La grande peur
  • ven, 14/08/2020 - 06:17

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES. Le Soft International n°1495|VENDREDI 14 AOUT 2020. Ils détournent l’attention vers des dossiers inexistants. Ils usent de la délation et de la monnaie pour neutraliser l’adversaire mais se neutralisent. «Je te tiens tu me tiens par la barbichette». Ils entrent tous en course en même temps et à celui qui saura le plus débourser, le mieux payer qu’ira le projecteur. Joseph Kabila avait peut-être rêvé d’une élite politique mais inintelligente, nulle part assise sociologiquement dans le pays, ses soi-disants membres de son cercle fermé lui ont montré le chemin qu’il ne fallait en aucune façon prendre en espérant chaque jour mieux se servir. C’EST LA FORCE. LA TOTALE... Ils pouvaient faire peur à Kabila qui se recherchait un parent, un pays, une langue, une religion, certainement rien de tel avec le fils du Sphinx dont les assises sont telles qu’il n’a nul besoin de corrompre quiconque pour exister et qui a, à la bouche, deux ou trois mots : «le peuple d’abord». C’est la force, sa totale... Ils peuvent tenter de lui faire peur en jouant des attelages, des majorités fabriquées, achetées à prix d’or ou à vil prix, c’est selon mais au jugement dernier, c’est chacun pour soi, Dieu pour tous. Certes, tout n’est pas parfait. Qui a déjà vu la perfection et où? L’essentiel est de commencer... Un pays c’est un groupe d’hommes debout, décidés d’atteindre un objectif mais qui avance dans une forêt noire en supposant s’être tracé un objectif et une direction et qui se choisit un chef. L’essentiel est que celui en fonction fasse sa part dans la bonne direction et lègue à la postérité des actions, des avancées... Le groupe peut se lancer dans des crocs-en-jambe, contester un pouvoir, une direction, cela est compréhensible car humain. Mais si ces croc-en-jambes se multiplient au point de détourner l’attention du groupe et de le faire reculer, cela n’est pas acceptable... Entre autres moyens que le groupe doit pouvoir se doter pour atteindre ses objectifs, c’est l’ordre, la justice, donc la loi. Opposant, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo voulait tant régler ses comptes aux pilleurs et autres détourneurs des biens publics; au pouvoir, il a hésité et déclaré être trop occupé pour trouver le temps d’aller «fouiner dans le passé des gens», explicitant qu’il ne lui appartient pas de faire ce travail mais c’est le travail de la Justice. Et voilà que des magistrats nouvellement nommés ont pris l’affaire en mains. Désirant faire montre de loyauté, ils ont engagé la machine et engrangé du résultat... Cela peut être du tape à l’œil mais c’est déjà ça en vue de la pédagogie. Il faut commencer par l’exemple en frappant plus haut, plus fort... Que l’Etat a été dépouillé de son patrimoine. Que des domaines de l’Etat détournés et distribués. Que des gens tout récemment arrivés à Kin, se retrouvent propriétaires des maisons dans la grande commune de la Gombe... Par quel miracle? GROS RISQUE D’ETRE «MAPE». Certains ont même trouvé où loger à la Gombe une fratrie. Faut-il vraiment que Fatshi ferme les yeux à des tels dérèglements? Si oui, comment serait-il jugé par le peuple lui qui n’a que «le peuple d’abord» à la bouche? Ne serait-ce pas de la trahison que ni ses contemporains, ni l’Histoire en majuscules ne saurait pardonner... Tel haut fonctionnaire est convoqué à comparaître, il se trouve toujours un parent pour lui demander de rester à la maison et de défier la justice. Tel ministre en fonction ou honoraire est convoqué, il se trouve toujours des égarements et le convoqué profitera de ces «erreurs de procédures» pour rester à la maison, terré. Est-ce le cas de Henri Yav Mulang, ministre des Finances de 2014 à 2019 qui a reçu mandat de comparution avec menace explicite, c’est-à-dire qu’il y aura prise de corps automatique s’il arrivait qu’il ne se présente pas par devant le Procureur général près la Cour d’Appel de la Gombe, le Procureur général Bonheur Luntaka Madi clairement remonté à la suite manifestement d’un dossier consolidé enfermant d’irréfutables de culpabilité? Mais voilà que le fameux jeudi 13 mars, le ministre ne s’est rendu ni au Parquet Général près la Cour d’Appel de la Gombe, ni ailleurs, ni à 13 heures, ni à une quelconque heure quand diverses explications tombent. A-t-il défié la