Au FPI, gros retour sur investissement
  • mar, 11/08/2020 - 12:49

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1494|LUNDI 10 AOUT 2020.

Cela peut s’appeler un gentelman Gift fait à un mentor ou, s’agissant d’une affaire d’argent, retour sur investissement sauf qu’il s’agit de questions de gouvernance, des questions de l’Etat. D-G d’une banque en puissance de développement qui brasse plusieurs centaines de millions de US$ à prêter à qui veut - généralement à des amis bien placés -, Patrice Kitebi Kibol M’vul a accordé, le 18 juin dernier, le marché d’élaboration d’un Plan directeur d’industrialisation du Congo au cabinet Congo Challenge, propriété de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon (document en fac-similé ci-contre).
Problème : la note d’attribution non référencée est muette sur le coût de la prestation (les sommes que devra débourser le FPI au bénéfice de Congo Challenge) outre qu’elle n’informe pas sur les données standards d’adjudication d’un marché public tel que le recommande l’Autorité de Régulation des Marchés publics, particulièrement la procédure de passation du dit marché.

UN PROCHE
DE MATATA PONYO MAPON.

Ministre délégué honoraire des Finances, Kibol M’vul sait pertinemment l’obligation légale de rendre public le coût de ce marché sans lequel le fisc (Direction Générale des Impôts) ne saurait percevoir la TVA, la Taxe sur la valeur ajoutée.
«Tout porte à croire qu’il s’agit d’un marché de gré à gré, un arrangement convenu au temps fort de la gué-guerre dans la coalition FCC-CACH au pouvoir. L’attention de tout le monde était tournée ailleurs», explique un délégué syndical du FPI «horrifié par la conclusion de ce marché» et dont les rapports sont bien électriques avec le D-G.

La loi dispose que les conditions essentielles pour un marché de gré à gré sont la détention d’un brevet d’invention, d’une licence ou d’un droit exclusif, les raisons techniques ou artistiques détenues par un seul prestataire, l’extrême urgence… les marchés spéciaux. Or, Congo Challenge (qui publie une revue dite scientifique, propriété de l’ancien Premier ministre) n’a été créé qu’en 2017, l’avant-veille du départ de Matata de la Primature et n’a encore fourni, en l’espèce, aucune preuve... sauf médiatique, commente un «opérateur politique» qui note «le bruit dans les médias» autour de cette revue dont la qualité d’impression ou graphique est réelle. Par ailleurs, le décret sur les marchés spéciaux attendu depuis 2010 n’a pas encore été rendu public.

Pourtant, sur sa décision d’attribution définitive, Kibol M’vul écrit qu’il a obtenu, à la date de 16 avril 2020, l’avis de non-objection de la Direction de Contrôle des Marchés Publics. S’agirait-il de la Direction Générale de Contrôle des Marchés publics dont le témoignage du DG a.i a été déterminant dans la condamnation de Kamerhe et Jammal au procès du siècle? Ensuite, en cette période, les experts du gouvernement, les industriels délégués des organisations patronales dont la FEC et des partenaires extérieurs réunis dans un palace dans la Capitale venaient de valider le Document de la politique et des stratégies industrielles de la RDC, après 10 jours (20-29 février 2020) d’intenses réflexions.
L’atelier de validation du document précité était présidé, au nom du Premier ministre Sylvestre Ilunkamba, par la VPM en charge du Plan, Elysée Munembwe, avec la participation du ministre de l’Industrie, Julien Paluku.

«Le document qui sera validé est le fruit de travail effectué par les experts du ministère de l’Industrie lors d’un atelier organisé du 5 au 6 novembre 2019», avait rappelé, à l’ouverture de ces assises, le ministre de l’Industrie. Kibol n’a-t-il pas été au courant de ce document ou a-t-il fait précipiter les choses pour ne pas être gêné par le gong? La «Décision d’attribution définitive» du marché de l’élaboration d’un Plan Directeur d’Industrialisation du Congo, se fonde sur le plan de passation des marchés de l’exercice 2020 du FPI. Donc a posteriori. De quel plan directeur peut-il s’agir car le ministère de l’Industrie en dispose déjà? «L’élaboration de la politique industrielle va toucher le plan directeur de l’industrialisation qui sera chiffré», dixit Julien Paluku. Qui poursuit : «comme nous sommes encore au processus d’élaboration du budget programme, nous allons devoir sortir les financements qui seront faits par le gouvernement de la République et le gap qui devra être négocié auprès des partenaires». Fort de son plan stratégique d’industrialisation du pays, le ministre de l’Industrie qui exerce la tutelle du FPI, a réussi à convaincre, le 30 juillet 2020, l’ambassadeur de la République Islamique d’Iran, Mohamed Javad Sahiriati, de faire profiter aux industriels iraniens des faveurs des zones industrielles économiques de la RDC en gestation.

L’Iran et le Congo ont déjà convenu des accords commerciaux portant sur le transport aérien, la fourniture du pétrole, la création d’une commission spéciale mixte en matière commerciale, etc. Le Plan directeur d’industrialisation confié à l’ONG de Matata, ne serait que de trop, redondant et superflu, inutile, d’autant plus qu’il ne s’agit même pas d’un concours de meilleur plan pour l’industrialisation du pays.

Des observateurs estiment que le marché offert au Premier ministre honoraire, actuellement sénateur, n’est qu’un retour sur investissement. Ancien conseiller de Matata - lors des années Finances -, Kibol N’Vul a suivi le nouveau Premier ministre au Gouvernement mais au simple titre de ministre délégué près le Premier ministre en charge des Finances avant de passer la main à un ministre plein, Henri Yav Mulang. Signe que le vrai décideur aux Finances était celui qui avait été élevé au rang de Premier ministre...

Avant de passer les clés de la Primature à Samy Badibanga le 20 décembre 2016 à l’issue du dialogue de la Cité de l’Union Africaine, Matata a fait nommer, son ancien ministre délégué, D-G au FPI mais cette nomination ne fut jamais lue sur la télé publique Rtnc comme de coutume ni publiée au Journal officiel au point où le D-G en place, Constantin Mbengele Kwete Thamuk, crut longtemps à un canular et n’y fut déloger que manu militari.

Selon un sénateur qui a requis l’anonymat, Kibol s’est toujours complu à jouer des rôles d’exécutant. C’est le cas des fonds détournés - financement de l’opposition, le blanchiment des capitaux à Access Bank, dont le lanceur d’alerté n’a jamais été autre que l’alors président du Sénat Léon Kengo wa Dondo, etc. Ghislain Kikalanga, le nouveau Monsieur anti-corruption, qui vient de prendre possession de son bureau, à l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APCL), un service rattaché à la présidence de la République, a du pain sur la planche.
POLD LEVI MAWEJA.


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