L’Occident fait le deuil de l’intégration dans l’armée
  • mar, 28/08/2012 - 18:08

Le ton a changé à Kinshasa comme à l’étranger. A quelque chose malheur est bon. C’est le Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon qui le dit à notre consœur belge du Soir de Bruxelles Colette Braeckman faisant partie de la suite du ministre Reynders. «Ces évènements (la guerre du M23 et le soutien du Rwanda) nous donneront aussi l’occasion de faire de l’armée congolaise une armée d’élite, qui défend ses frontières.
LE SOFT INTERNATIONAL N° 1184 DATE LUNDI 27 AOUT 2012
C’est parfois en période de guerre qu’ont été créées les meilleures armées. Je suis un économiste mais je saurai aussi affûter les armes pour créer une armée dissuasive… Nous allons mettre de l’argent dans la professionnalisation de l’armée congolaise…».
A quelque chose malheur est bon. C’est le Vice-premier ministre belge Didier Reynders qui le déclare à l’issue d’une visite de quatre jours en R-dC et après l’adience que le Chef de l’Etat lui a accordée à Lubumbashi.
C’est Colette Braeckman qui en parle dans ses notes de voyage: «Pour ce qui concerne le M23 en revanche, le ministre belge est très clair: aucune négociation ne figure à l’ordre du jour.
Tirant la leçon du passé, Reynders estime que «malheureusement, la communauté internationale a souvent demandé que des mutins intègrent l’armée congolaise. Ce fut une erreur, et il faut qu’aujourd’hui cette armée procède à un certain assainissement, la Belgique étant prête à renforcer sa coopération en la matière. Mais on ne peut plus imaginer des formules de négociation qui conduiraient à la réintégration de mutins dans les forces armées». Et de conclure: «A force d’intégrer des indisciplinés, c’est l’indiscipline que l’on intègre…»
Le reste du voyage du ministre belge ne manque pas d’intérêt. Avec Colette Braeckman:
«(...) L’ambiance était plutôt décontractée: des chaises attendaient sous les arbres du parc, un petit garçon, le fils du président vraisemblablement, jouait au football avec les gardes du corps, des rafraîchissements circulaient.
Les Belges aussi, au propre comme au figuré, avaient enlevé leurs casques et la délégation eut droit à un long entretien avec un président décontracté, en tenue sportive, mais toujours aussi réticent à s’exprimer publiquement.
Une heure en groupe, une demi heure en tête-à-tête, loin de toute oreille indiscrète: Kabila et Reynders ont pris le temps de s’expliquer.
D’après le ministre belge des Affaires étrangères, rien n’a été omis et bien des points soulevés lors de son premier voyage à Kinshasa, en mars dernier, ont progressé: les textes permettant la réforme de la Commission électorale indépendante seront examinés par le Bureau de l’Assemblée nationale dès la rentrée du 15 septembre, la société civile sera représentée, le texte créant la Commission nationale des droits de l’homme est prêt à être ratifié, les instruments de ratification de l’OHADA, régulant le droit des affaires, sont fin prêts, le sommet de la francophonie se réunira du 12 au 14 octobre à Kinshasa, remise à neuf pour la circonstance (même si beaucoup reste encore à faire…), le ministre espère que le procès en appel des assassins de Floribert Chebeya se poursuivra sans dérapage. Bref, si en mars dernier, contre l’avis de beaucoup, il valait la peine de faire le voyage, la visite d’août, elle, a permis de constater de notables avancées dans le bon sens.
Mais, sans surprise, ce satisfecit fut loin d’être au centre des entretiens: la situation à l’Est du pays hante les esprits et le mouvement M23, initialement composé d’officiers et de militaires mutins et qui a établi une administration parallèle à Rutshuru, au Nord Kivu, vient de se doter d’un bureau politique, comme s’il s’agissait de faire monter les enchères avant une éventuelle négociation.
Alors qu’il est attendu samedi à Kigali, Reynders refuse d’abattre ses cartes et de se prononcer sur d’éventuels messages dont il serait porteur auprès des autorités rwandaises».
22 AOUT 2012.

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