Philippe de Moerloose, un succès congolais qui s'exporte
  • sam, 08/01/2022 - 15:36

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1544|SAMEDI 8 JANVIER 2022.

Le volet belge du dossier Congo Hold Up publié par dix-neuf médias occidentaux dont le site d'information français de référence Médiapart, la radio publique française Rfi, Radio France Internationale, un média américain Bloomberg, des journaux belges Le Soir et De Standaard, repris par d'autres médias dans le monde, conduit l'homme d'affaires belge Philippe de Moerloose, cité dans cette méga-enquête, à réagir notamment dans le texte ci-après remis au Soft International.

PARCOURS DE PHILIPPE DE MOERLOOSE.
Je suis né à Bruxelles le 30 juin 1967. Le 30 juin étant la date de l'indépendance de la RDC. Juste coïncidence. A l'âge de trois ans, nous avons déménagé en famille à Lubumbashi. Mon père Louis de Moerloose était effectivement comptable au Groupe textile Solbena à Lubumbashi. J'ai étudié à l'école belge jusqu'à l'âge de dix-huit ans.

En 1985, je suis rentré en Belgique pour suivre mes Études à l'ICHEC (Institut catholique des hautes études commerciales, ndlr).

Diplômé en Sciences commerciales en 1990, j'ai créé directement, en mars 1991, après mes études, la société Demimpex sous forme de coopérative avec un capital social de 75.000 FB (francs belges). Je n'ai donc jamais été employé avant par une autre société.

J'ai passé l'essentiel de mon temps en Afrique durant les trente dernières années et résidais en RDC.
La société Demimpex a connu une croissance soutenue depuis sa création et non pendant la période de guerre en RDC.
En consultant les comptes annuels de Demimpex, vous pourrez remarquer que sa croissance depuis 1991 est soutenue pour atteindre 54 millions d'euros de chiffre d’affaires en 2000, 100 millions d'euros en 2004 et dépasse les 200 millions d'euros en 2008.

Nous avons donc connu une croissance soutenue depuis la première année de sa création. Kinshasa était son hub africain à partir duquel je voyageais sur les autres pays.

Depuis 2018, le Groupe SDA réalise plus de 65 % de son chiffre d'affaires en Europe et 35% en Afrique réparti sur vingt-six pays.

ACTIVITES DE PHILIPPE DE MOERLOOSE.
SDA Holding SA est une holding de droit belge qui détient des participations dans SMT Holding SA et DEM Group SA, toutes deux de droit belge. L'activité des filiales de SDA Holding est la distribution d'engins de chantiers, d'infrastructures, agricoles, de mines et carrières et de transport.

Toutes ces filiales sont consolidées en Belgique, y compris celles à l'île Maurice et au Congo.
African Equities est une société de droit belge depuis le 18 mars 2020, précédemment luxembourgeoise.

Elle détient les participations suivantes :
◗ 100% Hôtel Grand Karavia à Lubumbashi (sous contrat de gestion avec le Groupe Accor) ;
◗ 100% Dematco ; et
◗ 50% Grand Hôtel de Kinshasa (sous contrat de gestion avec le Groupe Accor).

La société HMIE détient 29% de la Grande Cimenterie du Katanga SARL.
Je tiens à préciser que SDA Holding SA et African Equities SA sont des sociétés de droit belge, fiscalisées en Belgique, que leurs comptes annuels sont audités par des sociétés de réputation internationale et que leurs comptes annuels sont disponibles au grand public.

Nos sociétés à l'île Maurice sont des structures organisées qui gèrent des réseaux de distribution notamment pour la marque John Deere Agricole.

Outre son environnement fiscal spécifique, l'île Maurice (qui a conclu des conventions préventives de la double imposition avec la Belgique et le Luxembourg) est un pays compétitif en matière de Banking & Financement (les taux d'intérêts sont bien plus avantageux qu'en Afrique), offre une main d'œuvre qualifiée et bilingue (français et anglais) pour assurer le back office des sociétés de distribution du groupe et est bien plus proche géographiquement de l’Afrique.

