Sa première rencontre avec «Le Soft»
  • jeu, 20/06/2019 - 01:35

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1458|MERCREDI 19 JUIN 2019.

Le Soft International a retrouvé la première trace de Félix Tshisekedi dans ses colonnes. Sa première interview accordée à notre journal. Le jeune colosse était alors, depuis un an déjà, l’adjoint du Dr. François Mpuila Tshipamba Tshidibi - le même! - à la tête de la fédération UDPS-Bénélux. Esprit déjà bien trempé, il était à peine connu de ses compatriotes que déjà notre journal l’avait remarqué. L’article de notre collaborateur Reddy Mununu fut mis en ligne le 5 juin 2005. Le journal qui ne s’appelait alors que «Le Soft» - pas plus - était le premier du pays et certainement d’Afrique Centrale, à avoir découvert la Toile à s’y être placé... Relisez sans modération.

Seul le timbre de sa voix le différencie des modulations martelées avec accent de son père biologique Étienne. Pour le reste, Félix est le parfait sosie de son géniteur de Tshisekedi. Il a tout de lui. De sa taille de colosse, près de 1m90, alourdi par un embonpoint plus que naissant au rictus de ses lèvres jusqu’à son regard glacial et distant. Rien ne laisse douter un seul instant que ce jeune homme de 42 ans est bien le fils de son père. Le troisième d’une lignée de six garçons que Tshisekedi a eu avec Marthe.
De tous, Félix est le seul à faire la politique active. Depuis l’année dernière, il est l’adjoint du Dr François Mpuila Tshipamba Tshidibi - le même! - à la tête de la fédération UDPS-Bénélux.
A Kinshasa, le grand public a découvert son visage... sur le plateau d’une chaîne de télévision privée. Depuis, il crève l’écran et multiplie les sorties publiques. Pas une manifestation du parti tshisekediste ne se déroule sans qu’il y montre sa silhouette de déménageur. Il ne tarit pas de déclarations. Il en fait même plus au point que certains milieux le voient désormais pour le porte-parole de l’UDPS, si pas le dauphin d’un Tshisekedi dont l’âge, 73 ans, décrit une courbe descendante de fin de carrière.
«Chacun interprétera cela comme il veut et comme il l’entend. J’ai fait mes classes à l’UDPS. J’ai commencé à la cellule. J’ai appris comment battre campagne et comment se faire apprécier par des amis. Voilà! Je suis vice-président d’une fédération. Je ne suis pas un gars qu’on peut considérer comme un fils à papa. Je n’accepterai jamais que mon père m’impose un poste de responsabilité. Ce n’est pas démocratique», s’est défendu le fils Tshisekedi au «Soft».

DISCUSSIONS ORAGEUSES.
Ses classes d’homme politique, il les a faites loin de son père. À Bruxelles. Il n’a pas partagé moins les tribulations des débuts de la vie d’opposant d’ancien élu de Kabeya Kamwanga dans le Kasaï oriental… A l’aube d’un jour de novembre 1983, alors qu’il rentre d’une tournée nocturne avec un de ses frères, il trouve la résidence de son père, rue Pétunias, Limeté, assiégée par des éléments de l’ex-DSP, Division spéciale présidentielle.
Le jeune Félix, sorti deux années plus tôt du collège Boboto, détenteur d’un diplôme d’État des humanités littéraires, est terriblement déchiré de voir son père faire ses bagages avec des militaire à ses basques.
Lui aussi fait autant. Comme toute la famille. Contrainte d’accompagner le père en relégation dans son village natal à Mupompa.
«J’ai eu les larmes aux yeux. Mon père nous a expliqué que c’est son combat et nous a demandé de prendre courage. Ce n’était pas facile parce que cela perturbait notre scolarité», se rappelle Félix.
La vie en relégation était des plus pires. Pas de visite. Pas de sortie. Pas de télé dans une bourgade sans électricité ni eau. Pour les soins de santé, les Tshisekedi devaient s’en référer au gouverneur de région, quitte à ce que celui-ci transmette le message à Kinshasa pour dépêcher un médecin. «J’ai eu un mal de dent atroce que j’ai dû faire soigner traditionnellement», se souvient le fils de l’opposant.
Devant le drame de ses enfants, Tshisekedi dû se résoudre à les mettre à l’abri. En exil.
Avec la complicité des amis, Félix et ses frères sont exfiltrés, en 1984, de Kabeya Kamwanga à Bruxelles via Brazzaville. La renommée de la lutte de son père leur permet d’obtenir aussitôt le statut de réfugié politique auquel il n’a renoncé que récemment pour venir se mouiller la chemise à Kinshasa. C’est dans la capitale belge qu’il a rencontré son épouse, une Shie née à Bukavu, qui lui a donné cinq enfants.
S’il est ouvert, Félix entretient un grand mystère sur sa compagne. Il se refuse même à livrer son nom. Tout ce qu’il en dit, ce que c’est «une très belle, alors une très belle femme». On a beau insister mais difficile de faire cracher le morceau à ce gradué en…
Il est plus disert sur la vie de famille des Tshisekedi. Il y règne un climat de parole libre.
«Nous discutons souvent de manière orageuse», affirme-t-il. Les prises de position de Tshisekedi père et ses méthodes font aussi partie du menu des débats.
Félix a toujours trouvé à redire là-dessus même si le chef historique de l’opposition reste son «modèle politique».
«Quelquefois, je ne partage pas les méthodes de mon père. Mais, dans l’ensemble, je suis totalement d’accord avec lui», confesse-t-il. Félix éprouve un profond respect envers son père. Il en est même très admiratif. «Grâce à son combat, le peuple congolais est devenu maître de son destin», se flatte le vice-président de l’UDPS-Bénélux. Il a aussi de l’admiration pour Nzanga, le fils de l’autre... Mobutu. Sur sa première épiphanie à Kinshasa, il déclare être venu «fêter l’avènement de nouvelles institutions au 1er juillet prochain. Ce jour-là, moi et mes frères, nous serons dans la rue. D’ailleurs, ceux qui ont accédé au pouvoir par les armes n’étaient pas au-devant de leurs armées».
REDDY MONUNU.
lesoftonline.net
05/06/2005


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