Daniel Ngoy Mulunda Nyanga
Le rôle néfaste des membres du bureau de la Céni
  • mer, 18/01/2012 - 09:13

MISE EN LIGNE LE 18 JANVIER 2012 | LE SOFT INTERNATIONAL 1ERE ÉD. N° 1146 DATÉ 18 JANVIER 2012.
On les disait indépendants, ils n’ont jamais été aussi dépendants. Dépendants de leurs états-majors! Certains - naïfs - les prenaient pour des apolitiques, les membres du bureau national de la Commission électorale nationale indépendante comme ceux de l’administration de l’institution citoyenne et par effet d’entraînement tous les agents et petits clercs de brousse, étudiants recrutés dans la capitale avant d’être envoyés en mission dans l’arrière-pays, n’ont jamais été aussi politiquement engagés. Tous avaient une obligation de résultat.

A quatre heures de route de Kinshasa, Masimanimba a vu atterrir comme chefs BL (bureau local de la Céni) deux agents du Parti lumumbiste unifié venus tout droit de... Gungu, siège secondaire du Palu. Les originaires crient au scandale et à la discrimination - la Céni n’en a cure - quand la tradition instaurée est celle d’un recrutement local compris comme moyen de donner du travail dans nos contrées...

Si, à la suite des pressions exercées à l’échelle nationale par les 19.000 candidats à la députation nationale, Daniel Ngoy Mulunda se résout à signer une décision de mouvement de chaise musicale de tous les chefs BL du pays, cette décision intervient à la veille des scrutins. Le vin est tiré, il faut le boire... jusqu’à la lie!

Lors des opérations d’enrôlement des électeurs - l’une des clés d’une fraude planifiée -, le territoire de Masi a perdu un siège, Bulungu trois! Gungu et Kikwit en gagnent un chacun, Gungu passant de 4 à 5 Députés, Idiofa et Kikwit se sont mystérieusement maintenus à 7 et 3!

Premier ministre du gouvernement de la République, Adolphe Muzitu Fumundji s’est réservé un siège à Kikwit. En 2006 c’est en candidat malheureux que Muzitu s’était présenté aux provinciales de... Kinshasa!

Mais Kikwit n’a pas été porte-bonheur. Le premier ministre s’est fait élire à la Pyrrhus alors que les contestations post-électorales pleuvent dans la grande ville du Kwilu. Score personnel (moins de 15.000 voix) dénote d’une faillite systémique. Il n’empêche!

L’ex-ministre Palu du Bugdet, Matthieu Mpita qui porte mal sa nomination puisqu’il doit son poste à la Céni au camp opposé - celui animé par Frédéric Mayobo qui passe pour l’oreille du patriarche du Palu - peut se lécher les babines. Il a fait le travail...

Mais le puissant rapporteur de la Céni est loin d’être sorti de l’auberge: il a mission de sauver la maison menacée par l’incendie du vote sanction. Alors qu’en 2006, le Palu avait enlevé 5 Députés à Bulungu, le parti a été balayé en 2011! Le parti paie comptant sa guerre avec des élus locaux...

Les nouvelles qui viennent de Masimanimba sont terribles. Ici, le P.A livre bataille en première ligne et à visage découvert contre le sectarisme. C’est scientifique.

Rappel à l’histoire, au contentieux politique kwilois du P.S.A, le Parti solidaire africain de Gizenga-Mulele-Kamitatu, au faux navire amiral lumumbiste, à la «trahison» supposée de Cléophas Kamitatu, à la danse Mobutu-Kamitatu, à l’écrasement de la rébellion muleliste-muneniste (déc. 1963-sept. 1968), à la mise à mort de Pierre Mulele (2 oct. 1968), au règlement des comptes que permettent la chute de Mobutu et l’avènement de la démocratie, aux pleurs des Mbala majoritaires dans Masimanimba et Bulungu coupables d’avoir brisé la rébellion!

AU BANDUNDU ORDRE EST DONNÉ DE SAUVER LA CITADELLE PALU.
Il n’y a pas que Bulungu et Masi. Il y a pire: Idiofa et, surtout, Gungu, les territoires culte du Palu qui ont vu la naissaince de la rébellion Pende et Ambuun! Matthieu Mpita est reparti à la charge. On connaît la suite...

Ils étaient 5 Palu en 2006 à Masi, Mpita se contentera d’un seul député nommé mystérieusement!

Ils étaient quatre à Idiofa, Mpita fera nommer 2! Mystérieusement! Mais Gungu a pris feu... Les bulletins de vote ont été brûlés quand une pluie a arrêté la catastrophe mais le chef BL et son adjoint ont démissionné outrés par «des pressions inadmissibles» de la hiérarchie du Palu qui explique qu’«il est interdit que le fief du Patriarche tombe dans les mains de quiconque...».

Ailleurs dans le pays, la situation est partout identique. De retour de l’arrière-pays, un membre du bureau dénonce «un climat de terreur».

«Au Kasaï, ce ne fut pas le scrutin, ce fut un soulèvement populaire. A Popokabaka, l’évêché a mis ses véhicules au service de ses candidats.

A Kabare, dans le Sud Kivu, «aussitôt la compilation terminée, deux agents de la Céni Valentin Birhacihana et Neema Bahati seront pris en flagrant délit de fraude et de falsification des résultats en faveur de Mme Eliane Kabare Nsimire, candidate n°60 sur la liste Palu. Ces deux agents ont été déférés devant la Justice, jugés en flagrance et condamnés à deux ans de prison ferme (...). La Céni fermera les yeux et alignera la dame corruptrice et bénéficiaire des voix frauduleuses. Evidemment, elle appartient au parti Palu du rapporteur général de la Céni. Justice à deux vitesses», dénonce Modeste Bahati Lukwebo, président de l’Afdc, membre de la majorité, dans un «Mémorandum sur la corruption, la fraude et la tricherie éléctorale à Kabare/Sud-Kivu».

