Boucherie humaine au camion bélier à Ngaba vivement le réveil
  • mer, 19/02/2020 - 09:10

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1482|MERCREDI 19 FEVRIER 2020.

Ils sont morts fauchés par un camion- bélier en pleine Capitale Kinshasa. Ils ont été tués, écrasés au sol, dimanche 16 février, en pleine journée peu avant 13 heures, au lieu dit Triangle, croisement des avenues By Pass et Kimwenza, à la jonction de la commune de Mont Ngafula avec celle de Makala. Bilan officiel toujours provisoire donné dès la survenue de par le gouverneur de la ville Gentiny Ngobila Mbaka, dès l’accident : 14 morts et plus de 60 blessés graves recensés aux Cliniques Universitaires de Kinshasa quand d’autres sources parlent «d’une cinquantaine de morts». Lundi 17 février, ce bilan officiel est revu à la hausse passant à 16 morts...
Sur le lieu de la tragédie, des témoins oculaires confient. Un camion benne transportant des matériaux de construction, transformé en camion-bélier venant de Mont-Ngafula sur l’avenue By Pass, dont les freins auraient connu une avarie (ou le chauffeur introuvable en état d’ébriété), a marché littéralement sur plusieurs véhicules de petit gabarit (taxis et taxi-bus, motos) et sur des piétons, des vendeurs et des vendeuses d’articles de commerce et de consommation courante. «Environ 40 corps sans vie et plusieurs blessés ont été dénombrés».
Si les premiers chiffres de sources policières, indiquent 11 morts s’appuyant sur des sources du ministère de la Santé, 14 corps ont été acheminés à la morgue des Cliniques universitaires, selon un comptage des services hospitaliers.
Les mêmes sources expliquent que ce bilan allait encore varier dès lors que plusieurs autres blessés avaient été acheminés dans d’autres centres médicaux, insistant sur une quarantaine de morts. La morgue des CUK n’était en capacité d’accueil. Du coup, deux ambulances ont «embarqué environ 9 corps acheminés vers l’ex-Hôpital Mama Yemo».

ON VOIT DU TOUT SUR NOS ROUTES.
Tous ces morts et blessés, victimes d’une absence d’un système urbain de transports et de circulation. Rien, en l’espèce, n’a jamais été pensé, repensé, reformulé. Pas un début de vision quelconque à la ville, à l’Exécutif provincial, national, dans les ministères concernés. Inacceptable... Urgence pour l’Etat de reprendre du terrain abandonné à la rue. C’est-à-dire ses prérogatives régaliennes...
On comprend la colère et l’indignation qui partout montent.
L’organisation citoyenne ACAJ, Association Congolaise pour l’Accès à la Justice, réclame la démission immédiate du Ministre des Transports et Voies de Communication, l’accuse de «négligences coupables dans l’exercice de ses fonctions, ayant entraîné mort d’homme».
Il va de soi que sous d’autres cieux, aucun responsable d’un secteur social aussi stratégique plongé dans une marre des tragédies, face à une telle multitude de désastres, n’aurait survécu un jour de plus dans ses fonctions...
Notre système de circulation doit être rebâti de fond en comble. Cela suppose du travail de pédagogie auprès de nos compatriotes. Des immeubles, le cas échéant, doivent être détruits en vue d’assainir le secteur de la mobilité.
Au Congo, tout s’importe même des véhicules faites de tôles rouillées et de ficelles qui rendent l’âme aussitôt évacués d’un navire ayant accosté au port de Boma ou de Matadi. Serait-il si difficile d’expliquer à certains élus du Kongo Central que la question d’assainissement de nos villes et de leurs agglomérations qui préserverait des vies humaines est cruciale et que les élus, plus que quiconque, doivent comprendre que la vie humaine est au-dessus de billets de banque que des opérations de manutention peuvent rapporter à des individus?
Nos routes peuvent être refaites, mieux revêtues parfois avec moins de professionnalisme, élargies. Nos experts n’en n’oublient pas moins la sécurité et la sûreté. Telles les bandes d’arrêt d’urgence, ces zones de sécurité hors chaussée prévues par le code de la route, interdites aux piétons, dont la largeur, édicte la norme, est de 2,50 m ou de 3,00 m lorsque le trafic poids lourd, spécialement réalisées pour faciliter, en cas de nécessité, l’arrêt ou le stationnement des véhicules, le dégagement de véhicules en cas d’accident, l’acheminement des secours pour des réparations légères.
Puis, misère et pauvreté s’entremêlent. Le Congolais et, plus, le Kinois, vivent hors de chez eux et donc, dans la rue.