CHIFFRES ET RESULTATS FINANCIERS.
Les chiffres d'affaires et les marges que ces sociétés ont réalisés au Congo et que les journaux belges indiquent dans leurs articles sont inexacts. Nous travaillons toujours avec des marges bénéficiaires répondant aux standards du secteur et du marché (marge brute de l'ordre de 25 à 30%) en fonction de la nature des services prestés (livraison machines, service après-vente, livraison de pièces de rechange, etc.).

Les journalistes belges ont, sur base d'estimations, évoqué un chiffre d'affaires de l'ordre de 750 millions de $US sur la période de 2009 à 2020. Nous confirmons avoir réalisé en RDC, sur les différents projets étatiques, un chiffre d'affaires de 417,4 millions de $US de 2004 à 2021, soit sur une période de dix-sept ans, une moyenne annuelle de 25 millions de $SD. Nous avons réalisé l'intégralité de ces contrats étatiques en RDC avec deux ministères : le ministère de l'Agriculture et le ministère des Travaux Publics et Infrastructures.

Ces deux secteurs sont prioritaires pour la RDC qui figure parmi un des plus pauvres pays au monde. Nous avons livré du matériel agricole et du matériel d'infrastructure des marques que nous représentons officiellement. Pour être plus complet, nos activités en RDC ne comptent que pour 5% du chiffre d'affaires consolidé du groupe.

Par contre, nous réalisons 35% du chiffre d'affaires consolidé du groupe sur le continent africain et plus précisément sur vingt-six pays; raison pour laquelle je parle plus d'Afrique que de RDC lors de mes présentations pour refléter notre diversification panafricaine. Il est vrai que nous sommes restés actifs sur le continent africain alors que bon nombre de groupes européens ont préféré quitter le continent.

REGLES DE COMPLIANCE.
En ce qui nous concerne, sur le continent africain comme partout ailleurs, les règles du groupe de SDA Holding en matière de compliance sont strictes et impliquent notamment, depuis de nombreuses années ;
l'imposition à tous nos collaborateurs du respect d'une Charte Compliance ;
la vérification systématique (au besoin via Thomson Reuteurs/Refinitiv cg) de l'intégrité et de la reptation de nos partenaires d'affaires (clients majeurs, contreparties transactionnelles, etc.) ;
la mise en place (au niveau de DEM Group SA et de SMT Holding notamment) d'équipes dédiées au suivi Juridique et Compliance de tous nos dossiers commerciaux ;
le respect systématique de l'ensemble des législations et réglementations (internationales et nationales) en matière d'intégrité des affaires, de procédures d'appels d'offres publics et de concurrence loyale notamment; la mise en place d'un département de Contrôle Interne au sein de SMT Holding et de DEM Group ;
l'audit intégral de nos activités par Price Waterhouse Coopers en Belgique; et l'interaction permanente avec les Départements Compliance de nos principaux partenaires d'affaires (banques et constructeurs principalement).

LES GRANDES REALISATIONS DE PHILIPPE DE MOERLOOSE EN RDC.
◗ Hôtel Karavia.
Le rachat et la réhabilitation complète de l'hôtel Karavia à Lubumbashi qui était dans un état de délabrement total et fermé depuis plusieurs années. Cet hôtel est aujourd'hui reconnu pour être le seul hôtel 5 étoiles du Katanga géré par le leader mondial dans le secteur de l'hôtellerie, le groupe ACCOR.

◗ Pullman Grand Hotel.
Le rachat de 50% des parts des Grands Hotels du Congo au groupe hôtelier Intercontinental Hotel Group qui avait décidé de quitter la RDC. Lorsque j'ai racheté l'hôtel, le bâtiment principal était fermé et la tour d'une capacité de 220 chambres était dans un état de délabrement avancé.

