Pour avoir pris la caisse du parti, Shabani (au centre) est livré à la justice
Tshisekedi lave blanc et traîne son vertueux secrétaire général Shabani devant la justice
  • mar, 17/07/2012 - 09:11

LE SOFT INTERNATIONAL N° 1175 DATE LUNDI 9 JUILLET 2012

Rarement parti politique aura connu autant de purges qui ont été autant d’occasions d’un suicide collectif. Rarement on a assisté à un culte aussi messianique d’une idéologie du changement qui a su s’adapter à tous les régimes, à toutes les époques, avec la même ardeur, la même combativité, la même croyance quasi mystique dans l’inéluctabilité du couronnement de la lutte.

L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), c’est tout cela, et même plus. Après les purges des années Dikonda, début 90; après l’échec de la fronde anti-coterie lancée bille en tête par Marcel Lihau et qui sonna son éclipse politique; après la tentative de hold-up de Faustin Birindwa, jusqu’à devenir Premier ministre d’une transition qui virait au vaudeville; après le dédoublement des structures par Frédéric Kibassa Maliba qui se croyait le plus statutaire des présidents d’un parti dont les plus dures des phalanges, celles qui étaient régulièrement en première ligne et qui payaient le prix le plus cher, se recrutaient en dehors de sa propre base sociologique; après la rupture brutale avec le dernier carré des fidèles historiques comme les fondateurs Mukoka et Diayikwa, le battant François Xavier Belchika, l’efficace mais discret feu Aka Mantsia ou encore le professeur Kabeya Tshikuku poussés à créer leur propre parti du nom de Congrès pour la Démocratie et le Progrès Social - CDPS; après «l’auto-exclusion» des députés ayant choisi de siéger à l’Assemblée nationale… Que pouvait-on encore, sérieusement, attendre de l’Udps pour remotiver les troupes?

EXEMPLARITE.
évidemment, que la messe continuerait à se dire, imperturbablement, sur la Xème rue à Limeté. Certes, avec moins d’affluence qu’à l’époque de la Conférence Nationale Souveraine. Mais ici on est toujours au Vatican et le pape n’a toujours pas changé de nom.
Pourtant, la dernière purge qui s’annonce n’a rien d’anodine.
Elle pourrait avoir pour principale victime le secrétaire général du parti en personne, le vertueux Jacquemin Shabani Lukuo, et par conséquent les milliers des combattants originaires de l’Est du pays. à la base, une sombre affaire de commande de cartes de membres dans une imprimerie de la place. Des cartes qui auraient dû être vendues pour renflouer les caisses du parti au plus fort de la campagne électorale, mais qui n’ont jamais été livrées.
I-Ti (E.T. en anglais, pour dire étienne Tshisekedi, à moins que ce ne soit l’extraterrestre) informé de la démarche de l’imprimeur réclamant le solde de la facture, a voulu tout savoir au risque de révéler au grand jour des cadavres en putréfaction avancée dans ce qui a toujours constitué la cathédrale de l’orthodoxie. Il a demandé des explications à son secrétaire général - le même qui passait pour l’homme à abattre par le régime - avant de le mettre à la disposition de la justice, par le biais du parquet de Matete. La justice appelée à démêler le vrai du faux, sans parti pris ni faux-fuyant.
Surtout, sans état d’âme. Si la décision d’étienne Tshisekedi a ébranlé la présidence de l’Udps, dont certains membres ont rué dans les brancards, jusqu’à reprocher au Sphinx de Limeté de se contredire en faisant confiance à une justice dont il a récemment contesté l’indépendance lors du contentieux électoral, la foule des combattants, les parlementaires-debout en tête, pavoisent par contre et saluent ce qu’ils appellent la pédagogie de l’exemplarité. Si l’Udps veut prêcher la bonne gouvernance, celle-ci doit commencer dans ses propres rangs, expliquent-ils. En d’autres termes: pas d’impunité, pas d’intouchables et, surtout, la sanction pour tous.
«Ce n’est pas à la justice congolaise que Tshisekedi s’en était pris, mais à une cour suprême aux ordres, dont les magistrats ont été nommés à quelques jours du contentieux électoral», traduit un Tshisekediste pur sucre. Avant d’ajouter que si Shabani Lukuo, qui n’a pas été démis de ses fonctions mais simplement suspendu pour les besoins de la procédure, est lavé, il sortira encore plus fort et le parti davantage d’une épreuve qui aura confirmé son ancrage dans les valeurs de la bonne gouvernance.

Le retour des colombes?
Si, en revanche, l’homme est reconnu coupable d’indélicatesse dans la gestion des fonds mis à sa disposition, ça sera l’enfer de la diabolisation à outrance et la purge pourrait frapper au-delà. Croyant bien faire, Bruno Tshibala, l’un des adjoints de Shabani, disciple de Dikonda wa Lumanyisha et de Makanda Shambuyi, avait imprudemment évoqué l’hypothèse d’une démission collective, par solidarité. Il court le risque d’être pris au mot. Surtout que, dans ce parti où seule la parole de Tshisekedi est sacrée, nombreux sont ceux qui n’ont pas hésité à aller rapidement en besogne, subodorant des réseaux de complicité plus étendus qu’on ne le croit. Quitte à régler, dans la foulée, les comptes de certaines luttes de clans mal soldées. Notamment au détriment de ces extrémistes qui ont régulièrement manipulé des groupuscules tels que les forces du progrès, dont l’agressivité a poussé plus d’un vers la porte de sortie, tout en bouchant toutes les voies du dialogue. Symbole des changements auxquels les développements en cours pourraient aboutir, le jour où E.T. entendait Shabani Lukuo, une figure emblématique de la lutte du leader de l’Udps faisait son entrée dans le sacro-saint bureau de la Xème rue. Il s’agit du célèbre avocat Jean Joseph Mukendi wa Mulumba.
Personne n’est en mesure de dire de quoi il a été question entre les deux hommes. Pour les uns, ce retour pourrait signifier la fin d’une époque, celle du congrès chaotique de décembre 2010 qui avait abouti à l’émergence d’un nouveau leadership à la tête de l’Udps, dont Shabani Lukuo était la figure de proue et Valentin Mubake Nombi la tête pensante. D’autres, plus modérés, pensent non sans raison que Joseph Mukendi véhicule plutôt l’assurance d’un son de cloche différent, d’une réflexion plus mûre et moins agitée sur les enjeux présents et à venir.
Certes, si personne à l’Udps n’évoque l’idée de convaincre Etienne Tshisekedi de renoncer à sa revendication sur ce qu’il appelle «la vérité des urnes», le patron de l’Udps pourrait, en revanche, se montrer plus ouvert, pour la survie de son propre parti, sur la suite du processus électoral avec les provinciales, les sénatoriales, les municipales et les locales.
Question : Etienne Tshisekedi est-il prêt à une telle évolution et si oui à quelles conditions ? A l’Assemble nationale comme en dehors, nombreux sont les députés Udps qui croisent les doigts en espérant le miracle qui les réintégrerait dans la famille…


Bapa Banga

LEGENDE :
Pour avoir pris la caisse du parti, Shabani (au centre) est livré à la justice. LE SOFT NUMERIQUE.

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