Le fleuve devient une nécropole flottante mais le D-G de la RVF Ngomper s’offre 15 jeeps 4X4
  • lun, 22/02/2021 - 19:11

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1519|LUNDI 22 FEVRIER 2021.

Avec le dernier naufrage survenu le 14 février, jour de la Saint Valentin, à Longola Ekoti, vers Kwamouth, à quelques encablures de Kinshasa, au total, environ 500 personnes auront péri noyées suite au naufrage des embarcations, entre janvier et mi-février 2021 sur le fleuve ou sur le lac Edouard. Aucune réaction, à ce jour, ni de la RVF, Régie des voies fluviales, ni du ministère des Transports et des Voies de communication.

Didier Mukoma, président des armateurs r-dcongolais à la FEC, la Fédération des entreprises du Congo, estime que la surcharge des embarcations évoquée, chaque fois, par la RVF, pour justifier le chapelet des naufrages enregistrés sur le fleuve, est trop simpliste. «Une unité fluviale peut charger jusqu’à 20 cm du tirant d’eau, un bateau de 450 t peut charger jusqu’à 1,40 m du tirant d’eau, mais lorsque celui n’est qu’est qu’à 1,20m. Nous naviguons sans information. La RVF doit faire son travail pour déterminer le tirant d’eau, de balisage… ».

Et le patron des armateurs locaux d’ajouter : «comment peut-on respecter des consignes qui n’existent pas. Il n’y a pas des signaux, pas de balisage permanent… ». Le Code de navigation de la R-dC remonte au temps pré-colonial, à l’époque de l’EIC, l’Etat indépendant du Congo. Au lendemain du naufrage de la Saint Valentin, une équipe d’experts de l’Organisation météorologique mondiale s’est rendue aux installations de la RVF. Elle en est sortie abasourdie quant à la vétusté des équipements.

ESPRITS DE MORT FLOTTANTS.
Gabriel Mokango, directeur technique à la RVF, déplore le manque des moyens financiers pour réaliser des opérations de balisage et poser des signaux indispensables à la navigation nocturne. Les vieux baliseurs Kasaï et Yaomelia étaient encoure en essai technique, courant février 2021, après de laborieuses réparations. Les états financiers de la RVF présentés comme catastrophiques n’ont pas empêché le comité de gestion dirigé par le D-G Ngomper Ilunga de faire, non sans la complicité de son directeur financier, un nommé Kitoko, une commande des 15 jeeps 4X4 Nissan et un bus Hyundai pour 600.000US$!

Une somme qui, de l’avis des experts, aurait permis à l’entreprise d’aligner une flotte de 20 baliseurs multifonctions dernier cri. Hélas ! Le népotisme a entraîné la sinécure à la RVF, fait comprendre le patron des armateurs r-dcongolais. Les commissaires fluviaux ivres de pots-de-vin ferment les yeux sur les baleinières, embarcations montées de bric et broc, conduites par des bateliers formés sur le tas qui cinglent en « 207», ces minibus appelés aussi esprits de mort par des Kinois, peu respectueux du code de la route et roulant toujours en bolide.

Jadis, monopole des officiers de l’armée de Mobutu (FAZ) qui n’ont pas hésité à cannibaliser des chars de combat et en extraire des moteurs à leur profit, les baleinières ont été démocratisées par des hauts-cadres de l’ex-ONATRA au lendemain la réquisition en 1998, par l’armée (les FAC de Laurent Désiré Kabila), d’une vingtaine d’unités flottantes de l’actuelle SCTP. Les navires marchands restants ITB Kokolo, Gungu et Ebeya, quoique réhabilités et modernisés, ne sont plus d’aucun intérêt et sont complètement supplantés par les baleinières qui constituent, avec les pirogues motorisées, le gros de l’armement en RDC.

La RVF perçoit auprès de ces embarcations de fortune environ 70% de ses revenus à travers la taxe à la navigation alors que la Police nationale à travers son unité fluviale a empoché plus de 1,4 milliards de francs en 2019 et 616 millions de CDF en 2020 de droits de délivrance d’une attestation de perte de pièces de bord.

Il est donc facile à deviner pourquoi les «esprits de mort» flottants dominent le transport fluvial et lacustre de la R-dC : ils paient bien, tant pis pour les drames qu’ils charrient. En cinq ans, entre le 5 mars 2016, où, au moins 350 personnes avaient péri suite au naufrage d’un navire près de Kisangani, à mi-février 2021, l’on estime à 10.800 environ le nombre des personnes mortes noyées ou perdues dans lors d’un naufrage en R-dC.

Dans l’entre-temps, la RVF a bénéficié de l’assistance financière du FONER, de la Banque mondiale (3,8 millions US$), de l’Union européenne (60 millions US$) pour améliorer la navigabilité de ses voies fluviales et lacustres. Echec… et mât? Pas encore, l’administration Tshisekedi tient à redorer l’image du transport par eau à travers la nouvelle Agence congolaise de transition écologique et du développement durable. Avec quels mandataires?
POLD LEVI MAWEJA.


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