Denis Kadima pourra-t-il tenir son pari?
  • mer, 30/11/2022 - 00:39

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1566|MARDI 29 NOVEMBRE 2022.

Denis Kadima Kazadi, président de la centrale électorale nationale, CÉNI, a publié samedi 26 novembre le calendrier électoral 2022-2024. Les grandes opérations sont entre autres, la constitution du fichier électoral, l’opération de réception et de traitement des candidatures aux scrutins directs, l’organisation des scrutins directs et indirects - la présidentielle et les législatives - et l’élection des gouverneurs ainsi que celui des sénateurs.

Ce calendrier prévoit l’identification et l’enrôlement des électeurs allant du 24 décembre 2022 au 17 mars 2023.
Cette opération se fera progressivement dans les différentes provinces et aires opérationnelles du pays et à l’étranger. Puis, interviendra, le 21 mai 2023, la publication des statistiques des électeurs par circonscription électorale.

La promulgation de la loi sur la répartition des sièges est annoncée pour le 1er juin. Elle ira jusqu'au 15 juin 2023.
L’opération de réception et de traitement des candidatures aux scrutins directs comprend plusieurs étapes.

D’abord, la convocation de l’électorat pour la députation nationale prévue le 25 juin 2023. Du 26 juin 2023 au 15 juillet 2023, se fera l’ouverture des Bureaux de réception et de traitement des candidatures, BRTC en sigle, à la députation nationale. Ensuite, la convocation de l'électorat pour les députés provinciaux et des conseillers communaux le 2 août 2023. La convocation de l’électorat pour la présidentielle est annoncée pour le 1er septembre 2023.

La campagne électorale pour les candidats Président de la République, députés nationaux, députés provinciaux se déroulera du 19 novembre au 18 décembre 2023. Deux jours après, interviendra l’organisation des scrutins directs du Président de la République, des députés nationaux, des députés provinciaux et des conseillers communaux.
Le 20 janvier 2024, est la date annoncée pour la prestation du serment du Président élu. Ces annonces seront-elles tenues ?

CEUX QUI NE CROIENT PAS.
Pour l'ex-parti présidentiel (Kabila), le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, PPRD, c'est le pessimisme. Il ne croit pas à l’organisation des élections dans le délai constitutionnel malgré la publication du calendrier électoral.
Selon Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint de l'ex-parti dominant pro-Kabila, ce calendrier publié par la CÉNI est «utopique».

Ferdinand Kambere parle du temps record prévu pour l’enrôlement ainsi que de la situation sécuritaire actuelle dans l’Est du pays.

Ferdinand Kambere sur Radio Okapi, la radio onusienne :
« Lorsqu’ils veulent tromper les gens qu’ils vont arriver à enrôler 30 millions ou 50 millions d'électeurs, mais par quel moyen ils vont le faire ? Pendant un mois, ils vous disent qu’ils vont enrôler par aire géographique et il y a trois aires comme ça. Est-ce que nous aurons encore dans ces provinces-là, le nombre d’électeurs qu’il y avait ? Et comment, on va les avoir parce que cette coïncidence aussi en même temps où nous voyons le gouvernement négocier un cessez-le-feu contre toute attente, il demande un déploiement des armées étrangères à l’Est de notre pays, est ce que c’est comme ça qu’on va réellement organiser les élections ? De qui se moque-t-on ? Les populations se déplacent, est-ce qu’ils ont encore la cartographie démographique de notre pays ?».

L'adjoint permanent du PPRD qui se réclame de l'opposition affirme que l’opposition ne reconnaît pas ce calendrier électoral, parce que tout le processus n’a pas fait l’objet d’un consensus politique, selon lui. « La première impression est celle du mépris non seulement du peuple congolais, mais aussi de la Constitution et même de la démocratie dans notre pays.

Parce que, c’est depuis longtemps que l’opposition a réclamé qu’il y ait consensus pour crédibiliser ce processus électoral, mais ils n’ont pas voulu du tout. Donc, c’est un calendrier publié par une CÉNI non reconnue par l’opposition», a-t-il poursuivi.

« Le calendrier électoral publié le week-end par la CÉNI est irréaliste et n’inspire pas confiance », a déclaré dimanche 27 novembre, le parti politique de l'opposition, Nouvel Élan, de l’ancien premier ministre Adolphe Muzito.

« Notre organisation politique informe l’opinion publique, qu’en ce moment où l’opinion publique se mobilise pour combattre les occupants rwandais et ougandais qui se cachent derrière le M23, le calendrier électoral publié par M. Kadima et son équipe, paraît irréalisable et ne nous inspire pas confiance», a indiqué le porte-parole de Nouvel Elan, Albert Mukulubundu, le parti de Muzito, membre de la coalition Lamuka.

