L’ambassadeur de France contre «la République de la Gombe»
  • jeu, 16/07/2015 - 00:16

A l’occasion de la fête nationale française, deux semaines avant de quitter notre pays, Luc Hallade fait part du «paradoxe» congolais qui l’aura «particulièrement» frappé» lors des huit années passées au Congo.

Luc Hallade - l’ambassadeur de France qui connaît ce pays et ce continent, sa compagne de vie est une Noire, une Africaine, une Camerounaise - a deux semaines à passer au Congo comme ambassadeur. Profitant de l’occasion qu’offre la fête nationale française, le 14 juillet, celui qui a aidé certainement à mieux faire connaître notre pays dans le monde - notamment par la semaine française de Kinshasa relayée par Rfi, quoiqu’on en dise - a fait part du «paradoxe» congolais qui l’aura «particulièrement» frappé» lors des huit années passées dans notre pays, comme conseiller d’ambassadeur, puis comme ambassadeur.
«La population congolaise, qui a beaucoup souffert et continue à beaucoup souffrir, a fait preuve d’une capacité de résilience remarquable. Beaucoup d’autres nations, confrontées aux mêmes épreuves, se seraient effondrées. Pourtant le Congo est toujours là, et les Congolais debout, comme un peuple fier qui croit à son destin. Mais dans le même temps, l’élite politique, majorité comme opposition, semble continuer à penser que la politique de ce grand pays se joue, se fait et se défait dans un cercle et un périmètre restreints, comme si, au sein du vaste Congo, la République de la Gombe devait décider du sort et du destin du peuple congolais tout entier, à son propre profit». Et de saluer «une décentralisation bien pensée et bien construite, dénuée d’arrière-pensées et de calculs politiques, pourra contribuer à élargir le cercle de cette élite, qui a trop longtemps confisqué le pouvoir à son profit».

20 MILLIARDS DE DOLLARS.
Puis: «De ce point de vue aussi, l’alternance politique, quelle que soit la forme qu’elle prendra, pourvu qu’elle soit démocratique, est ou sera une bonne chose».
Du bilan: «Le Congo est-il, comme le dit son hymne qui vient d’être chanté, «plus beau qu’avant»? Oui, bien sûr. Le Congo est en paix, avec ses voisins et à l’intérieur de ses frontières, à quelques régions près malheureusement. Il lui a fallu pour cela surmonter bien des obstacles. Il a pu aussi compter sur l’indéfectible soutien de la Communauté internationale, illustré notamment par l’action stabilisatrice de la MONUSCO, qui a succédé à la MONUC. Depuis plus de 15 ans, avec leurs défauts et leurs insuffisances, mais aussi avec les grandes qualités, la valeur et la bravoure de leurs contingents, la MONUC, puis la MONUSCO, ont contribué au rétablissement et à la préservation de la paix en RDC, à la protection de ses populations civiles, à la réforme de son armée, à la défense et à la promotion des Droits de l’Homme, à l’organisation des élections. La Communauté internationale y a consacré plus de 20 milliards de dollars, une somme énorme, à la mesure des défis et des enjeux de cet immense pays, au cœur d’une Afrique encore trop souvent soumise à la violence, aux guerres et à l’instabilité, voire au terrorisme. Mais elle a surtout accompagné, jour après jour, année après année, la reconstruction de l’Etat Congolais, indispensable au rétablissement de l’autorité publique et de sa crédibilité aux yeux des autres nations, mais aussi de sa population. Beaucoup de chemin a été accompli, et beaucoup reste à parcourir. Les mois qui viennent seront déterminants pour, soit consolider la paix et approfondir la réconciliation entre les fils et les filles du Congo, soit au contraire retourner en arrière et défaire ce qui a pu être fait depuis 13 ans, depuis les accords de Sun City qui ont mis fin à la guerre qui a déchiré le Congo et provoqué la mort de millions de Congolais. La paix est une condition nécessaire du développement. Mais ce n’est pas une condition suffisante. Il faut aussi une réconciliation sincère, une mobilisation générale de toutes les forces vives de la nation et des politiques publiques appropriées. Il faut surtout cultiver le sens de l’intérêt général pour mieux combattre ou au moins harmoniser les intérêts particuliers. Ceci implique de la hauteur de vue, une vision claire et déterminée de ce que l’on veut construire ou reconstruire, et aussi d’être à l’écoute de la population, de ses attentes, de ses espoirs et de ses frustrations. C’est à ces qualités que l’on reconnaît les hommes d’Etat, ceux qui laissent dans l’histoire de leur pays voire de l’humanité le souvenir de bâtisseurs de paix, d’espoir et de développement, a contrario de ceux qui défendent des intérêts égoïstes ou des visions de court terme». Témoin de ces adieux: Son Eminence le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, le président du Sénat Léon Kengo wa Dondo, le ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanga Ntunga Mulongo, notamment.
ALUNGA MBUWA.


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