La tête du gouverneur Richard Muyej Mangez Mans mise à prix
  • lun, 28/12/2020 - 11:56

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1513|LUNDI 28 DECEMBRE 2020.

Il a tout l’air de parfaitement s’entendre avec le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Le point focal des gouverneurs de province Richard Muyej Mangez Mans est d’un abord facile, loin de s’ériger en donneur de leçons. Républicain respectueux des Institutions de la République, il se réclame certes du PPRD-FCC - d’où l’accueil réservé vendredi 11 décembre à son président de parti Joseph Kabila Kabange à son arrivée à Kolwezi après que l’ancien président eût longtemps battu le pavé à Kingakati en attente d’une autorisation âprement négociée.

Mais aussitôt le coup de fil de la Présidence de la République a retenti l’invitant à se rendre dans la Capitale, Muyez s’est disponibilisé, a pris le premier vol en direction de Kinshasa. Dimanche 27 décembre, il n’avait toujours pas rencontré le Chef de l’Etat dont l’agenda politique, avec le projet d’Union sacrée de la Nation, est chargé mais le gouverneur du Lualaba espérait avoir un colloque singulier avec le Président de la République à l’occasion de la Conférence des Gouverneurs qui s’ouvre lundi 28 décembre dans la Capitale.

Il reste qu’il a laissé derrière lui une capitale lualabaise nourrie d’informations diverses et d’où partent des fake news. Alors que la plus riche province du pays (cuivre, cobalt, cassitérite, etc.) monte en puissance en se dotant d’infrastructures qui en font un exemple de développement, attirant les plus grosses multinationales et les banques, mille bisbilles viennent perturber la quiétude d’un homme qui se veut politique porté par le bien-être de sa population, non homme d’affaires soucieux de son porte-monnaie.

«Si je viens à quitter aujourd’hui mon poste de gouverneur, je n’aurai certainement pas de quoi vivre et faire vivre les miens», confiait-il récemment au Soft International. Cinglante réplique à une adjointe, la Vice-gouverneure Fifi Masuka Saïni qui, dans une correspondance adressée aux députés provinciaux, accuse son titulaire de mauvaise gestion des finances publiques faisant valoir l’existence de «plus de 20 comptes bancaires» de la province alors qu’elle n’aurait l’œil que sur un seul de ces comptes, «celui dont nous avons la cogestion et c’est ce dernier qui assure exclusivement la construction de la province».

LANCEUSE D’ALERTE.
Pour cette dame ex-MLC souvent citée comme une lanceuse d’alerte, l’essentiel de sa énième alerte porterait sur sa mise à l’écart de la gestion de la province, ce qui renvoie à l’image d’un véhicule qui serait conduit par deux personnes à la fois. Ce que n’aurait prévu aucun législateur...

La gestion revient au titulaire, l’adjoint ou les adjoints n’a/n’ont pour rôle que d’assister le titulaire dans sa mission et n’agissent que «par délégation de pouvoirs». C’est le titulaire qui, en l’espèce, engage la province, nul autre. Le gouverneur du Lualaba ne cache pas une certaine lassitude - se disant «habitué au style de jeu et au rythme de chantage» de sa vice-gouverneure - quand il s’adresse à son tour aux députés pensant que «cette fois-ci, elle aura le courage de se mettre à l’écart de la gestion».

Sur le fond, Richard Muyez Mangeze Mans se fait fort de rappeler l’article 28 de la loi n°08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces, à savoir, «le gouverneur est le chef de l’exécutif provincial et représente la province en justice et auprès des tiers».
Puis, «le vice-gouverneur assure l’intérim du Gouverneur en cas d’empêchement et exécute les taches qui lui sont expressément confiées par ce dernier».
Conclusion : «L’exécutif provincial n’est pas collégial».

Mais au Lualaba, Fifi Masuka n’a pas toujours le temps de se la couler douce, elle est loin de faire la dilettante puisqu’elle a reçu des missions précises de son titulaire, la charge des contrôles financiers, le suivi des travaux des infrastructures, des paiements des fournisseurs et des taxes dues à la province, la présidence des commissions minières, l’approvisionnement en vivres des policiers, militaires et agents de sécurité, etc.

«S’agissant des moyens financiers, hormis son salaire, elle bénéficie des frais de fonctionnement et des dotations subséquentes liées à sa qualité de vice-gouverneur. Quant à sa prétendue équipe, le gouverneur rappelle qu’un Vice-Gouverneur ne dispose pas d’un cabinet distinct de celui du Gouverneur, qu’il ne doit exister qu’un seul cabinet et secrétariat de cabinet commun à tous.

