Les trois «V» de la Justice congolaise
  • lun, 23/10/2017 - 13:03

Le ministre de la Justice Garde des Sceaux Alexis Thambwe-Mwamba a fait le 18 octobre à Kinshasa un réquisitioire sans appel contre la justice et le magistrat congolais, déclarant, devant le Conseil supérieur de la magistrature, notamment que «l’arrestation et la détention sont devenues un instrument d’intimidation et de terreur contre les inculpés pour les amener à libérer leurs avoirs, avec à la clé le fameux principe et objectif de «3V»: V comme Villa, V comme Véhicule et V comme Veste que tous les magistrats cherchent à avoir par l’exercice d’une profession, qui jadis, fut un apostolat». «Pour des peccadilles comme pour les faits purement civils, le ministère public est prêt à priver de liberté l’inculpé dans le seul but d’obtenir de celui-ci des sommes d’argent pour accorder la liberté provisoire». Et les exemples n’ont pas manqué. De poursuivre: «Nonobstant les apports scientifiques des participants lors de ces assises et les efforts conjugués par les autorités du pays, l’état de la justice, loin de s’améliorer et d’être au service du peuple et de la nation, demeure jusqu’à ce jour, infecté par plusieurs maux qui gênent son bon fonctionnement et sa meilleure dispensation, et font d’elle un instrument au service d’une catégorie des personnes privilégiées et protégées au détriment d’une autre considérée comme faible et dont les droits sont souvent méconnus par les organes intervenant dans l’administration de la justice». Puis, «à titre illustratif, l’on peut noter le non fonctionnement de certaines juridictions et offices des Ministères publics dans certaines contrées des provinces du pays; l’affectation des magistrats sans expertise avérée à la tête des certaines juridictions spécialisées telles que les Tribunaux de Commerce, Tribunaux de Travail et tribunaux pour enfants; la lenteur dans l’administration de la justice observée souvent à cause notamment du non-respect du délai de prononcé des jugements dans les affaires prises en délibéré dont les décisions peuvent parfois intervenir au-delà d’une année, et ce, même lorsqu’il s’agit des matières d’urgence parce que les magistrats ayant la cause dans leur chambre sont dans l’attente des tractations avec les parties; le phénomène dit de 10% des sommes à allouer que les magistrats du siège exigent pour rendre une décision plus favorable à la partie qui s’engagerait à combler leurs attentes une fois que la décision sera exécutée. Puis de dire qu’il ne saurait «taire le cas de nombreuses personnes détenues depuis de longues années sans régularisation de leur détention et sans qu’elles ne soient non plus présentées devant la juridiction de jugement tout simplement parce que l’inculpé ou sa famille n’a pas satisfait aux exigences pécuniaires du magistrat instructeur ou du chef d’office qui refuse d’ apparaitre personnellement». Ce discours aura fait date dans l’histoire de la magistrature congolaise.
ALUNGA MBUWA.


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