Chacun des membres du bureau de la Céni a son quota. «La Céni c’est la Conférence de Berlin. Chaque membre du bureau est souverain dans son fief», s’insurge un texto largement distribué par un candidat... malheureux qui soutient qu’à Idiofa, 244 bureaux n’ont pas été compilés et qu’entre le scrutin présidentiel et celui des Législatives, la circonscription a signalé un «écart de 70.000 votants de trop». Signe évident de fraude.

Si tout le Bandundu a voté pieusement son président Joseph Kabila à la présidentielle, les bourrages des urnes ont donc eu lieu aux Législatives.

Si contraints et forcés par un fleuve de contestations et de dénonciations, les membres du bureau national de la Céni ont reporté l’annonce des résultats provisoires et se sont déployés à travers le pays, c’est comme s’ils n’avaient pas quitté la capitale caniculaire où les dénonciations de fraude massives sont quotidiennes notamment au centre de compilation de la Fikin.

«Tu as mission de protéger mon quota. Moi de protéger le tien! Jamais tu ne lâcheras prise...», tonnent des voix au téléphone. Les loups ne se mangent pas entre eux.

On comprend les révoltes qui ont lieu à l’intérieur des cartels politiques voire au sein d’un même parti politique.

A la Majorité, on cherche à arrêter la tragédie en mettant en place un cadre de règlement de contentieux électoral quand d’autres se font récompenser par une nomination après avoir fermé la gueule! Trop tard! Face au scandale, la résistance a pris forme et se consolide jour après jour.

LE CHEF BL FRANÇOIS YABWALA SAISIT LUI-MÊME «SES» DONNÉES.
A Masi, une dame s’est taillée 26.000 voix au Clcr. Au soir du 28 novembre, elle était en pleurs. La richissime ayant reconnu sa défaite avait entrepris de reprendre ses dons (motos, vélos, bibelots, etc.) offerts aux chefs coutumiers amenés par quatre conteneurs.

Un candidat Palu a concédé sa défaite. A la surprise générale - lui-même en tête - il s’est fait attribuer un siège. Ordre est venu de Mpita, qui cite la Primature. Sacrifié, un vice-ministre du Gouvernement, secrétaire général de la communauté musulmane, crie vengeance et appelle la colère d’Allah!

Dans une correspondance qui circule, il accuse: «Des PV de quelques centres en ma possession, j’ai obtenu plus de 7.280 voix de mes électeurs alors que la liste du Palu, au travers le candidat appelé Floribert Luboto qu’il tient à imposer, à tout prix, à toute la République, comme Député National élu, a réuni moins de voix que la mienne. Tandis que la liste PPRD a détruit les vrais procès-verbaux de vote pour les remplacer par d’autres, tels que ceux de Kinzenga, Kitoy, Mokamo et Pay Kongila, ceci en faveur d’un candidat dont je tais le nom (... et) qui ne comptait, sur les listes authentiques que 3.100 voix, il est monté jusqu’à 12.641 voix (cfr. fiche de compilation non imprimée le 31 décembre 2011) (...).

Plus grave encore, une candidate du RRC, à la faveur de plusieurs milliers des dollars qui ont fait jaser certains membres du Clcr/Masimanimba a réussi à faire monter à 20.221 voix, les 5.218 qu’elle avait obtenues (cfr fiche de compilation non imprimée le 31 décembre 2011). Cette dernière au moins n’a pas été bien aidée, car lui ajouter 15.000 voix n’a pas été chose facile aux agents du Clcr qui avaient reçu force argent. Ainsi, ils ont préféré falsifier environs 70 procès-verbaux avec des ratures en sa faveur qu’ils ont abandonnés à Masi-Manimba. Par exemple, le cas du candidat PPRD qui a réussi à changer les résultats des centres de Masamuna/Kinzenga de 15.171 A au 15.171 W, les codes 15.158 B, 15.158 D et beaucoup d’autres pour qu’il se retrouve dans les 12.000 voix» (lire fac-similé à la page 4).

A Masimanimba, un collectif de partis politiques (P.A, ARC, MSR, PVR, UCC, MLC, AFDC, etc.) et de candidats indépendants fait état d’«irrégularités constatées au Clcr par les témoins des partis politiques et des candidats indépendants».

Cela ne manque pas de piquant:

- Le 29 déc. 2012 à 2h30’, M. François (Franck) Yabwala, chef d’antenne et secrétaire du Clcr a saisi des données à la machine sans en avoir qualité;
- Les membres du bureau du Clcr ainsi que l’informaticien «Prince» ont manipulé et falsifié les résultats dans la machine;
- Discordance entre les PV de dépouillement et les résultats injectés dans la machine;
- Les injonctions et les pressions politiques de Kinshasa notamment du Palu pour modifier les résultats en sa faveur;
- Les membres du bureau du Clcr ont tenté en vain de faire signer aux témoins des PV vierges des résultats;
- Les témoins n’avaient accès ni aux PV, ni aux traces de saisie après apurement;
- Le bureau du Clcr a quitté Masimanimba sous escorte policière venue de Kikwit sous commandement d’un colonel sans signer les PV de compilation (avant d’être transvasé pour Kinshasa à bord d’une jeep d’une candidate, ndlr);
- L’informaticien «Prince» s’est fait administrateur du Clcr sans en avoir qualité en vue d’injecter des faux résultats dans la machine sous ordre du président du Clcr, M. Didier Mayumbu».

T. MATOTU.

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