L’homme qui défend Boshab
  • mer, 14/03/2012 - 21:35

MISE EN LIGNE LE 15 MARS 2012 | LE SOFT INTERNATIONAL N° 1155 DATÉ 09 MARS 2012.
L’ex-questeur du bureau fait état d’une tentative échouée d’assassinat politique. A t-il mis la main à la caisse de la Chambre basse? Le président sortant du bureau de l’Assemblée nationale qui s’est retiré dans un modeste cabinet privé, avenue du rail, quartier des textiles, loin des ors de la République, est en jean’s-t-shirt quand il reçoit Le Soft International. Façon d’annoncer les couleurs? Prêt au combat?

Evariste Boshab Mabudj sort d’un deuil - celui de l’homme qu’il a pleuré à Kin et à Lubum, son ami, le Dép. PPRD-MP Augustin Katumba Mwanke fauché dans le crash de Kavumu. Sous peu, sans le savoir, il va porter en terre le beau-père de celui-ci! Boshab n’a pas ouvert la bouche qu’on imagine à quoi le secrétaire général du PPRD-MP fragilisé, pense. Un complot, un vaste complot, un énième complot! «Ils attendaient de me voir ainsi pour me donner un coup de poignard dans le dos...», aurait dit l’autre!
D’abord le contexte. Il ne pouvait avoir été aussi bien choisi...
Boshab et tout le bureau de l’ancienne Assemblée nationale - tous membres de la majorité présidentielle - venaient d’être sommés par le bureau provisoire aussitôt installé de l’Assemblée nationale conduit par le doyen d’âge, l’Udps Timothé Kombo Nkisi, de procéder illico presto à la remise-reprise en rendant clés des bureaux, clés des véhicules, clés des coffres, la caisse elle-même... Le bureau veut s’installer et se mettre au travail, tout de suite, avoir l’ œil sur tout, tout de suite. Que disent les textes? Qu’en pensent les juristes? Faut-il interroger la Cour suprême faisant fonction de Cour constitutionnelle?
La question est hautement sensible! Sous la menace d’un ordre de bannissement délivré par son parti, l’Udps Timothée Kombo Nkisi a accepté de braver le climat de fatwa ambiant du leader historique Etienne Tshisekedi en prenant place - oh crime de lèse-majesté! - dans l’hémicycle du Palais du peuple à l’ouverture de la session extraordinaire de la nouvelle Assemblée nationale que Tshisekedi a décidé de ne pas reconnaître et, pis, en acceptant de prendre place à la tribune de l’institution parlementaire pour, pis encore, présider les travaux! Pis encore et encore que cela, en prononçant le discours d’ouverture de la législature devant tous les corps constitués donnant le coup d’envoi constitutionnel de la Législature! L’opposition attendait en se léchant les babines ce moment. Rira bien qui rira le dernier!
Le monde entier a les yeux braqués sur ce départ hautement risqué après un processus électoral critique et critiqué, voilà qu’il admire ce vétéran à la petite taille et à la démarche chancelante, au moral d’acier, qui sait ce qu’il veut, dont le discours volontariste a ému et a reçu un triomphe.
Faut-il courir le risque de mettre un boulet aux trop délicats premiers pas de la IIème Législature de la IIIème République? La majorité n’aurait-elle pas tout à gagner de ce coup de griffe de Kombo qui sonne comme un coup de grâce infligé à l’opposition? Aurait-elle intérêt à contrarier ce modeste prof de l’Upn (Université pédagogique nationale) blanchi sous le harnais de l’Udps, dont la maison à Madimba, dans le Bas-Congo, était sous la menace de pillage perpétré par des «combattants enragés», et qui ne demandait qu’un lieu de travail - le sien -, un moyen de transport - le sien -, une liberté de manœuvre ou... les moyens de travail - la caisse? Soit, le pouvoir, tout le pouvoir. Hic et nunc!
