Pour le CNSA, il faut bien des crocs-en-jambe
  • ven, 24/02/2017 - 03:00

Quand il y a trop de monde à satisfaire, le risque est de dépecer la bête en mille morceaux, quitte à ce que chacun se contente d’un morceau sans surface.

Le président du Comité des Sages du Rassemblement - en clair, le président du Rassemblement - sera d’office président du Conseil national de suivi de l’accord. Et du coup, c’est lui qui désignera les ministres de l’opposition devant faire partie de l’équipe gouvernementale à venir. Après une rencontre lundi 20 février entre le Chef de l’Etat et les évêques de la CENCO, le secrétaire général a.i, l’abbé Donatien Nshole a rapporté que selon le Président «si le Rassemblement trouve un président du Conseil des sages en remplacement de M. Tshisekedi, c’est lui qui présentera une liste de candidats pour le poste de Premier ministre». En recevant l’équipe de bons offices, le Président a ainsi libéré la course au poste de président du CNSA. Car voici bientôt un mois après la mort de Tshisekedi que le Rassemblement de l’opposition a du mal à trouver un nouveau leader. Il avait promis aux évêques de la CENCO, de désigner le président du conseil des sages dans les 48 heures mais le délai n’a pu être tenu. Mardi soir, une nouvelle réunion a eu lieu, mais l’opposition est toujours très loin d’un consensus. L’UDPS, qui n’avait jusqu’ici formulé aucune revendication à ce poste, le réclame en plus de la primature.
Avant la réunion du mardi 21 février, il y avait six candidats déclarés et déjà des problèmes en vue. Chaque composante devait proposer un nom, mais la Dynamique de l’opposition, déjà divisée, présentait deux: Martin Fayulu de l’ECIDE et Joseph Olenghankoy des FONUS. Celui-ci dit être le mieux placé pour succéder à Tshisekedi et écarte les récents frondeurs de la Majorité Présidentielle, n’inspirant guère la confiance des anciens compagnons de Tshisekedi, édictant ses conditions.

TOUT BLOQUE.
«Ni le G7, ni l’AR (Alternance pour la République) ne peuvent prétendre à la présidence du Rassemblement. Il faut avoir fait notamment 15 ans dans l’opposition et appartenir à un parti politique qui a plus de 20 ans d’existence pour être candidat au poste du président du Conseil des sages».
Le G7, groupement de frondeurs libéraux de la Majorité Présidentielle estimant être l’autre poids lourd du Rassemblement après l’UDPS, alignait Pierre Lumbi, ancien conseiller en matière de sécurité. L’AR (Alternance pour la République) présentait Jean-Bertrand Ewanga, ex-UNC, à défaut du sa figure de proue, Raphaël Katebe Katoto Soriano suspendu pour avoir tenu des propos contraires à la position du Rassemblement, en revendiquant la primature pour lui-même. Son retour mardi 21 février risque de provoquer d’autres remous. Les autres candidats officiellement sont les plus proches d’Etienne Tshisekedi et de son combat: Eugène Diomi Ndongala (MPP), toujours détenu à Makala, et Jean-Pierre Lisanga Bonganga pour les Alliés de l’UDPS.
Les réclamations de l’UDPS compliquent l’équation. «Malgré la mort d’Etienne Tshisekedi, l’UDPS conserve son poids politique», estime l’un de ses cadres.
Pour les autres composantes, il est difficile d’accepter que l’UDPS cumule la primature et la présidence du conseil des sages du Rassemblement et donc, du coup, du CNSA. Et voilà que pointe le risque d’éclatement.
Si pour le Rassemblement, au titre de l’accord, le président du conseil des sages deviendra automatiquement président du futur Conseil national de suivi de l’accord de la Saint-Sylvestre et sera chargé de le faire respecter, la Majorité Présidentielle ne l’entend pas de cette oreille: ce poste était dévolu à Tshisekedi en tant qu’opposant historique mais désormais plus rien d’automatique. Il est vrai que déjà privée de son vice-président, Charles Mwando Nsimba, décédé en Belgique en décembre dernier, la plate-forme issue du Conclave de Genève, fait face au difficile choix d’un nouveau leader. Personne en dehors de deux disparus ne semble avoir assez de légitimité pour présider le rassemblement. En attendant, les négociations sur les arrangements particuliers pour la mise en œuvre de l’accord sont toujours bloquées, suite aux divergences entre les deux parties.
Le Chef de l’Etat a réitéré aux évêques de la CENCO médiateurs sa ferme volonté de voir l’opposition déposer une liste de candidats Premier ministre pour la nomination.

EN MILLE MORCEAUX.
Une commission de l’opposition du Rassemblement présidée par l’ancien ministre de l’Environnement José Endundo Bonongé, membre du G-7, aurait trouvé un compromis à faire valider par une plénière. Après plusieurs jours de «dégâts» ayant suivi des déclarations et des dépôts de candidatures, trois structures auraient été créées et seraient proposées. Genval est donc à réviser...
Ces trois structures sont les suivantes:
- Une Présidence politique;
- Un Conseil des Sages;
- Une Coordination des actions.
La Primature serait (toujours) réservée à l’UDPS outre la présidence politique du Rassemblement désormais placée au-dessus du Conseil des Sages, lequel pourrait revenir aux libéraux frondeurs du G-7, affidés de l’ex-gouverneur richissime du Katanga Moïse Katumbi Chapwe. La Coordination irait à la Dynamique.
Si ce compromis est validés, les opposants du Rassemblement des forces acquises au changement né à Genval auront juste évité de déclencher trop tôt une crise qui couve en leur sein.

ORPHELINE.
Quand il y a trop de monde à satisfaire, le risque est de dépecer la bête en mille morceaux, quitte à ce que chacun se contente d’un morceau sans surface. En sera-t-il le cas, en l’espèce? Le dépeçage de la bête confirme que le décès de Tshisekedi le 1er juin commence à se faire sentir et laisse un vide à l’opposition désormais orpheline de leader. Reste à mettre un nom à la tête de chacune de ces nouvelles structures. Et, au niveau du Conseil des Sages, à trouver un consensus avec la délégation de la Majorité Présidentielle. Tshisekedi avait-il pas été l’objet d’un consensus au Centre interdiocésain?
ALUNGA MBUWA.


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