Monter l’armée en puissance de feu, faire susciter crainte et respect
  • dim, 17/07/2022 - 02:08

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1557|DIMANCHE 17 JUILLET 2022.

Le lendemain 30 octobre 2013, l’avion de Jacob Zuma avait à peine décollé de l’aéroport de N’Djili pour Pretoria que les événements s’accéléraient dans la guerre qui opposait depuis un an et demi les FARDC au M23. Le dernier verrou, la cité de Bunagana, à la frontière ougando-rwandaise, venait de sauter.

Notre pays vit un état intenable : une force onusienne Monuc/ Monusco présente depuis 1999, soit plus de deux décennies et la plus forte armée onusienne jamais déployée au monde avec 20.000 hommes - qui n'atteint pas de résultat mais soupçonnée de tout ; des forces armées étrangères des pays voisins invitées à combattre aux côtés de nos FARDC mais dont l'efficacité et la loyauté sont à prouver ; nos FARDC à la fidélité et à l'engagement remis en cause, accusés de divers accointances; et, pour couronner le tout, le M23, l'arbre qui cache la forêt, défait le 4 novembre 2013, par l'armée régulière qui redorait son image, appuyée par une force onusienne, brigade d’intervention et force de réaction rapide, formée de soldats des pays de la SADC, Afrique du Sud, Tanzanie, Namibie, au lendemain d'une visite d'État au Congo, la première de l'histoire, d'un président sud-africain Jacob Zuma.

Mardi 29 octobre 2013, face au parlement congolais réuni en congrès, Jacob Zuma a, à la bouche, des mots en forme d'ultimatum, au M23 et à ses soutiens, les pays voisins: «Enough is enough. Time for peace is now» (Trop c’est trop. L'heure de la paix a sonné). La souffrance du peuple congolais est aussi notre souffrance. De même, sa prospérité. La misère ne peut plus continuer et ne sera plus tolérée».

JACOB ZUMA AVAIT À PEINE DÉCOLLÉ…
Le lendemain 30 octobre, son avion avait à peine décollé de l’aéroport de N’Djili pour Pretoria que les événements s’accéléraient dans la guerre qui opposait depuis un an et demi les FARDC au M23. Le dernier verrou, la cité de Bunagana, à la frontière ougando-rwandaise, venait de sauter.

Le jour même à 20 heures, au jt de la télévision nationale Rtnc, le Chef de l’État, Commandant en Chef des armées, parlait d'«une victoire totale», une première, indiquait au M23 «la voie royale pour la paix et la stabilité dans la région (qui) réside dans la mise en œuvre, effective et de bonne foi, de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, ainsi que de la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies».

Le M23 lui-même proclamait sa fin. «À cette fin, le chef d'état-major et les commandants de toutes les unités principales sont priés de préparer les troupes au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration, selon des termes à convenir avec le gouvernement du Congo», déclarait dans un communiqué, depuis Kampala où il s'était réfugié, le chef politique du M23 Bertrand Bisimwa rejoignant Kinshasa et la Monusco.

«Il est important que le M23 [...] déclare la fin de la rébellion. Les combats doivent cesser pour que les deux parties puissent négocier une issue politique à leur conflit», déclarait, le jour même, dans un communiqué, le chef de la Monusco Martin Kobler.

Pourquoi et comment, neuf ans après, le mouvement M23 refait surface à Bunagana, Mbuzi, Runyonyi, Chanzu, etc., à la même frontière ougando-rwandaise, sur les mêmes collines, qu'il occupe depuis un mois déjà, avec cette fois une incroyable puissance de feu que ne dispose ni la Monusco, ni les FARDC? Quelles réponses le Congo doit donner à cet état de choses ?

Une stratégie qui vise à terme à faire susciter la crainte pour se faire respecter est à enclencher d'urgence.
(Dossier sur version papier)
T. MATOTU.

Sur la crainte et le respect, un texte interpellateur

Ce beau texte de Laurence Cochet dans Marie France paru le 17 août 2018, au titre «9 clés pour se faire respecter». Sur la crainte et le respect, texte interpellateur que les Congolais doivent lire et intérioriser.

Quand les animaux ne connaissent que la force, la soumission ou l’indifférence pour survivre, les êtres humains, eux, se veulent civilisés et révérencieux. Pas toujours simple, pourtant, de susciter l’attention de l’autre et de l’aider à accepter nos différences…

1. Parler aux neurones miroirs.
Notre cerveau est génial. Garant de notre survie, il a développé une formidable faculté : celle de nous pousser à imiter les faits et gestes de nos interlocuteurs pour anticiper leurs réactions.

«Grâce à ces neurones miroirs, toute intention malveillante à notre égard est détectée en temps réel, ce qui permet de se protéger plus rapidement», explique la psychologue Martine Laval dans N’écoutez pas votre cerveau ! Comment rester sain dans un monde malade, InterÉditions.

Excellente nouvelle : si ça marche pour contrer l’agressivité, ça fonctionne aussi pour induire les bonnes intentions et forcer l’autre au respect. Exemple : en négociation chez un commerçant, si vous mettez de la rondeur et de la délicatesse dans vos gestes en déplaçant vos lunettes ou en lui souriant, vous créez les conditions d’une relation déférente. .

2. Se redresser.
C’est toujours les jours de petite forme que l’on vous marche sur les pieds. «Il s’agit d’un comportement très animal, explique le psychiatre Stéphane Clerget, auteur de Osez vous faire respecter !, Albin Michel. Les mammifères s’attaquent aux faibles, aux malades et à ceux qui se présentent la tête basse».

