A Ouaga, l’armée prend le pouvoir
  • lun, 24/11/2014 - 01:30

D’où viennent ceux qui se sont réunis dans une petite salle à Ouaga? Qui les a qualifiés?

Les chancelleries ne voulaient pas d’un militaire, le voici à la tête du Gouvernement. C’est le lieutenant-colonel Isaac Zida, l’ancien n°2 de la garde du président déchu, qui conduira comme Premier ministre, l’exécutif du Faso. Les chancelleries n’ont pas critiqué, voulant sans doute donner sa chance au pays. On pensait que l’Etat de droit allait être préservé mais si la Constitution a fini par être rétablie, on ne savait toujours pas le sort du successeur constitutionnel du président - sur papier le président de l’Assemblée nationale. Et les Députés rasaient toujours les murs. De quelle poche est sorti ce président de transition Michel Kafando? Qui a armé les jeunes? D’où viennent ceux qui se sont réunis dans une petite salle à Ouaga? Qui les a qualifiés? Reste que l’annonce d’un gouvernement de transition, dont la composition est un test majeur sur le rapport de forces dans le pays, avait à nouveau été reportée à dimanche, les négociations ayant pris beaucoup de retard. Ce report intervient «pour des raisons organisationnelles», a déclaré un officier proche, après un retard conséquent.

L’ARMEE A PRIS LE POUVOIR.
Alors que l’annonce du gouvernement était attendue dans la journée, le lieutenant-colonel, homme fort du pays depuis la chute de Blaise Compaoré, n’est allé que vers 19H30’ à la présidence pour présenter une liste au chef de l’Etat intérimaire. En fin d’après-midi, un communiqué du président Kafando avait annoncé le report sine die du premier conseil des ministres, qui devait ponctuer la formation du gouvernement, un signe que les tractations duraient plus longtemps que prévu. Le refus par l’armée de plusieurs candidats présentés par la société civile serait à l’origine de ce retard, selon la source militaire. Le casting ministériel avait été d’abord annoncé pour jeudi, puis pour samedi au plus tard. Divergences et rivalités au sein de l’opposition et de la société civile, dont un militaire dénonçait les «appétits voraces», ont compliqué le processus. La composition de l’équipe, qui ne sera actif qu’un an, sera scrutée à la loupe: elle permettra d’en savoir plus sur la répartition des pouvoirs au sommet de l’Etat. «Maintenant qu’on a un n°1 et un n°2, on va voir si le n°2 a, oui ou non, plus de pouvoir que le n°1», a décrypté un diplomate. Si l’armée s’octroie les portefeuilles clés, la mainmise d’Isaac Zida devrait être ouvertement confirmée, selon des experts du dossier, même si le lieutenant-colonel a transmis symboliquement le pouvoir vendredi au président intérimaire. Si, à l’inverse, les civils occupent les principaux ministères (Sécurité, Affaires étrangères, Finances, etc.), cela signifiera que Kafando gagne en indépendance... ou que l’armée manoeuvre plus subtilement. Chaque jour qui passe montre qu’à Ouaga, ce fut un coup d’Etat militaire. On le savait dès les premières heures, il faut le dire désormais...


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