Rawbank, une histoire
  • jeu, 29/12/2016 - 00:58

La banque de la famille indo-pakistanaise Rawji met désormais le cap sur la bourse des valeurs et la banque panafricaine.

Rawbank accumule trophées et prix ces mois et, au top 100 du magazine de renom Global Finance, elle apparaît pour la deuxième année consécutive au classement des banques les plus stables de plus de 100 pays du monde. Elle avait déjà le Trophée The Banker 2016 de la meilleure banque au Congo décerné par le prestigieux britannique The Financial Times. Sur les poteaux du centre des affaires à Kin, des flyers au vent défilent en langue anglaise assumée - «Rawbank is My Bank». Secret de la réussite de cette banque? Interview de son patron Thierry Taeymans.

Elle accumule trophées et prix à l’international ces dernières années et, en l’espèce, elle est la seule au Congo. Sur les poteaux du centre des affaires et des principales artères de la Capitale, des petites affiches se déploient fièrement en langue anglaise assumée - «Rawbank is My Bank» - dans un pays francophone où s’installent jour après jour des vitrines en langue anglaise comme si les affaires se négociaient et l’argent se comptait en langue de Shakespeare... Depuis quinze ans, un homme est hissé à la tête de cette banque qui se vante désormais d’être la première - la seule de notre pays - à afficher des chiffres aussi impressionnants (781 millions de dollars de dépôts de la clientèle; 451,4 millions de dollars de crédits à la clientèle; 65,2 millions de dollars de Produit Net Bancaire (PNB); 95,6 millions de dollars de Fonds Propres; 5,2 millions de dollars de Résultat Net; un Total Bilantaire de 1,2 milliards de dollars.

Cet homme c’est le Belge Thierry Taeymans qui a misé sur le Congo comme la famille indo-pakistanaise Rawji qui, depuis quatre générations, vit sans désemparer dans notre pays et le connaît sans doute aussi bien que les fins connaisseurs de ce géant.
«Les Rawji ont toujours su faire fi des troubles qui ont parsemé l’histoire économique, sociale et politique du pays; quand d’autres partaient, eux, ils renforçaient leur présence, conscients qu’un pays comme le Congo, fort d’une position centrale en Afrique et riche d’un impressionnant potentiel humain et économique, est appelé à jouer, tôt ou tard, un rôle de premier plan au cœur de l’économie mondiale».
Ce pourrait être la clé de la réussite de Rawbank à la manœuvre d’une Bourse de valeurs dans notre pays et qui lorgne vers le Continent africain caressant le désir de devenir une banque panafricaine comme nombre d’autres banques installées depuis peu à Kinshasa.
Interview de Thierry Taeymans, le patron de Rawbank, réalisée dimanche 18 décembre 2016 dans les jardins de sa villa à Kinshasa.

Comment cette banque est née?
Vous savez, l’histoire de Rawbank est intimement liée à celle de la famille Rawji. Celle-ci investit en République Démocratiue du Congo depuis quatre générations. Pionniers mais également visionnaires, les membres de la famille Rawji ont toujours su faire fi des troubles qui ont parsemé l’histoire économique, sociale et politique du pays; quand d’autres partaient, eux, ils renforçaient leur présence, conscients qu’un pays comme le Congo, fort d’une position centrale en Afrique et riche d’un impressionnant potentiel humain et économique, est appelé à jouer, tôt ou tard, un rôle de premier plan au cœur de l’économie mondiale.
Fort de plus de 87 années de présence, d’investissements et de développements ininterrompus aux quatre coins du Congo, la famille Rawji bénéficie d’une connaissance profonde du tissu social et des rouages de l’économie de notre pays. Cette connaissance approfondie du marché et des multiples besoins des opérateurs économiques a incité la famille Rawji à investir dans le secteur bancaire, avec cet esprit de pionnier, d’entrepreneur et de leader qui la caractérise.
En 2001, alors que je me trouve à Bruxelles, Mazhar Rawji me demande de revenir en République Démocratique du Congo en vue de créer ex nihilo cette banque. Une fois à Kinshasa, je rassemble autour de moi huit banquiers aux compétences et expériences complémentaires pour mettre au point ce projet ambitieux et audacieux. C’est ainsi que Rawbank naît en 2002, au terme d’une réflexion menée trois ans auparavant, mais dont l’aboutissement fut retardé par les secousses dont a souffert le pays dans les années 90.
Un seul objectif nous anime alors au lancement de cette nouvelle banque congolaise: mettre à la disposition de nos clients - entreprises et particuliers - les techniques les plus modernes et les produits les plus innovants dans les différents métiers de la banque et de la finance, et ce dans le sens bien compris du slogan: «RAWBANK IS MY BANK».