Aujourd'hui, le bâtiment principal a été complètement réhabilité, est géré par le groupe Accor sous l'enseigne Pullman et est sans aucun doute la référence hôtelière à Kinshasa. Nous avons lancé le programme de réhabilitation de la tour qui sera inaugurée fin 2022 et accueillera 220 chambres au standard Pullman 5 étoiles.

◗ Grande Cimenterie du Katanga.
Grâce à notre partenariat avec le groupe cimentier chinois West China Cement, nous avons construit une usine à chaux moderne, de dernière génération, et d'une capacité annuelle de 300.000 tonnes ainsi qu'une cimenterie d'une capacité de 1.200.000 tonnes par an.

Cette cimenterie est la plus grosse cimenterie au Katanga et a permis d'arrêter les importations de ciment des pays voisins. Le prix du sac de ciment a diminué de plus de 40% depuis le lancement de la cimenterie. Quant à la chaux, qui était importé par toutes les sociétés minières, cette chaux est aujourd'hui achetée localement évitant ainsi des importations en devises étrangères.

◗ Programmes volontaristes agricoles.
Dans le cadre des contrats signés avec le Ministère de l'Agriculture, notre groupe a livré du matériel agricole et tous les services connexes ayant permis le développement du programme volontariste agricole. Nous avons activement participé, à la volonté du Chef de l'Etat de la RDC, à devenir une puissance agricole à l'horizon de 2033.

Le gouvernement de la RDC a signé plusieurs contrats pour la mise en œuvre de projets agricoles volontaristes identifiant les filières agricoles à développer, les centres de production, les infrastructures nécessaires à l'acheminement de ce produit vers les centres de consommation.

Des études préalables ont été conduites pour chacun des sites que le programme volontariste agricole a décidé de lancer. Un plan d'affaires précis et détaillé a été établi par une Commission Interministérielle composée de membres des 3 Ministères signataires des contrats, le Ministère du développement rural, des Conseillers en matière d'Agriculture de la Présidence et de la Primature.

Les sites de Luiza, Nkuadi et Ruzizi sont aujourd'hui en pleine exploitation et commercialisent les cultures de maïs, riz et manioc à des prix bien inférieurs que le prix des matières premières importées. Le ministère de l'agriculture est pleinement satisfait de la collaboration avec notre groupe dans le cadre de la modernisation de la mécanisation agricole.

◗ La société Dematco.
Dematco est une société de construction bien réputée en RDC malgré le fait que cette société est fortement critiquée par la presse belge. C'est pourtant cette société qui a construit l'ambassade de la Belgique pour le compte du Ministère des Affaires étrangères Belge qui semble être satisfait des prestations de notre société.

Outre ses réalisations, la société Dematco réalise de nombreux chantiers pour des clients œuvrant dans l'humanitaire tels que l'UNICEF, la Croix Rouge, ...

Grâce à la mise en œuvre de ces différents projets dans l'hôtellerie, la cimenterie, les projets agricoles et la construction, notre groupe emploie aujourd'hui des milliers de congolais et offre de très nombreux emplois à des sous-traitants.
Notre groupe a toujours entretenu de très bonnes relations avec le gouvernement de la RDC, n'a jamais eu le moindre litige dans le cadre de l'exécution de ses contrats et a toujours livré le matériel aux conditions contractuelles.

Les propos tenus dans les articles de presse belge sont tout simplement insultants, non fondés et basés sur des rumeurs anonymes alors que nous avons pris la peine de répondre à leurs 355 questions en leur donnant tous les détails, en ce compris, les prix et tarifs des différents constructeurs que nous représentons.

Ces propos sont vraisemblablement tenus par le fait qu'un entrepreneur ayant grandi et débuté sa carrière en RDC a pu être sélectionné deux années consécutives dans le concours belge du manager de l'année.

Droit de réponse de Philippe de Moerloose publié dans la presse belge le 13 décembre 2021.

« Très récemment et, à plusieurs reprises, j'ai fait l'objet d'articles publiés dans ce journal dans le cadre d'une série consacrée à la République démocratique du Congo. Je n'ai jamais eu l'occasion de pouvoir échanger directement avec Le Soir, mais j'ai répondu aux questions posées par son partenaire de cette investigation journalistique, De Standaard.