Lors de la remise-reprise qui a lieu sans rodomontade, sans qu’il ne soit nécessaire de faire aucune interprétation des textes de lois, les fonctionnaires de l’Assemblée nationale prompts à se victimiser, à tout politiser et à tirer profit de toutes les situations, vont tout pourrir. Tôt, ils ont trouvé leur nouvel allié - le nouveau bureau - en sautant dans le train qui va prendre le départ. Ardemment, ils ont décidé de régler quelques petits vieux comptes. En commençant par dépouiller les membres du bureau, tout comme leurs conseillers multiples, connus ou pas, de tout leur charroi automobile. Sentant le guet-apens, Boshab a tout laissé faire et tout ordonné. «Laissez tous vos véhicules de fonctions. Ne repartez qu’au volant de votre bien privé ou à pied. Chers amis, il ne faut surtout pas que nous fassions comme ceux qui nous ont précédé au risque d’installer une tradition nauséabonde...».
Le questeur a laissé la caisse au nouveau bureau, des dizaines de mille de Benjamin Franklin dans quelques banques commerciales mais aussi des milliards de Mwana Mpwo appelés pour l’accueil des 500 Députés! Mais les fonctionnaires ont bien plus derrière la tête.
Les véhicules récupérés c’est bien mais ne vont servir qu’à une poignée de directeurs et chefs de service. Dont des chefs syndicalistes... Alors, il faut créer l’espoir d’un mieux-être longtemps confisqué! Soupçonnant des détournements de leurs salaires, ils veulent agir. Ils veulent aller vite...
Les changements des leaderships ont toujours été l’occasion d’une reddition des comptes. Or, s’ils savent que le président de l’Assemblée nationale sortante n’a jamais été aussi faible politiquement, ils s’inquiètent à l’idée qu’ils pourraient ne pas rire longtemps. Ils soupçonnent une ordonnance en souffrance sur la table du Président de la République qui hisserait le Président-S-g à un niveau plus important encore! Il faut lui porter le coup fatal! C’est ça le complot! Salace! Condamnable.
Quoi que l’on pense de l’homme, qui se passionne de tout - et ce caractère trempé qu’il gagnerait à mieux maîtriser, qui le fait détester tout et tous et se détester par tout et tous - il est à certains endroits sincère, honnête. Et vit trop mal un sentiment d’injustice qu’il ne comprend pas!
«Au regard des résultats de son parti à la dernière compétition électorale, le président Boshab est appelé à jouer un rôle politique de tout premier plan dans la mise en place des nouvelles Institutions de cette seconde législature. Comment s’empêcher de penser à une tentative d’élimination politique concoctée par ses adversaires politiques? Il suffit d’observer avec quel acharnement le média qui s’est fait le porte-drapeau de cette accusation a opéré...», accuse l’ex-questeur MSR-MP du bureau de l’Assemblée nationale Dieudonné Bolengetenge Balea.
Quand on tire sur les médias - dans nos pays, les médias n’ont jamais dit qu’ils étaient au-dessus de tout soupçon - on oublie de mettre la main sur la plaie purulente.
Comment et pourquoi du courrier administratif est-il extrait des tiroirs protégés pour prendre le chemin des rédactions de presse? S’en prendre à l’homme qui voit la nudité ou à celui qui a quitté nu la chambre en provoquant le scandale?
Dans les milieux du parti présidentiel, on fait fort de tirer sur un corbeau missionnaire perché au bureau de Timothée Kombo Nkisi. Qui a subtilisé - aussitôt installé - du courrier sensible et non traité pour l’envoyer à la presse sans en connaître ni la teneur, ni la valeur! Les soupçons se cristallisent sur un parent par alliance...
Si ce bureau - de par la volonté du législateur - se compose du doyen et des deux Benjamin par principe sages, l’œuvre à conduire pour Kabila est immense! L’onde de choc des antivaleurs est trop profond. Le Soft International revient sur cette affaire que tous les médias ont traitée en exerçant son droit de suite professionnel.
T. MATOTU.

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