Alors quelle ambition se fixe-t-elle dès le départ pour le Congo, pour l’Afrique?
L’ambition Rawbank se décline à travers les quatre défis-clés ci-après que nous comptons relever avec succès au cours des années à venir:
* étendre notre réseau d’agences pour renforcer nos services de proximité et être le plus rapidement possible en mesure de servir les chefs-lieux des vingt-six provinces de la République Démocratque du Congo;
* Renforcer notre pénétration du segment des petites et moyennes entreprises dans la poursuite de l’élan de 2014 et 2015;
* Viser l’efficience opérationnelle par une stratégie de gestion organisationnelle entièrement repensée et par l’exploitation optimale de l’outil informatique;
* Promouvoir les nouvelles technologies financières pour fournir des services financiers nouveaux, moins chers et de grande qualité à tous les segments de la clientèle.
Parallèlement à ces défis, Rawbank compte également démarrer son développement international dans les pays limitrophes de la République Démocratque du Congo avec pour objectif de devenir, à l’instar de ses concurrentes basée dans le pays, une banque panafricaine dont le siège principal sera fixé à Kinshasa.
Enfin, nous étudions également une introduction en bourse pour accroître de manière exponentielle nos moyens d’actions. Nous comptons, dans un proche avenir, être à l’initiative de la création d’une bourse de valeurs en République Démocratque du Congo.

Votre récente communication est basée sur le cap du milliard de dollars franchi par la Rawbank. Ce chiffre est-il impressionnant ou, au contraire, modeste pour un pays comme le Congo?
La solidité financière d’une banque se mesure notamment par la hauteur du montant de son Total Bilantaire qui est la sommation des dépôts et principalement des fonds propres et des capitaux empruntés auprès des Institutions financières internationales (SFI, PROPARCO). Celui de la Rawbank a dépassé, depuis fin 2015, le milliard de dollars; ce qui représente aujourd’hui environ 20% du total des bilans de l’ensemble des banques de la RDC. C’est donc une première dans le secteur bancaire congolais. A titre d’information, lors de la clôture de son premier bilan, le 31 décembre 2003, la Rawbank affichait un total de bilan de 33 millions de dollars seulement; treize exercices plus tard, ce montant a passé le cap symbolique du milliard de dollars américains. La Rawbank confirme ainsi un leadership acquis dès le lendemain de son dixième anniversaire.

Parlons de la confiance de la clientèle dans le système bancaire congolais dans un pays encore sous bancarisé. Qu’est-ce qui pourrait la booster?
Aujourd’hui, les banques congolaises sont appelées à gérer une clientèle multibancarisée, volatile, autonome et très informée alors même que cette clientèle que les banques se partagent ne représente que 7 ou 8% de la population congolaise.
Afin de les fidéliser, chaque banque doit prendre en compte les nouveaux comportements de ses clients, repenser continuellement son modèle d’affaires et son approche commerciale.
La spécificité de la Rawbank est qu’elle est commercialement organisée pour répondre avec efficience aux besoins, attentes et exigences de sa clientèle. Notre segmentation de la clientèle optimise la qualité de la relation client par une connaissance précise de chacun des segments - Corporate Banking, Privilege Banking et Retail Banking. Enfin, cette organisation permet également de renforcer les interactions commerciales entre les différents segments du marché en proposant des offres globales et complémentaires aux entreprises, aux dirigeants ainsi qu’aux membres du personnel de ces mêmes entreprises. Par ailleurs, l’innovation fait partie de la spécificité de Rawbank. En effet, c’est depuis le lancement de la banque en 2002 que nous déployons une stratégie de produits performants adaptés aux besoins du client. Mais cette démarche va plus loin que la simple adaptation de l’offre aux évolutions de la demande et aux besoins du marché, elle anticipe également les mouvements du marché.

