Casse-tête pour Nangaa
  • lun, 30/10/2017 - 01:30

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
La photo ne trompe pas. À voir le visage tendu du président Corneille Nangaa Yobeluo, du Vice-président Norbert Basengezi Kantintima, du Rapporteur Jean-Pierre Kalamba Mulumba lors de la déclaration à la presse de Nikki Haley à l’issue de la rencontre au siège de la Centrale électorale nationale indépendante, c’est clair que cet échange n’a pas donné lieu à un consensus. L’ambassadrice de Donald Trump a, sans aucun doute, pris le temps d’entendre l’exposé technique de Nangaa connu pour sa capacité de conviction mais, au final, elle paraît n’avoir pas suivi son interlocuteur congolais.

Si la CÉNI a clairement fait savoir que les scrutins tels que convenus dans l’accord de la Saint-Sylvestre nécessitent 504 jours et ne sauraient se tenir avant 2019 et, mieux que ça, sans financement, leur tenue pourrait même être compromise, Nikki Haley a fait «très clairement» savoir que si ces scrutins ne se tiennent pas en 2018, ils n’auraient pas l’appui américain. Même s’il s’agit d’une avancée contrairement à la demande des opposants congolais, cette déclaration est loin de satisfaire la CÉNI… Car les réalités techniques sont têtues et, à l’impossible, nul n’est tenu!
L’équipe dirigeante de la CÉNI n’a pas compris que l’envoyée de Donald Trump n’ait pas été convaincue par les arguments de la CÉNI. Qu’importe! Washington qui se retire de l’UNESCO, a l’USAID à la diète, entend faire de même à la MONUSCO - ce qui explique certainement ce voyage -, n’a jamais appuyé, à proprement parler, le processus électoral congolais, a-t-il vraiment envie d’appuyer ce nouveau processus électoral?

PORTEE TOUTE PARTICULIÈRE.
Certes, il existe le go head politique dont la CÉNI et le Congo ont besoin de la part de la première puissance mondiale.
«Si Trump s’énerve, qui saurait l’arrêter?», commente un observateur. Même si l’Afrique est certainement sa dernière tasse de thé, que ne pourrait-il pas faire face aux pressions des lobbies américains?
D’où l’intérêt des nouveaux tours de table que tient Nangaa depuis vendredi 27 octobre 2017. Premier à rencontrer: les membres de la CIMÉ, la Commission d’Intégrité et de Médiation Électorales, soit des chefs des confessions religieuses. Nangaa a dû se déplacer à leur siège au quartier Mont Fleury à Kinshasa.
à l’ordre du jour: perspectives de renforcement des capacités de la CIMÉ, état des lieux du processus électoral, publication du calendrier électoral, restitution de la mission du président de la CÉNI à Strasbourg et surtout, rencontre - le communiqué de presse de la CÉNI parle d’«audience» - avec l’ambassadrice des États-Unis aux Nations Unies, Nikki Haley.
Si «cette rencontre s’inscrit dans le cadre des concertations permanentes et régulières que le président de la Commission Électorale Nationale Indépendante anime avec les différentes parties prenantes au processus électoral en République Démocratique du Congo», l’échange avec la CIMÉ a une une portée spéciale «puisqu’il s’est organisé dans un contexte sociopolitique marqué par une forte attente autour de la publication du calendrier des élections». Nangaa a voulu «faire le point des avancées du processus de l’identification et de l’enrôlement des électeurs qui va s’achever d’ici la fin du mois de janvier 2018 mais surtout recueillir les avis et considérations de ces Pères des Églises installées au Congo en tant que leaders et principaux acteurs de la médiation en périodes pré-électorale, électorale et postélectorale», poursuit le communiqué.
Le communiqué estime que la rencontre avec la délégation américaine conduite par Nikki Haley a donné lieu à «des échanges constructifs». Mais si Nangaa insiste «sur l’indépendance de la CÉNI vis-à-vis de toutes les autres institutions du pays et même des pays partenaires», il n’en attend pas moins «un soutien effectif des partenaires extérieurs».
Le président de la CÉNI a fait état du «climat de vive tension, de méfiance et des discours polémiques» qui marque «l’attente de la publication du calendrier électoral». Voulant renforcer les capacités de la CIMÉ, il souhaite que ses membres visitent nombre de pays africains dont le Ghana, apprennent l’expérience de la médiation électorale et des Chefs d’État qui «ont consenti à transmettre pacifiquement le pouvoir».
Les dirigeants religieux ont invité la CÉNI à publier un calendrier électoral réaliste et à communiquer à suffisance sur le délai de 504 jours qu’elle souhaite réclame en vue d’organiser les scrutins.
Ils ont fustigé «au passage les prises de position politique nationale et internationale qui ne font que surchauffer l’opinion» et «invité les acteurs politiques, les médias et la société civile à plus de responsabilité pour la simple raison que le Congo est notre seul bien commun».
ALUNGA MBUWA.


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