Rencontre avec Kagame à Luanda
  • mar, 05/07/2022 - 15:25

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1556|MARDI 5 JUILLET 2022.

Dans toutes les chancelleries, c'est le sujet clé : la rencontre, mercredi 6 juillet 2022, à Luanda, autour du président angolais médiateur João Lourenço, jugée «inévitable», étape cruciale de la désescalade dans la crise entre Kinshasa et Kigali, réclamée dans tous les capitales.

Il y a plusieurs semaines que le président rwandais Paul Kagame s'était dit «prêt» pour cette rencontre, via son ministre des Affaires étrangères, Vincent Biruta, attendant le signal du président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Des délégations d'experts des deux pays se sont rencontrées pour préparer cette rencontre, après le sommet de Nairobi sur le Congo, le 20 juin, réunissant les chefs d’État de la Communauté d’Afrique de l’Est, EAC (Burundi, Rwanda, Ouganda, Tanzanie, Kenya, Sud-Soudan, RD Congo). Alors que d'heure en heure, le rendez-vous de Luanda approche, le président rwandais a profité, lundi 4 juillet, de la date de la prise du pouvoir à Kigali, par son armée APR, l’Armée Patriotique du Rwanda, depuis, Rwanda Defence Force, proclamée jour de libération contre le régime Hutu d'Habyarimana, et qui célébrait son vingt-huitième anniversaire, pour répondre à des questions, en Kinyarwanda et en anglais, posées par deux journalistes rwandais, interview retransmise en direct à la télévision.

«Le Congo a ses propres affaires à gérer, et nous avons nos propres affaires à gérer, en tant que pays souverains, indépendants. Sans avoir à interférer les uns avec les autres, nous devons simplement travailler ensemble, là où nous choisissons de travailler ensemble.

Ce qui est inacceptable, c'est de voir des groupes armés de la RDC nous attaquer et tuer notre peuple». «Les problèmes dans cette région ne peuvent être résolus par la force des armes. Ils nécessitent des solutions politiques» («The problems in that region can't be solved by force of arms, they require political solution», rapporte, sur son compte Twitter, le quotidien du régime The New Times @NewTimesRwanda). Sur les Rwandophones congolais, dont ceux du M23 : «Ils parlent le Kinyarwanda mais ce sont des citoyens congolais.

La façon dont ils sont devenus citoyens de la RD Congo ne peut être imputée au Congo et ne peut être imputée au Rwanda» («They speak Kinyarwanda but they are Congolese citizens. How they became citizens of DR Congo can't be blamed on Congo or can not be blamed on Rwanda», rapporte Rwanda Broadcasting Agency sur son compte Twitter @rbarwanda).

«Je souhaite le meilleur pour nous deux, RD Congo et le Rwanda. Mais si le meilleur ne vient pas, cela devrait toujours me préparer au pire» («I wish for the best for both of us, DR Congo and Rwanda. But if the best doesn't come, it should always find me prepared for the worst» @rbarwanda).

«The political process is very important for me and I guess for everyone else, it comes first (...) «You just don't keep fighting and expect to find a solution for political crises, or for governance problems » (@NewTimesRwanda).

Sur la demande de Kinshasa d'exclure l'armée rwandaise dans la force régionale de l'EAC : «I am happy that this can be done without our involvement.

Rwanda is not asking for it and is not complaining about it. There is a big catch here : if you don't adress security concerns of Rwanda you have a problem on your hands».

Ces propos inspirent un titre au journal du régime de Kigali : «Kagame says war not a solution to DR Congo crisis».

Malgré les sous-entendus - le diable est dans les détails - cette interview montre un signe d'ouverture. Kagame serait-il dans les meilleures dispositions pour aborder la crise qui l'oppose au Congo qui détient les preuves et les raisons de l'appui «sécuritaire, logistique et militaire» de la Rwanda Defence Force au mouvement M23 ?
T. MATOTU.


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