Enigmes? Il ne faut pas rêver
  • mer, 04/04/2012 - 18:40

LE SOFT INTERNATIONAL N° 1159 DATÉ 2 MARS 2012
Mystère sur le perchoir et la primature. Qui enlèvera le maroquin? Le secret reste entier, a estimé récemment devoir écrire le Soft International.

Au fond, ce pourrait être les deux grandes énigmes du début du deuxième mandat présidentiel mais à y regarder de près, soyons honnêtes, ne croyons pas à nos propres mensonges, ne rêvons pas debout! Si, en l’espèce, jusqu’à présent et après le recul nécessaire, le Président de la République a usé de périphrases, les paroles présidentielles sont-elles si sybillines? Depuis son investiture le 20 décembre 2011, le sérail sait que le Président de la République affecté ne délivre qu’un message et un seul.
Les nominations à venir se feront dans la transparence, toute la transparence, rien que la transparence. Transparence: «phénomène par lequel les rayons lumineux visibles sont perçus à travers certaines substances. Par transparence: à travers un milieu transparent ou translucide. Effets par transparence, derrière un écran, une substance translucide, porcelaine (...). Un écran éclairé par transparence. (...). Une transparence: projection d’un film sur un écran transparent, servant de décor devant lequel évoluent les personnages réels».
C’est le Nouveau Petit Robert de la langue française, éd. 2008, qui nous le dit.

En clair, le Président de la République sait clairement qui a œuvré pour lui, qui n’a pas œuvré pour lui, qui a œuvré contre lui, qui a œuvré pour des adversaires! Dès l’après-investiture, le secrétaire général de la Majorité présidentielle a fait fort de le dire et de le répéter lors de réunions de la Majorité expliquant avoir eu mission de le faire savoir à haute et intelligible voix. Afin sans doute que personne n’en ignore rien, le Président de la République y est revenu lui-même à ce principe à chacune de ses présentations. Dimanche 25 février à Kingakati, il l’a encore répété quand il rencontrait et reconnaissait ses troupes rangées dans sa ferme de l’est de la Capitale.

Puis, voyons: au nom de quel hermétisme, de quel ésotérisme, de quel occultisme, de quelle alchimie et par quelle morale de qui/de quoi, tendant à réaliser quel grand œuvre du Siècle, le Chef de l’Etat se passerait-il de sa famille au sens large du terme - c’est-à-dire de ses amis -, ceux qui se sont jetés à l’eau pour lui, ont - comme on dit - mouillé la chemise, ont été houspillés, tournés en dérision quand d’autres convaincus de la fin de règne ou par stratégie, se comportaient tel Caïn de la Bible, le fils aîné d’Adam et d’Ève, ce premier meurtrier de l’histoire dans la tradition judéo-chrétienne et musulmane ou tel Judas Iscariote, ce dernier des douze Apôtres de Jésus qui, dans l’historiographie chrétienne, symbolise l’image type du traître qui vendit son maître?

«UN IMMENSE FLEUVE (QUI) NOUS ENTRAINE DANS UN GOUFFRE SANS NOM».
Au nom de quelle magie et réclamée par qui ceux qui rasaient les murs et jetaient de l’opprobre sur d’autres viendraient-ils à occuper les devants de la scène? Ce serait le monde que décrit Gide, celui où «le bien a perdu sa récompense, le mal sa hideur».

D’accord, d’accord. Il faut certainement aller de l’avant et oublier.
Ah, oui, ce terrible mot: l’oubli!
Qu’est-ce donc l’oubli? Le Petit Robert nous renseigne: «Défaillance de la mémoire, portant soit sur des connaissances ou aptitudes acquises, soit spécialement sur les souvenirs (...) Fait de ne pas effectuer (ce qu’on devait faire), de ne pas tenir compte (d’une règle). L’oubli de ses devoirs, de ses promesses. Abandon, manquement.
Un oubli. Distraction, étourderie, inattention, négligence, omission (...). Fait de ne pas prendre en considération, par indifférence ou mépris.
L’oubli envoie au pardon. Pratiquer l’oubli des injures, des offenses.
Si Claudel écrit: «retrouver ceux qu’on aime serait bon, mais l’oubli est encore meilleur», Renam compare l’oubli à «un immense fleuve (qui) nous entraîne dans un gouffre sans nom».
Plus fort avec Loti.
«Dans leur oubli des choses terrestres, ils sont presque nus, un pagne de toile autour de la taille».
Il est vrai que l’oubli n’efface aucun péché et c’est au Brésil - ce pays ces derniers temps très cité en modèle de réussite de gouvernance économique - qu’on dit ce qui suit: «Là où le sang a coulé, l’arbre de l’oubli ne peut grandir».
Dans l’Homme qui rit, Hugo écrit: «L’oubli n’est autre chose qu’un palimpseste».
En clair, l’oubli conduirait à la démobilisation générale...