SE LIVRER A DE LA BELLE CARCASSE.
Comme ces familles démunies envahies par la misère, plantent des baraquements sur des voies de chemin de fer ou sur des lits de rivières si ce n’est sur une montagne d’immondices, mettant leurs vies en danger, voilà que dans la Capitale, maraîchères et vendeurs de produits à la criée déferlent sur des voies à grand débit pour exposer de manière aussi visible que possible, leurs produits et espérer les écouler «plus vite et plus facilement», participant à l’obstruction de la mobilité. Tout cela sans qu’aucune autorité n’intervienne d’aucune manière.
Au Congo, se mettre en route ou prendre le volant, c’est se livrer à des belles carcasses en circulation, se rendre à un mouroir. Qu’elles s’appellent taxis jaunes ou Transco ou Wewa - les taxis-motos - qui obstruent la circulation et la rendent périlleuse.
«Il n’y a plus un bus de transport en commun qui réponde aux normes de circulation», témoigne avec courage un agent de circulation. Combien de bus Transco ou autres ne sont pas à l’origine de bouchons de plusieurs kilomètres sans qu’un agent ne décide d’un enlèvement et d’une mise en fourrière? Banal chez nos voisins, ce service existe-t-il chez nous? Il n’y a pas que ces véhicules Transco, il y a aussi ces gros véhicules de distribution de pains ou de la bière...
Il n’existe pas de véhicules sur nos routes qui aient passé un contrôle technique même si c’est une carcasse avec pneus et un système de freinage visiblement d’un autre âge, un «petit service rendu à l’agent de circulation règle l’affaire et le contrôle technique est validé», témoigne un conducteur homme au volant d’un tout-terrain pimpant neuf à Kinshasa. Pourquoi le port de casque n’est-il pas obligatoire chez nous à qui se déplace à moto ou à vélo?
Quel propriétaire connaît les exigences légales auxquelles doit répondre tout véhicule au Congo? Qui sait qu’un véhicule doit passer au diagnostic, à un garage agréé en vue d’en examiner l’état technique? Que ce soit pour un contrôle technique avant un long déplacement, un contrôle périodique, un test d’occasion avant l’achat, la vente d’un véhicule ou simplement un avis neutre sur un devis ou une facture de garage?
L’ACAJ qui promet de publier prochainement des informations fiables liées aux documents de sécurité et sûreté délivrés, au mépris de la loi, aux exploitants d’autres modes de transport, accuse: «Cet énième accident de circulation, impliquant de gros véhicules, est révélateur de graves manquements dont le Ministère des Transports et Voies de communication devrait être tenu responsable».
Puis : «Il est injustifiable qu’un gouvernement responsable tolère et encourage que les véhicules affectés aux chantiers publics soient illégalement exonérés des pertinentes prescriptions du code de la route. Pire, le Ministère des Transports perçoit sur chaque chauffeur une taxe illégale de US$ 35 pour la délivrance d’un prétendu certificat de capacité. Ces ressources, non retraçables au Trésor public, seraient détournées au profit de la haute hiérarchie du Ministère des Transports et Voies de Communication», explique l’ONG qui suggère «l’ouverture d’une enquête aux TransComs pour justifier la base légale de la taxe de 35$, et déférer en justice les auteurs des détournements ci-dessus évoqués».
ALUNGA MBUWA.


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