Il déclare que l’Union sacrée et le FCC, le Front commun pour le Congo pro-Kabila ui dirigent la CENI seraient en train de préparer une fraude électorale.

« Le bureau de la CENI, composé des délégués de l’Union sacrée et du FCC est en train de préparer une vaste tricherie en se répartissant des délégués dans les circonscriptions électorales de tout le Congo. Celui-ci s’emploie à organiser des tests de recrutement pour dissimuler ce mauvais dessein de tricherie avec la complicité du gouvernement central en vue d’organiser les opérations d’enrôlement », a poursuivi le porte-parole.

Pour Mukulubundu, c’est à la suite de la fraude électorale que le Congo connaît à ce jour des tensions armées dans sa partie Est.

« À cause de la fraude électorale, les infiltrations continuent dans l’armée et des services de renseignements. Nouvel Elan rappelle au peuple congolais que, c’est à cause de la fraude électorale que le Congo a perdu provisoirement Bunagana, Rutshuru et Kiwanja« ».

Même avis pour Sylvain Maurice Masheke Ngerakueyi, ancien ministre de la Culture & des Arts et ancien candidat à la Présidentielle 2018 . Qui déclare : « Je demande à M. Denis Kadima qui tente de confirmer l’organisation des élections générales dans le délai constitutionnel en 2023, d’éviter à la République Démocratique du Congo et à son peuple, un chaos inédit».

Masheke, dans une déclaration politique, rejette ce calendrier électoral qu’il considère comme irréaliste, fantaisiste et utopique. Il appelle, au contraire, à la convocation d'un «dialogue».

Ce calendrier «est politiquement correct mais techniquement impossible. À l’instar de ses prédécesseurs, M. Denis Kadima doit prouver à la face du monde, qu’il est effectivement expert électoral de renommée internationale, en organisant de bonnes élections.

Qu’il soit alors courageux, qu’il parle vrai aux Congolais, en démontrant qu’il y a vraiment nécessité de reporter les élections générales prévues en 2023 suite à plusieurs contraintes, notamment, sécuritaires et sanitaires, financières, politiques ou légales, techniques. Je réitère mon appel à la classe politique, toutes tendances confondues, à plus de responsabilités, pour sauver la République du complot dont elle est victime à l’échelle internationale».

CEUX QUI CROIENT.
Mais le parti présidentiel UDPS, Union pour la démocratie et le progrès social, n'est pas de cet avis. Il trouve réaliste ce calendrier qui témoigne de la volonté du Président de la République et du gouvernement d’organiser les élections dans le délai constitutionnel.

« C’est un calendrier électoral réaliste et réalisable. Cela confirme la volonté du Chef de l’État, Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et de son gouvernement qui tiennent à l’organisation des élections dans le délai constitutionnel en disponibilisant tous les moyens. Le renouvellement du fichier électoral commence déjà au mois de décembre 2022», expliqué le député national UDPS Bintu Ntumba Tshabola, élu de Katanda, Kasaï-Oriental.

Le député appelle ainsi les Congolais ainsi que les politiciens à se préparer pour aller au scrutin.
« Nous appelons toute la population congolaise à se préparer à l’enrôlement qui commence bientôt, les kits électoraux étant déjà disponibles, plus rien ne peut empêcher la CÉNI à tenir son calendrier, sauf cas de force majeure.

Les candidats aux différents scrutins doivent aussi se préparer car les élections c’est pour l’année prochaine, le 20 décembre 2023. Le peuple ira voter ses dirigeants, nous en sommes certains », a-t-il indiqué.

Pour ce député, il n’y aura pas de glissement : « Que les politiciens sceptiques en mal de positionnement qui rêvaient d’un quelconque glissement puissent revoir leurs calculs. Même les élections communales et locales sont prises en compte dans ce calendrier».

L'UNC de Vital Kamerhe Lwa Kanyingini Nkingi, le parti de l'ancien directeur de cabinet du président de la République, se tient prêt à ces élections. Tout comme le MLC, Mouvement de libération du Congo, le parti de Jean-Pierre Bemba Gombo, désormais membre influent de l'Union Sacrée, qui a, dans un communiqué publié samedi 26 novembre, juste après la publication du calendrier électoral par la CÉNI, sonné l'appel à la population congolaise à « s'enrôler massivement en vue de s'approprier le processus démocratique et de se choisir librement ses propres dirigeants ».

L’appel de Jean-Pierre a été aussitôt relayé par Paul Djunga, un cadre du MLC. Lors d'une conférence de presse dimanche 27 novembre à Kinshasa, Paul Djunga a demandé aux militants du MLC de s'approprier l'appel lancé par leur leader Jean-Pierre Bemba à s'enrôler afin de participer aux prochains scrutins tels que publiés par la CÉNI.
ALUNGA MBUWA.


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