Parlons de nos amis Occidentaux qu’à chaque crise, on se flatte d’agiter comme ce tissu qu’on agite à la corrida pour charger la bête et que tout le monde rencontre et qui n’ont jamais souffert d’incontinence verbale. Détrompons-nous: ils n’ont ni amis, ni ennemis éternels, hormis les intérêts...
Dans la marche du monde, il n’y a pas d’état d’âme.
Dans ce pays, un homme - Mobutu - l’a réalisé à ses dépens. Il avait tout sacrifié de la souveraineté de son pays pour plaire à ses amis occidentaux, il n’avait pu en fin de vie se rendre chez eux pour y suivre des soins, il est mort en exil sans avoir su recevoir une digne sépulture!
A nos pays, les Occidentaux réclament la paix qui ne va pas sans stabilité qui permet l’ouverture des marchés, donc la concurrence, donc la compétitivité qui conduit à la prospérité économique.
L’extérieur ne cherche à installer personne sur un trône! Les affaires n’ont ni odeur, ni couleur. A Kinshasa, répondant à une question de journaliste, le Vice-premier ministre Didier Reynders l’a redit. Cela va sans dire...

C’est là où la famille au sens large du terme - c’est-à-dire la Majorité présidentielle - a toutes ses cartes en mains. Voyons, la Majorité présidentielle ne dispose-t-elle pas en son sein d’hommes de compétence - et de compétence avérée -, d’homme d’expérience et de vraie expérience, parlant anglais et français, blanchis sous le harnais des institutions de Bretton Woods, capables de séduire le monde et de servir d’exemple, tordant le coup à un certain atavisme qu’on nous allègue, nous qui serions les éternels enfants du Continent noir?
Voyons, en dépit de récits «simplistes» (réf., Séverine Autesserre auteure de «Dangerous tales of the Congo», «Les dangereux récits sur le Congo», Le Soft International n°1158, daté vendredi 28 mars 2012) qui s’étalent à longueur de colonnes, sur les radios et télés du monde, le pays ne fait-il pas des goals - du résultat - et tout n’est-il pas bénéf, le pays ne doit-il pas avancer à bloc le front devant, droit dans ses bottes en engageant aussi bien la révolution de la modernité que celle générationnelle?

Parlons franchement de la famille - et, n’ayons pas peur de mots, exorcisons tout! Parlons de la famille, qu’elle soit politique, provinciale, régionale, cotérico-ethnico-tribale pour reprendre la célèbre expression de Marcel Lihau, ou simplement biologique. Qui jettera la première pierre à qui? D’abord positivons.
La démocratie aidant, que voyons-nous sur nos listes électorales et, du coup, dans l’hémicycle, dans les postes ministériels ou derrière des cabinets ministériels? Rien que le reflet de ce qui se vit au sein de nos propres partis politiques. Les adjoints aux chefs de partis sont nos frères, nos sœurs, nos épouses ou, s’ils sont grands, nos propres enfants!
Au nom de quoi les exclurait-on par principe s’ils en présentent la compétence et acceptent de servir leur pays? En France comme en Belgique ou aux Etats-Unis, dès lors que papa ou un frère a réussi, il entraîne la lignée. Il en fut des Kennedy (frère et frère et frère); il en est des Bush (père, fils et fils); il en est en France des Poniatowski, des Debré; il en est en Belgique des Michel (Louis et Charles, père et fils), des Wathelet, des Tobac, des Van Rompuy, des Eyskens. Etc. Ensuite, qu’a-t-on vu sous Mobutu dont le régime ne fut pas que pire - loin s’en faut? Où donc le Maréchal allait prioritairement recruter sinon dans son creuset équatorien-tribal. Qui lui jettera la première pierre? La charité bien ordonnée ne commence-t-elle pas par soi-même?
Être un démocrate, être un républicain; c’est bien mais c’est être tout sauf un naïf. C’est être un homme. Qui fait attention à tout sur une scène impitoyable baignée de caïmans.
Qui ne cherche pas à courir le moindre risque. Qui ne se tire pas une balle au pied!
En permettant l’alternance, la démocratie permet à la scène politique de se renouveler.
En gagnant à une élection, le vainqueur reçoit mandat de gouverner, le vaincu reçoit celui de formuler des critiques sur ce qui ne va pas en préparant son entrée ou son retour sur scène.

A Kingakati, Kabila l’a dit: «L’opposition mérite respect». Quand elle prend ses décisions, c’est qu’elle en a pesé le pour et le contre. En cela, elle mérite respect. L’opposition doit assumer ses décisions et donc ses échecs. En cela, elle mérite respect. Sinon, elle devient irresponsable.
T. KIN-KIEY MULUMBA

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