une équipe et battre le rappel des troupes.
Revoici Léon Kengo wa Dondo à qui rien n’a manqué à ce jour. Tout craint PGR de Mobutu, ministre des Affaires étrangères, ambassadeur, trois fois Premier ministre du Léopard, président du Sénat au retour chahuté de l’exil quand personne ne lui accordait la moindre chance hormis lui-même, co-président des Concertations, co-président du Comité de suivi des Concertations, le voilà porté à la présidence d’une opposition bon chic bon genre comme Autorité morale par un complice co-régionnaire de tous les temps, Jean-Pierre Lisanga Bonganga qui démine une frange de l’opposition.
L’annonce en a été faite vendredi 14 février au nez et à la barbe des Kamerhistes.
Les dirigeants des partis et regroupement politiques de l’opposition qui ont pris part aux Concertations nationales ont crée une coalition dénommée «Opposition républicaine».
Modérateur de la structure, Jean-Pierre Lisanga Bonganga, a affirmé que le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, en était l’autorité morale.
But de cette coalition de l’opposition: instaurer «une véritable démocratie et un Etat de droit en République démocratique du Congo», a expliqué Lisanga Bonganga.
«Nous, regroupements politiques de l’opposition ayant pris part aux concertations nationales du palais du peuple, avons décidé ce jour, dans l’intérêt supérieur de la nation, de créer un méga regroupement politique de l’opposition dénommée «Opposition républicaine» aux fins d’unir nos efforts pour l’instauration d’une véritable démocratie et d’un état de droit en RDC dans le cadre d’un processus permanent de cohésion nationale», a déclaré Lisanga.
Kengo qui paraissait avoir rallié la Majorité, voulant obtenir sa requalification par un savant jeu de «démocratie consensuelle» né des recherches en laboratoire du professeur-sénateur Joseph Bongongo, secrétaire général de l’UFC (Union des Forces du Changement), le parti de Kengo aux soins désormais à l’étranger après un accident vasculaire, a-t-il le regard désormais tourné ailleurs? L’homme dont on dit unanimement qu’il n’a jamais rien fait au hasard, paraît en tout cas loin d’avoir abattu toutes ses cartes…

Il faut un autre Katumba Mwanke.
Le deuxième anniversaire de la disparition du conseiller du Président, l’ambassadeur Katumba Mwanke, le 12 février, a réuni dans les deux plus grands hôtels du pays et autour d’un culte en la Cathédrale Notre Dame du Congo, tous les proches de l’illustre disparu.
Il y a eu des témoignages quand tous avaient l’esprit sur les lendemains. Que sera la Majorité demain? Qu’est-elle aujourd’hui?
On dit que personne n’est irremplaçable. Si cela peut rassurer, nul n’y verrait aucun mal. N’ayons cependant pas peur de mots: dans certains contextes, certains hommes peuvent se révéler irremplaçables. En réalité, la force de Katumba sur l’échiquier politique s’est mesurée à la profondeur de sa relation personnelle avec le Chef de l’Etat et, en conséquence, au degré de confiance que le Président de la République témoignait à son conseiller.
Il reste qu’on a tout dit de Katumba Mwanke notamment sa détestation de la politique kinoise.
On a oublié qu’en prenant congé d’elle, il en avait tiré toutes les conséquences.
J’ai eu la chance d’avoir passé pendant trois fois au moins plus de quatre heures en sa compagnie chaque fois, deux fois dans son modeste bureau de préfet d’école, dans la concession de Procoki, une autre fois dans son autre modeste bureau dans sa maison d’un complexe du quartier GB. Je crois avoir toute l’intelligence et toute la capacité de compréhension et d’interprétation des phénomènes.
Augustin Katumba avait quitté la scène politique.
Il avait un tel sens d’idéalisation qu’il la trouvait trop injuste, trop méchante, trop vilaine, trop infidèle, jamais loyale. Katumba avait des valeurs (l’honnêteté, la loyauté, la vérité, la sincérité) mais observait, autour du Chef, l’hypocrisie, le double langage, la trahison…
Un jour, il me prit par la main et m’interrogea: «Entre l’amour et la confiance, qu’est-ce qui vaut plus pour vous?».
Ma réponse fut claire: «On peut avoir l’amour, sans faire confiance. La confiance est un plus…».
Mais à qui faire donc confiance? Voilà en permanence ce qui le taraudait. N’ayant trouvé aucune réponse à sa quête, il se replia sur lui-même en rendant le tablier de la Majorité Présidentielle, prenant le parti de consacrer sa vie à travailler à «protéger» celui qu’il appelait respectueusement «Le Boss».
Mais Katumba écoutait beaucoup. Il laissait longtemps parler ses interlocuteurs tant qu’il leur éprouvait de la sympathie sans jamais transiger sur ses principes.
Tirant profit de cette capacité d’écoute, je bondis un jour: «Vous dites: vous voulez vous consacrer désormais à protéger le Président. Protéger le Président de la République, Joseph Kabila Kabange, n’est-ce pas déminer le terrain sur lequel il doit marcher, créer les conditions de son rayonnement, fédérer afin de lui faciliter l’exercice du pouvoir. Quitter la scène même si elle est exécrable, est-ce la solution?».
J’avoue sur le coup n’avoir pas reçu de réponse...
De m’avoir reçu autant de fois chez lui, de m’avoir parlé aussi longtemps jusqu’à la veille de son ultime voyage en avion, me promettant de me recevoir sans faute à son bureau de Procoki, à son retour, pour cet homme qui avait de l’exécration du mal, qui déifiait le Bien, le Beau, c’est signe de considération.
Je lui en sais gré.
Il est certainement minuit moins…
Jamais la politique n’a été aussi dynamique que maintenant. L’immédiat-après Concertations est certainement dépassé désormais.
Depuis, il y a eu la fin de la guerre et il y a d’excellents résultats économiques engrangés par le Gouvernement sous les ordres de Kabila, qu’il faut consolider et faire admettre auprès de notre peuple.
Il faut désormais s’appliquer à battre le rappel des troupes. Autour de Kabila. Avec ceux qui ont la passion du Congo… Il faut déjà réunir une sorte de Haut Conseil de famille. Autour du Boss.
T. Kin-kiey Mulumba.

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