Les Congolais déversent dans la rue leur ras-le-bol face au projet de morcellement du pays
  • lun, 05/12/2022 - 22:00

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1567|LUNDI 5 DÉCEMBRE 2022.

Les Congolais, à travers le pays, ont exprimé leur ras-le-bol dimanche 4 décembre 2022 face au projet de morcellement de leur pays instrumentalisé par des puissances financières via des pays voisins.

À la veille de l'arrivée du pape François et à l'appel de l'Église catholique, ils étaient nombreux dimanche 4 novembre 2022 à déverser leur colère dans les rues et avenues des grandes villes.

Depuis la Cité du Vatican où il prenait part à un Collège des Cardinaux autour du Saint Père, l'archevêque de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, a enregistré la veille, samedi 3 décembre, une vidéo qualifiant cette journée du 4 décembre 2022 de «journée de très très importante pour le peuple de Dieu ». «Un Congolais, une Congolaise qui a l'amour de son pays, et qui est touché par la souffrance de son peuple, demain, il doit se lever et dire non à ce projet de morcellement du pays, de balkanisation du Congo ».

Le cardinal a demandé de ne donner «aucune signification politique» à cette marche. Il s'agit simplement «de montrer au monde entier que nous sommes un seul peuple, uni pour la cause nationale, uni pour l'unité et la souveraineté de notre pays mais aussi pour la dignité de notre peuple ». Il s'agit «d'exprimer notre ras-le-bol de cette crise à répétition, qui dure depuis trois décennies sans qu'on ne voit de pistes de solutions qui pointent à l'horizon».

Le cardinal a fait part de «toute sa proximité, de sa communion et de son soutien à ce qui se fera» (dimanche 4 décembre).
Une marche pacifique contre la guerre et l'insécurité qui font fureur dans l'Est du pays, en Ituri et dans le Nord-Kivu, tout comme, depuis peu, dans le Grand Bandundu, dans les provinces du Kwango et du Kwilu.
Plusieurs ordinaires locaux avaient relayé le message de l'épiscopat congolais, lancé au terme de sa dernière assemblée plénière, en invitant leurs diocésains à descendre dans la rue.

Les Congolais ont ainsi répondu nombreux à cette mobilisation, pour le deuxième dimanche de l’Avent. L’appel à prier et à manifester pour le retour de la paix dans le pays, avait été relayé par plusieurs ordinaires dans leurs diocèses respectifs.
Dans une récente interview accordée au journal chrétien françois, La Croix Africa, Mgr Sébastien-Joseph Muyengo, évêque d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu, s’était exprimé sur la dégradation de la situation sécuritaire, demandant la création d'un tribunal international pour juger les crimes militaires dans le pays.

«Par cette marche pacifique, nous allons montrer au monde entier que nous en avons assez des guerres répétitives à l'Est du pays», avait déclaré Mgr Janvier Kataka Luvete, à ses diocésains de Wamba dans la province du Haut-Uele. La première semaine du temps liturgique de l’Avent aura ainsi été marquée par le jeûne et la prière.

À l’issue de leur rencontre de novembre, archevêques et évêques du Congo, membres de la CENCO, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo, avaient exprimé leur vive préoccupation face à la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays.

Réunis à Kinshasa, du 7 au 9 novembre 2022 en assemblée plénière extraordinaire pour examiner des mesures d’application de l’accord-cadre entre le Saint-Siège et la République démocratique du Congo, dans la déclaration finale publiée à l’issue de cette rencontre, ils se sont déclarés préoccupés par la dégradation de la situation sécuritaire du Congo, en général et de l’est du pays en particulier.

«NOTRE PAYS EST EN DANGER».
«L’heure est grave. Notre pays est en danger! Ne laissons pas balkaniser la RDC du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, ainsi que dans la diaspora, mettons-nous tous debout pour sauvegarder l’intégrité territoriale de notre Pays », a martelé la CÉNCO invitant, par la même occasion, les chrétiens et les personnes de bonne volonté à poser des gestes de solidarité envers les déplacés.

Leur déclaration est une sonnette d’alarme sur le danger que court le pays et sur la responsabilité de tous pour y faire face.
Depuis cinq mois, des localités de la province du Nord-Kivu, notamment Bunagana, Rutshuru et Kiwanja se trouvent entre les mains des rebelles du mouvement du 23 mars, le M23, appuyés par les armées du Rwanda et de l’Ouganda, selon des sources fiables, disent les évêques. Le déplacement massif des populations et le nombre de morts ne fait qu’augmenter.

L’insécurité, les évêques l’observent également dans la province de l’Ituri. Mais aussi dans les provinces du Kongo-Central, du Mai-Ndombe et du Kwilu, et ailleurs. Et les évêques écrivent: «Notre nation est en danger! Si nous n’y prenons garde, nous allons nous réveiller un matin avec un pays balkanisé».

La CÉNCO estime qu’il est plus que temps que l’État assure à tous les citoyens le droit le plus élémentaire à la vie et à la sécurité et au pays, son intégrité territoriale. Ils appellent à la responsabilité des acteurs politiques du pouvoir et de l’opposition, à la responsabilité des forces armées, ainsi qu'à celle de la communauté internationale invitée à bannir la duplicité et la complaisance envers les multinationales, et les pays prédateurs des ressources naturelles du Congo. Ils exhortent à la vigilance et à la mobilisation du peuple tout entier, invitent les chrétiens et les personnes de bonne volonté à jeûner, prier, et poser des gestes de solidarité envers les déplacés.

Ils conviaient «tout le monde à marcher pacifiquement le dimanche 4 décembre», concluait la déclaration de la CÉNCO, avant de prier pour l’intercession de la Vierge Marie, Notre-Dame du Congo, en ce moment particulier de l’histoire du pays, encourageant les efforts diplomatiques comme solution éventuelle à la «tragédie».
D. DADEI.


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