Pour éviter de réveiller l’esprit de meute, mieux vaut donner l’impression d’exister, en soignant votre image : votre coupe de cheveux, votre tenue, votre confort. Soyez à l’écoute de vos besoins, vous dégagerez plus d’assurance et vous imposerez. Votre posture : comportez-vous en «femelle dominante». Adoptez une attitude stable, pieds ouverts, dos droit, tête haute. Regardez les gens pour établir un contact. Il suffit parfois d’un sourire ou d’un geste pour se faire un allié.

3. Protéger sa vie privée.
Tout dire de soi, c’est très tendance chez les people. Néanmoins, méfiance. En livrant ses petits secrets aux autres, on leur laisse croire qu’ils ont toute légitimité pour nous juger, voire prendre du pouvoir sur nous…

Conclusion : «Avant de tout déballer sur votre insupportable belle-mère, choisissez bien celle à qui vous allez vous confier avant de préciser ce que vous attendez d’elle : une écoute parce que vous avez besoin de vider votre sac ou un véritable conseil parce que vous hésitez entre deux attitudes», explique Isabelle Benech, conseil en communication.
N’oubliez pas : quand le cadre est posé, les limites s’imposent d’elles-mêmes…

4. Imposer son bon droit.
« Si la pipelette du guichet de la poste vous ignore, préférant raconter son week-end à une collègue désœuvrée, vous êtes en droit de vous plaindre», précise Stéphane Clerget. N’hésitez pas à lui faire remarquer que vous êtes là avec votre recommandé. Il faut parfois être ferme. Rien ne justifie que l’on vous ignore ni que l’on vous fasse subir des humiliations.

5. Aider sans assister.
Le respect, on ne peut pas l’exiger des autres. Asséner à son ado : «Je suis ta mère, alors tu me respectes! » risque surtout de renforcer sa mauvaise volonté.

Technique plus efficace pour obtenir son adhésion : «L’encourager à se respecter davantage lui-même», conseille Jean-Louis Fel, conseil en efficacité personnelle et professionnelle, dans Bien dans sa peau sans vouloir celle des autres, Dunod.
En n’hésitant pas à lui faire confiance, en lui posant des questions sur sa vision des choses, en le laissant trouver ses propres solutions et en lui proposant votre aide, en cas de besoin.

6. Savoir dire stop.
Dans un couple, l’irrespect est à craindre si l’un des deux pense qu’il faut tout accepter par amour. L’acte de mariage ne stipule-t-il pas que le respect mutuel est de mise entre époux ?

Votre mari vous fait une remarque déplacée? «Renvoyez la balle dans son camp en posant une question du type «Qu’est-ce qui se passe?» ou «Tu te sens agacé?»», suggère la psychothérapeute Catherine Deshays, Trouver la bonne distance avec l’autre, InterÉditions.

Et laissez-le grogner sans attendre de réponse, ce qui vous évitera de tomber dans une relation de dépendance ou de vous enfermer dans le piège des explications. En cas d’écart de langage ou de comportement, la priorité est d’y mettre un terme. Grâce à votre question, l’agressivité qu’il exprime devient son problème. S’il est soucieux de vos relations, il réagira intelligemment.

7. Exprimer sa pensée.
Quelques-unes d’entre nous se plaignent de ne pas être considérées comme des interlocutrices capables d’avoir un point de vue… que leur passivité empêche d’exprimer. «Sortir de l’inertie permettrait à certaines femmes de gagner en respect, affirme le psychothérapeute Alain Héril, Aimer. S’aimer soi pour mieux aimer l’autre, Marabout.

Mais, pour y parvenir, elles doivent d’abord s’autoriser à exprimer leurs pensées, que celles-ci soient complémentaires, opposées ou juste originales et pertinentes». Vous avez des valeurs? Défendez-les! On gagne le respect des autres en affirmant le respect que l’on a de soi.

8. Répondre aux attentes légitimes.
Au boulot, soignez la forme pour faire grimper votre cote de respectabilité. Arrivez à l’heure à vos rendez-vous, tenez vos engagements, planifiez votre travail, mettez de l’ordre dans vos affaires…

Sachant que l’on vous juge sur votre rigueur, n’oubliez pas que trop de fantaisie dans un contexte inadapté risque de vous attirer une réputation d’électron peu fiable ou ingérable. «Être attentive à la sensibilité de ceux que vous côtoyez 35 heures par semaine afin de vous ajuster à leurs attentes légitimes est un bon moyen d’obtenir leur respect», préconise Jean-Louis Fel.

9. Éduquer sa progéniture.
Votre fils emprunte vos affaires, fouille dans votre sac, s’invite dans votre chambre sans frapper, autant de comportements inacceptables qui peuvent s’améliorer en jouant sur trois leviers, analyse Stéphane Clerget. L’aider à prendre conscience de ce qui peut être désagréable pour les autres.

Penser que laisser un carrelage trempé dans la salle de bains peut être déplaisant pour les suivants est une démarche active, qui ne va pas de soi. Etre attentive au respect que vous lui portez : fouiller dans son cartable, répéter ses secrets, ne pas tenir ses promesses ou se promener nue devant lui malgré sa gêne…

C'est lui donner l’impression qu’on le considère comme quantité négligeable et de s’exposer à la réciproque. Se montrer pleine de délicatesse avec les autres devant lui et encore plus avec son père, auquel il s’identifie.


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