L’odieux assassinat du lion de Goma Albert Ngezayo déterré par l’avocat belge Maingain
  • ven, 20/03/2020 - 03:27

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1484|VENDREDI 20 MARS 2020.

Un vrai tremblement de terre à Goma, au Nord-Kivu et, disons, dans le pays, dans les milieux du tourisme, de l’hôtellerie et de la conservation de la nature, à Bruxelles, Paris, Londres, New York, Tokyo, etc.

ABATTU EN PLEINE RUE.
Le «lion de Goma», l’homme dont la résidence royale le long du lac Kivu servant de siège au Gouvernorat du Nord-Kivu après avoir été celui de la rébellion du RCD-Goma vendue à Mobutu ou arrachée de force ou à vil prix, selon certains, par le Maréchal, aurait été abattu de plusieurs balles à la tête par plusieurs hommes armés sur ordre de l’autorité de la place qui aurait dû assurer sa sécurité comme celle de tous les habitants du Nord-Kivu. Quel en serait le mobile qui a mis fin à la vie d’un homme au sourire jovial mais au langage éreinteur face à une classe politique qui pille et déstabilise la région en recourant à la carte ethnique pour tenter d’imposer sa loi et qui répétait à qui voulait que le Congo doit quitter le système policier et tracassier et s’ouvrir au monde?
Seul un procès en bonne et due forme que réclament famille et avocats le déterminera un jour.
Albert Prigogine Ngezayo Safari avait été assassiné, le 13 mars 2008, en pleine rue, en pleine journée, aux environs de 15 heures, à Goma alors qu’au volant de son tout-terrain, il venait de quitter sa villa le long du lac Kivu, un peu plus loin de la résidence officielle du gouverneur du Nord-Kivu, pour une course en ville. A quelques mètres de la résidence du gouverneur, il est abattu non pas par des braconniers mais par un groupe de professionnels du crime.
Surnommé aussi «Le Sherif», l’homme était le seul opérateur économique du pays à s’être battu pour la sauvegarde de la faune et de la flore des Parcs nationaux des Virunga, Kahuzi Biega, Domaine de Chasse de Luama et du Parc national de la Garamba.

UN COW-BOY EN VILLE.
Passionné de l’environnement, on le voyait à Goma avec sa démarche de bouvier, en vrai gentleman, avec son style vestimentaire propre, gilet en peau de léopard, bottes de cuir, chapeau de cow-boy de style texan, grosse ceinture de cuir et de métal de Far West outre une belle crinière poivre-vert de lion - d’où son surnom «le lion de Goma». Guide du Parc national des Virunga, il en connaissait les pistes et les retranchements d’animaux dont ses gorilles de montagne qu’il aimait d’un amour profond en cette période trouble caractérisée par l’abattage des espèces rares et la militarisation d’une région autrefois un paradis sur terre.
Il y conduisit en 1985 le roi Baudouin et la reine Fabiola de Belgique lors de leur deuxième visite dans ce Zaïre de Mobutu pour les festivités du 30 juin, mais aussi le Maréchal Mobutu lui-même, le président sénégalais Léopold Sedhar Senghor, etc. Considérée comme l’une des plus importantes personnalités du Kivu et de la région de l’est, Albert Prigogine Ngezayo Safari est fils d’une Congolaise du Maniema et d’un frère du Belge d’origine russe Ilya Prigogine, physicien et chimiste Prix Nobel de chimie en 1977 après avoir reçu la Médaille Rumford en 1976. Homme d’affaires prospère, il s’était lancé tôt dans les affaires. En 1974, Albert Ngezayo et son frère Victor créent Tour Hotel, une chaîne d’ampleur nationale, avec des partenaires étrangers et congolais. De cette aventure naîtront quelques hôtels célèbres implantés dans les Kivu notamment Karibu Hotel à Goma.
Cet homme n’avait pas d’ennemis connus.
Il avait traversé des régimes politiques aussi divers que ceux de Mobutu avec lequel il semblait vivre en harmonie mais aussi des rébellions armées de l’AFDL avec laquelle il avait eu quelques bisbilles à l’instar de tous les hommes d’affaires locaux ou du RCD-Goma qui paraissait plutôt l’avoir adopté.
Albert Prigogine Ngezayo Safari fut criblé de plusieurs balles à la tête tirées par des hommes armés depuis un véhicule tout-terrain de marque Nissan Patrol aux vitres fumées et qui l’attendaient.
Selon un team d’avocats de la famille belge Prigogine éplorée, qui n’a jamais fait son deuil et conduit par l’avocat belge très connu et très engagé dans des causes de la région des Grands lacs Bernard Maingain, c’est l’ancien maire de Beni et de Butembo à l’époque gouverneur du Nord-Kivu, aujourd’hui ministre de l’Industrie du gouvernement Sylvestre Ilunga Ilunkamba, Julien Paluku Kahongya, qui aurait été la main noire de ce crime odieux.
Ce que l’originaire du territoire de Lubero qui fut successivement membre du parti politique UDPS sous le Sphinx et des mouvements politico-militaires nés dans le Nord-Kivu (AFDL, RCD-Goma et RCD-ML de Antipas Mbusa Nyamwisi) avant de créer son propre parti politique BUREC proche du PPRD quand il devient gouverneur de la province du Nord-Kivu, conteste en invoquant «une pure manipulation». Expliquant que c’est, au contraire, lui qui avait institué une commission d’enquête sur cet assassinat.

JULIEN PALUKU DEMENT.
Lors d’une conférence de presse à Kinshasa mais délocalisée à la dernière minute à la suite de pressions d’officiels qui auraient fait éteindre l’alimentation électrique dans la salle prévue pour la conférence dans un hôtel de la capitale, Me Bernard Mangain a cité Julien Paluku Kahongya, gouverneur du Nord-Kivu à l’époque du crime, comme l’une des personnes impliquées et citées par des témoins oculaires essentiels. L’un des témoins directs a assisté à la planification de l’assassinat. «Je voudrais faire l’état de l’avancement du dossier (l’assassinat de Albert Prigogine Ngezayo Safari), montrer qu’à partir de maintenant, nous avons un certain nombre de témoins qui, de façon constante et concordante, révèlent les conditions dans lesquelles cet assassinat a eu lieu», a déclaré l’avocat belge Maingain. Il n’a ni plus ni moins que demandé des enquêtes pouvant permettre au plus vite de mener ce procès jusqu’à son terme à un moment où le temps est, en dépit de la crise du coronavirus, à l’état de droit prôné par le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. D’ajouter : «C’est dans ces conditions que nous avons aussi à faire entendre le témoin Alex, nous l’avons appelé «Alex» pour des raisons de sécurité, témoin direct qui a raconté le récit des conditions d’organisation et de préparation de cet assassinat».
Selon Me Mangain, ce témoin a notamment exposé dans quelles conditions des personnes sur place «liées à un homme d’affaires qui gère un hôtel qui s’appelle M. Musangania avec son beau-frère un certain Mundos, ont commandité l’ensemble de cette opération. Il a été jusqu’à citer M. Paluku qui est (lors de la commission des faits) gouverneur de la province du Nord Kivu».
ALUNGA MBUWA.


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