Drôle de situation au sein des entreprises publiques
  • ven, 30/04/2021 - 16:14

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1525|VENDREDI 30 AVRIL 2021.

Les scandales financiers au sein des entreprises du Portefeuille mis à nu, ces derniers mois, par l’IGF, l’Inspection générale des finances prouvent à suffisance que ces sociétés d’Etat sont loin d’être des canards boiteux. Les entreprises du Portefeuille devraient rapporter au bas mot 5 milliards de $US l’an au terme de leur réforme qui, hélas, n’avance toujours pas, depuis plus de dix ans.

A présent que la bicéphalité à la tête de l’Exécutif rime à la parfaite communion d’esprit et d’actions, le Président de la République et son Premier ministre vont s’employer à une mise en place au sein des entreprises publiques et d’économie mixte relevant du Portefeuille d’Etat. Non pas que des managers patentés mais aussi des politiques sincèrement dévoués à mouiller le maillot pour la réussite du programme triennal de la gouvernance «Union sacrée» qui repose sur un budget de 36 milliards de $US.

De 54 entreprises du portefeuille reprises dans le budget en 2008, au début de la réforme des entreprises publiques engagées par l’alors ministre du Portefeuille, Jeannine Mabunda et Sylvestre Ilunga Ilunkamba alors Secrétaire exécutif du COPIREP, il n’en restait plus que 25 en 2020 dont 15 entreprises publiques et 9 d’économie mixte.

Par ailleurs, le Portefeuille a transmis au Budget, un répertoire de 16 entreprises mais une société d’Etat était sciemment omise, car la numérotation passant de 4 à 6, sans énumérer 5, en informatique n’est guère possible. La triche est rééditée dans le budget 2021, où le chiffre 2 a été volontairement oublié dans le listage des entreprises devant contribuer au budget, cette fois, sur le répertoire des entreprises d’économie mixte qui sont tout de même passées de 9 à 15.

Selon le CSP, le Conseil supérieur du portefeuille, la nouvelle ministre du Portefeuille, l’AFDC-A Princesse Adèle Kayinda a pour principale mission le suivi des différentes réformes des entreprises publiques. Casse-tête en perspectives… avec des entreprises qui échappent au contrôle de l’Etat, qui sont en pseudo-faillite, qui existent mais avec des mandataires jamais officiellement nommés par le Chef de l’Etat, etc., des entreprises fantômes.

ENTREPRISES DISPARUES AU BUDGET.
Force est de constater également que des établissements publics demeurés pourtant luxuriants comme OGEFREM, OCC, RVF, CEEC, l’ex-Office national du café (ONC), l’Office national de tourisme (ONT), CNSS ex-INSS, INS, l’Institut national de la statistique, etc. ont disparu du budget de l’Etat au lendemain du passage civilisé de flambeau. Les mandataires de la plupart de ces sociétés sont dans le collimateur de la justice après des enquêtes de l’IGF.

Le D-G de l’OGEFREM, Patient Sayiba, s’est longtemps soustrait à la justice, dirigeant l’établissement public dans la clandestinité avant de réapparaître. Il a même pris parole lors de la dernière réunion des chargeurs africains dans la capitale. A FINALOG, société d’économie mixte en charge de la gestion des pipelines qui ravitaillent SEP en produits pétroliers depuis Ango-Ango, non loin de Matadi. Selon le CSP, le Congo a longtemps oublié de nommer un mandataire au poste de DGA à FINALOG.

Mais depuis des années, salaires, primes et autres avantages dus au DGA sont régulièrement perçus par un inconnu. FINALOG n’a pas, non plus, été repris dans le budget 2021. Le Chemin de fer des Uélé-fleuve (CFU-F) n’a officiellement qu’1 CDF comme capital. Et pourtant, son chargé de mission qui fait office de D-G, Jean Enyange a fait une commande des véhicules de luxe pour plus d’un demi-million de $US avec un document sans en-tête ni aucune autre référence mais avalisé par la DGCMP, la Direction générale de contrôle des marchés publics.

Autre entreprise : le SEGUCE, Service du guichet unique intégral pour le commerce extérieur. Si dans l’opinion, ce service passe pour une entreprise privée, il s’agit pourtant d’une entreprise d’économie mixte créée en 2015 par l’alors Premier ministre Matata Ponyo et qui tire profit de larges avantages du décret n°15/019 du 14 octobre 2015 mais qui n’a jamais versé le moindre centime au Trésor au titre des dividendes.

SEGUCE a mission de faciliter et simplifier les opérations du commerce extérieur ou encore sécuriser les recettes du Trésor et de différents intervenants (DGDA, OCC, etc.,) notamment aux ports de Matadi, Boma, MGT…, Kisangani, Kasumbalesa, Ndjili aéro, des postes stratégiques où l’argent coule à flots. Selon la DGRAD, SEGUCE s’est engagé à verser au trésor 1 million de $US, courant 2021. En fait, de l’argent de poche. Alors que la Société congolaise des fibres optiques, SOCOF SA, créée le 10 novembre 2016, ignore encore ce que c’est le Trésor public.
POLD LEVI MAWEJA.


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