Il y a quelques semaines, un journaliste de cette rédaction m'a annoncé la publication imminente d'une série d'articles sur la RDC et m'a adressé plus de 350 questions relatives à mes activités professionnelles dans ce pays. Comme je comprends et respecte le principe des investigations journalistiques qui s'inscrit pleinement dans le rôle des médias au sein du débat démocratique, j'y ai apporté mon entière collaboration.

Malgré le travail considérable que cela représentait, j'ai répondu de manière complète et détaillée aux questions qui portaient sur plus de 30 ans d'activité, soit l'ensemble de ma vie professionnelle. Je suis également resté disponible pour toutes les questions supplémentaires.

Après avoir passé la majeure partie de ma jeunesse au Zaïre, et après mes études à Bruxelles, j'ai débuté en 1991 mes activités dans la vente de pièces de rechange automobiles vers l'Afrique. Aujourd'hui, mon groupe basé en Belgique s'est développé autour de la distribution d'engins de chantier, d'infrastructures, agricoles, de carrières et de transport en représentant des marques de notoriété mondiale. Il réalise plus de 65% de son chiffre d'affaires en Europe et 35% en Afrique réparti sur 26 pays, dont moins de 5% en RDC.

Il ne m'appartient pas d'émettre un jugement sur les motivations des journalistes qui mènent cette investigation, mais la plupart des articles publiés tentent d'établir des liens entre le développement de mes activités et de supposées relations proches avec le monde politique congolais. En réalité, je n'ai jamais été associé à une quelconque personnalité ou famille politique, par contre, dans le cadre de mes fonctions et de la conclusion de marchés publics avec différents gouvernements, j'ai bien entendu rencontré de nombreux ministres et chefs d'État européens ou africains dans le strict respect des règles de bonne gouvernance.

D'autres articles tentent de démontrer que des véhicules et des engins auraient été vendus en RDC pour des montants volontairement exagérés alors que, comme communiqué au journaliste, nous avons précisé toujours travailler avec des marges bénéficiaires répondant aux standards du secteur et du marché (marge brute de l'ordre de 25 à 30%) et avec des prix variant en fonction de la nature des services prestés (livraison machines, service après-vente, livraison de pièces de rechange, ...).

Pire encore, des amalgames et des raccourcis tendent à faire croire que des engins purement d'infrastructure auraient été vendus à des fins militaires au mépris de règles internationales et induisent même une participation indirecte à des actions de l'armée congolaise.

Dans la totalité des régions où nous opérons - en Europe, en Afrique, au Royaume-Uni - nous appliquons les mêmes règles strictes en matière de compliance, avec le respect systématique de l'ensemble des législations et réglementations (internationales et nationales) notamment en matière d'intégrité des affaires, de législations applicables aux marchés publics et de concurrence loyale. Nos activités sont consolidées en Belgique et auditées dans les règles de l'art.

Aujourd'hui, après avoir fait le choix de collaborer à cette investigation journalistique et après avoir fait preuve d'ouverture et de transparence, il apparaît que les derniers articles publiés par Le Soir et De Standaard s'intéressent moins au système politique qu'ils voulaient décrier qu'à ma personne et mes activités.

Si mes propos et infirmations sont parfois repris, des interprétations et des chiffres restent contestables, à l'image des chiffres d'affaires réalisés en RDC où il est question de 742,9 millions d'USD sur la période de 2004 à 2021, alors que les chiffres audités attestent de 417,4 millions d'USD, soit un chiffre d'affaires moyen annuel de 25 millions d'USD.

Au-delà de ma personne, il est évident que j'attache la plus grande importance à la préservation de la réputation de mon groupe qui est un acteur important dans le domaine de la distribution d'engins civils.

Je ne peux accepter que soient diffusées des amalgames fantaisistes et des informations erronées ayant pour objet ou pour effet de fragiliser la réputation et de jeter le discrédit sur les activités du groupe».


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