D’où l’article 30 (op. cit.) qui dispose que le Gouverneur dispose d’un cabinet dont le nombre de membre ne peut dépasser dix... Les conseillers sont désignés pour les matières relevant de la compétence de la province. En d’autres termes, hormis le DirCab et le DirCaba qui font partie du Cabinet du Gouverneur, les Conseillers ne doivent pas dépasser le nombre de huit alors que Mme la Vice-Gouverneure dispose de deux conseillers sur les huit (Mme Esther Sapato et M. Pascal Tshibamb), le reste étant constitué de membres des regroupements politiques et communautés du Lualaba pour assurer la représentativité».

Une véritable leçon administrée à une adjointe dont «la mauvaise foi», déclare le Gouverneur, est établie. Surtout quand le Gouverneur réclame la preuve des «imputations gratuites» (il aurait chassé la Vice-Gouverneure du Conseil des ministres et lui aurait «demandé de se taire»). «Au regard de mon éducation et de mon expérience, je ne puis me permettre des tels écarts», déclare le Gouverneur, la main sur le cœur, qui dit qu’aucun membre de son Gouvernement n’a souvenance de ces incidents. Invention. Rien qu’invention...

LA LOI DES SERIES.
Et comme dans la loi des séries souvent fatale, voici que tombe un dossier lié aux travaux de modernisation des infrastructures de l’aéroport national de Kolwezi dans laquelle est citée l’entreprise Tetraktys désormais devant les tribunaux.

Bénéficiant de l’accompagnement de la province du Lualaba auprès du ministère national des Transports ainsi que de la Régie des Voies Aériennes pour l’aboutissement en temps et en heure de cette infrastructure, la firme s’était engagée auprès de la province de sa capacité à amener les financements nécessaires pour l’exécution des travaux de l’aéroport de Kolwezi, assurant que la province n’aurait qu’à payer les frais d’études évalués à 1,6 million de US$. Si ces fonds ont été déboursés, les travaux de modernisation de l’aéroport n’ont pas suivi hormis «l’excavation d’une partie devant servir de prolongement de la piste», communique le cabinet du Gouverneur du Lualaba.

«Au regard des inquiétudes du Gouvernement provincial sur l’avancement des travaux, et suite aux recommandations contenues dans le procès-verbal de la réunion tripartite, Gouvernement Provincial-Rva-Tetraktys du 25 juillet 2019, la Rva a eu à diligenter une mission pour se rendre compte de la situation réelle des travaux. Il ressort du rapport de cette mission que les travaux n’avançaient pas.

Bien avant cette mission, la RVA avait par sa lettre n° RVA/DG/CGPMP/1756/2019 du 10 septembre 2019 adressé une correspondance à Tetraktys par laquelle, elle lui demandait de procéder au remblayage de la partie excavée sur une longueur de 500 m sur 60 m de large et 1,5 m de profondeur d’une partie devant servir de prolongement de la piste au risque d’être source des érosions dues aux intempéries au cas où les travaux ne se terminaient pas avant la saison des pluies.

Même après cette mission, aucune action n’a été réalisée par l’entreprise et ce, malgré sa demande de soustraire certaines composantes du contrat initial ayant conduit à la mise en place d’un avenant y relatif. L’incapacité de l’Entreprise de préfinancer et de réaliser les travaux prévus dans le délai obligea la RVA de prendre des décisions qui s’imposaient afin de ne pas entraver l’élan de la modernisation des Infrastructures aéroportuaires.

Ainsi, après la résiliation du contrat, il a été prévu la mise en place d’une commission mixte RVA/Tetraktys/Gouvernement provincial pour l’évaluation contradictoire des travaux réellement exécutés par l’entreprise et d’en tirer les conséquences. Allez en justice contre la Province du Lualaba alors que cette dernière n’a jamais signé de contrat avec cette société mais c’est la République à travers la RVA, c’est chercher à amuser la galerie.

Tous ceux qui sont derrière cette société – suivez mon regard - en sortiront toute honte bue. Laissons donc la justice faire son travail, c’est donc ça l’État de droit et non des dénonciations calomnieuses et imputations que la Province connaît ces derniers jours. «Toi aussi Mon Fils !», s’écria Jules César !
La tête du Gouv’ mise à prix? Allons donc !
D. DADEI.


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