Budget trop amaigri quel sort aux 100 jours?
  • mer, 19/02/2020 - 09:27

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1482|MERCREDI 19 FEVRIER 2020.

A la demande du FMI, le budget réduit de moitié, quel sort au programme des 100 jours?

Le FMI, Fonds Monétaire International, avait sommé, voici des mois, notre pays, de revoir son budget 2020 à la baisse. Soit près de la moitié. C’était l’une des conditions de poursuite de la coopération. Cette institution de Bretton Woods avait été très dur avec le budget voté par le Parlement le 15 décembre 2019, en version finale, après harmonisation de vues entre les deux chambres via leurs commissions mixtes paritaires.
Le FMI avait insisté sur l’impossibilité d’une économie de passer, en l’espèce, d’une année à l’autre, du simple au double. Un communiqué publié lundi 17 février par le ministère des Finances, en a enfin pris acte. Le ministère a publié un Plan de trésorerie annuel alors qu’en principe, ce PDT est trimestriel.

UNE LOI RECTIFICATIVE DES FINANCES.
Une façon sans détours de remettre la question au cœur du débat : l’incapacité d’atteindre des assignations, de près de US$ 11 milliards (US$ 10,59 milliards). Du coup, le ministère du Budget est renvoyé à ses études et doit proposer une loi rectificative des Finances à faire voter par les Chambres parlementaires. «La loi de finances 2020» prévoyait un budget de US$ 10,59 milliards (au taux actuel du CDF) pour quelque 80 millions d’habitants, dont les 2/3 vivent avec moins de deux US$/par jour, sans la moindre protection sociale. Le «Plan de trésorerie», qui tient compte de l’exécution du budget, ne prévoit plus que US$ 5,45 milliards de dépenses, selon le communiqué du ministère des Finances, et des recettes d’un peu moindres. Ce PDT, «Plan de trésorerie», prend en compte «des tendances défavorables de la conjoncture actuelle», note le ministère. Notamment «les effets décalés résultant de l’effondrement au dernier trimestre 2018 du cours du cobalt», un minerai dont notre pays est le premier producteur mondial.
Le budget initial de près de US$ 11 milliards manquait de «réalisme», avait prévenu le FMI, le Fonds monétaire international, qui a accordé en décembre à notre pays une ligne de crédit d’urgence de US$ 368,4 millions pour «ses besoins urgents en matière de balance des paiements».
Ce budget devait financer le chantier titanesque de la gratuité de l’enseignement primaire dans les écoles publiques lancé en septembre 2019 par le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Son coût a été estimé à US$ 2,6 milliards.
Certes, il y a là de bonnes annonces faites sauf qu’elles le sont au mauvais moment. Le temps est aussi une variable au même titre que les prix ou le taux de change. Cela dit, alors que le PDT, une sorte de budget rectificatif réclamé depuis lurette par le Fonds Monétaire International, comme condition de poursuite de coopération, est en principe trimestriel et glissant, le ministère des Finances publie un document réaliste de la loi des Finances. Ce qui implique que le ministère ayant le Budget dans ses attributions doit s’engager à préparer une loi rectificative des Finances.
Problème : comment le gouvernement va-t-il financer le programme de gratuité de l’enseignement?

100 JOURS SORT
TRES INCERTAIN.

En évinçant d’autres dépenses contraignantes tels les transferts (les rétrocessions) aux provinces? Un vrai risque à l’horizon. Déjà, l’arrêt de paiement de cette rétrocession fait débat et a fait venir tous les gouverneurs dans la Capitale. Ceux-ci ont eu un entretien lundi 17 février avec le Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba à l’Hôtel du Conseil.
«Depuis un certain temps, presqu’un semestre, il est difficile de travailler en province. Les gouverneurs ont tenu à rencontrer le Premier ministre pour présenter leurs revendications», a déclaré l’un des leurs, Richard Muyej Mangeze Mans, du Lualaba, évoquant «une situation difficile qui ne permet pas aux gouverneur de se déployer et de mettre en place leurs programmes». «Ils ne reçoivent pas la rétrocession. Ils ne reçoivent plus les frais de fonctionnement encore moins les droits des ETD. Ils ne savent plus fonctionner. Cela fait longtemps qu’on a parlé de la mise en œuvre de la caisse nationale de péréquation. Jusque-là, rien n’a été fait», a poursuivi ajouté Richard Muyej Mangeze Mans à la tête de la province la plus riche du pays expliquant «un engagement ferme de la part du Premier ministre, à l’égard des provinces».
A cette réunion, Sylvestre Ilunga Ilunkamba était assisté de deux membres du Gouvernement, le Vice-premier ministre Jean-Baudouin Mayo Mambeke en charge du Budget, le ministre des Finances José Sélé Yalaghuli.
«Nous avons eu les réponses claires du Premier ministre complété par. Les solutions viennent progressivement. Les raisons avancées sont objectives. Nous sommes convenus d’observer. L’engagement a été ferme. Nous attendons», a poursuivi Richard Muyej Mangeze Mans. De leur côté, les présidents des Assemblées provinciales ont fait état d’arriérés relatifs aux frais de fonctionnement.
«Nous avions eu l’honneur d’être reçus par le président du Sénat pour lui faire part de certains problèmes que nous connaissons. Tout le monde sait que ce n’est pas facile de diriger un grand pays comme le nôtre, surtout quand on est dans l’arrière-pays. Souvent quand on est dans la capitale, on croit que tout marche bien. Mais, dans l’arrière-pays il y a des problèmes, le problèmes de développement notamment. Mais aussi, aujourd’hui, les assemblées provinciales constatent qu’il y a un retard dans la perception des frais de fonctionnement y compris les émoluments et les salaires. Nous connaissons aujourd’hui un retard de paie de six mois. Du coup, nous sommes dans la grande impossibilité de fonctionner», a déclaré Mme Gertrude Kitembo, présidente de l’assemblée provinciale du Maniema qui parlait au nom de la délégation.
Reste le sort du Programme des 100 jours du Président de la République sur lequel va impacter le nouveau budget au moment où les demandes de fonds auraient doublé sans atteinte de résultat.
Vendredi 14 février, le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a lancé un «plan national stratégique» pour «la couverture santé universelle», en présence du directeur général de l’OMS, l’Organisation mondiale de la Santé, l’ancien ministre éthiopien de la Santé, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. «Les citoyens de la RDC sont confrontés à de nombreux problèmes sanitaires : paludisme, rougeole - avec l’un des plus terribles épisodes depuis 50 ans -, malnutrition et maladie à virus Ebola», a rappelé le directeur général de l’OMS. «Nous sommes en train de chercher les financements», a assuré le ministre de la Santé Eteni Longondo, envisageant une couverture totale «peut-être après cinq, dix, quinze ans». Producteur de métaux très convoités (cobalt, cuivre, or, coltan), la population du Congo est pourtant l’une des plus pauvres du monde quand le président a fait de la lutte contre la corruption un de ses objectifs.
ALUNGA MBUWA.


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