Justice après des assurances quelconques d’impunité? Y-a-t-il eu erreur de procédures? Au fait, à l’époque de la commission des faits, Henri Yav Mulang étant membre du Gouvernement de la République, son juge naturel est-il celui qui l’avait convoqué à la Cour d’Appel de la Gombe ou, au contraire, celui de la Cour de Cassation sauf si le procureur de cette cour a autorisé celui de la Cour d’Appel à poser des actes et à lui en faire rapport? L’IGF S’EN MELE. Il est aussi possible au Procureur de la Cour d’Appel de recourir à un avis d’ouverture tendant à obtenir du procureur général près la cour de cassation l’autorisation pour enclencher des poursuites contre une personne relevant de sa compétence. Ceci manifestement ne semble pas avoir été entendu de la même façon... Reste que devant son Procureur naturel, Bonheur Luntaka Madi, le ministre se soit fait étriller par le gouverneur de la Banque Centrale du Congo Déogratias Mutombo Mwana Nyembo dit «Déo» reçu plusieurs jours auparavant dans l’affaire des 100 millions de $US versés par le minier Mutanda quand le ministre jure de ne guère vouloir vendre à bas prix sa peau et rejette toute idée de se faire «maper» - comme ça - à Makala en disant, dans sa communication qui a beaucoup évolué ces dernières heures, «avoir reçu instruction expresse de la Hiérarchie» et avoir laissé le Gouverneur disposer de tous ces 100 millions de $US de Mutanda Mining... Mais au fond, finalement qu’a-t-on fait de ces 100 millions de $US (Du blanchiment d’argent? Du financement des élections? Du remboursement à la myriade de firmes de l’Israélien Dan Getler, jeune opérateur dans le diamant devenu multi-milliardaire en $US une décennie plus tard grâce au Congo et désormais sous sanctions du Trésor américain?) et pour lesquels un ancien Directeur Général de la DGI Dieudonné-Aimé Lokadi Moga a été raflé par un groupe d’inspecteurs judiciaires, retenu deux jours durant, remis en liberté sans autre explication alors que, à entendre Mme Lokadi Mog, son épouse, ces inspecteurs n’avaient ni titre ni droit pour opérer dans ce secteur (lire article en page 5, 6, 7)? Selon la déposition du Gouverneur de la BCC, «cette opération était régulière, autorisée par le ministre des Finances par un courrier, les fonds déposés sur un sous compte instruit par le ministère des Finances et gérés directement par le Trésor public», qui lui, dépend du ministère des Finances, non de la Banque Centrale. C’est l’implication personnelle du ministre des Finances de l’époque qui ne s’est donc pas présenté à la convocation du Procureur général Bonheur Luntaka Madi ayant certainement trouvé de bonnes raisons. Mais est-ce par ignorance que le Parquet Général près la Cour d’Appel de Kinshasa-Gombe ait émis, en date du 11 août 2020, un mandat de comparution DPJ n°074/QPGJP/2020 destiné à l’ancien ministre Henri Yav Mulang, résidant avenue Benseke, au n°50, Quartier Joli Parc, à Kinshasa-Ngaliema afin qu’il se rendant à son office jeudi 13 août à 12 heures en vue de comparaître sur des faits infractionnels lui imputés? Le mandat précisait en effet que «faute de se présenter devant le procureur», à cette date 13 août, le ministre honoraire des Finances «sera contraint conformément à la loi». Reste, dans tous les cas, à saluer toutes ces initiatives qui visent à voir clair dans la gestion de l’Etat. Lors d’une rencontre avec des médias jeudi 13 août 2020, le tout nouvel inspecteur général des Finances, Jules Alingete Key a ainsi fait part d’une sorte d’un rapport mi-parcours. Certaines de ses missions ont déjà pris fin, celles relatives à la gestion des fonds alloués pour la lutte contre la pandémie du Covid-19, celles du compte général du Trésor logé à la Banque Centrale du Congo, révélant d’importants faits de mégestion caractérisée dénichés par les inspecteurs. L’inspecteur a appelé la Justice à interpeller dans les touts prochains jours les personnes impliquées dans ces faits de mégestion. Il faut croire que suite à ce rapport mi-parcours que l’inspecteur général des Finances a fait au Président de la République que le Chef de l’Etat a autorisé celui-ci, accompagné de son Conseiller principal en charge de l’économie et des Finances à aller en faire part au Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba et à en rendre compte aux médias. D. DADEI.


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