C’est en 2001 à Bruxelles qu’un Rawji vous demande de retourner au Congo en vue de créer une banque. Vous êtes un ancien de l’ex-BCZ (actuelle BCDC). Depuis, vous accumulez des awards à l’international. Comment expliquer cette reconnaissance? Est-elle fondée ou négociée?
C’est vrai, ces dernières semaines, Rawbank a accumulé à l’international trophées et autres prix la désignant comme meilleure banque de la République Démocratique du Congo. Très récemment, le magazine américain de renom Global Finance a publié son Top 100 annuel des banques les plus stables dans plus de 100 pays à travers le monde. Ce classement est le résultat d’une étude menée par ce magazine et publiée dans sa parution de novembre 2016. Pour la deuxième année consécutive dans le classement Afrique Sub-Saharienne, Rawbank a été plébiscitée comme étant la banque la plus stable en République Démocratique du Congo. Cette distinction s’ajoute aux nombreuses déjà reçues par Rawbank, dont la plus récente est le Trophée The Banker 2016 de la meilleure banque de l’année en RDC décerné pour la quatrième fois par le prestigieux journal britannique The Financial Times qui soit disant en passant est leader en publication financière dans le monde. Cette reconnaissance internationale n’est pas usurpée. En effet, même localement, Rawbank est perçue par l’opinion publique comme étant la meilleure banque en RDC. Ces trophées, je souhaite les dédier à nos précieux clients. En effet, nous n’avons pu réaliser nos performances que grâce à leur confiance et leur fidélité. Au nom du Conseil d’administration et du Comité de Direction, je tiens à les en remercier sincèrement. Je les dédie enfin aux membres du personnel de notre banque, nos vaillants Rawbankers.
Grace à leur implication, Rawbank a marqué l’année 2016 de l’empreinte indélébile de ses griffes. Plusieurs réalisations sont à notre actif, et chacune d’elles n’a pu se faire sans leur mobilisation et je sais combien elle fut intense sur certains projets. De tout cela, je veux les remercier et souligner que leur travail a été la clé de notre réussite.

Puisqu’il n’y a pas de fumée sans feu, qu’est-ce qui est à la base des ennuis de la Rawbank à l’international, aux Etats-Unis en particulier, comme cela a été écrit par une publication de Kinshasa que certes vous avez démenti?
Je suppose que vous faites allusions aux malencontreuses allégations de votre confrère AfricaNews - d’ailleurs, il s’en est repenti depuis - sur des supposés soupçons d’importations illicites de devises étrangères. Je vous confirme que Rawbank n’a jamais été dans le collimateur du Congrès américain et n’est pas non plus sous surveillance du Trésor américain. Elle n’a jamais été citée non plus dans les rapports de la Commission économique et financière du Congrès américain sur des supposées opérations d’importation illicite de billets de banque.
J’invite les lecteurs du journal Le Soft International à n’accorder aucun crédit aux allégations sans fondement des personnes qui ne souhaitent que nuire à l’image de marque de Rawbank.

Pourtant, Rawbank semble avoir désormais subitement moins de dollars qu’auparavant puisque vous décidez de payer vos fournisseurs locaux en francs congolais. Ceci n’explique-t-il pas cela?
Si vous faites allusion à la baisse de dépôts en dollars américains, je puis vous assurer que ce problème affecte tout le secteur financier du pays et aucune banque n’en est épargnée. La raison de cette baisse de dépôts, c’est bien évidemment la morosité de l’environnement économique causée elle-même par la baisse continue des cours de nos matières premières d’exportation (je pense aux exportations minières) depuis plus de deux ans à ce jour. Malgré cette dégradation de la situation économique, Rawbank maintient néanmoins son cap de croissance en 2016, et tient à clôturer cette année avec un Produit Net Bancaire et un Total Bilan en progression par rapport à l’exercice 2015. Les différentes étapes de formation des performances réalisées au 30 septembre 2016 se présentent comme suit (chiffres non-audités):
- Les dépôts de la clientèle se chiffrent à USD 781 millions.
- Le volume des crédits à la clientèle est d’USD 451,4 millions;
- Le Produit Net Bancaire (PNB) est d’USD 65,2 millions.
- Les Fonds Propres se chiffrent à USD 95,6 millions;
- Le Résultat Net est d’USD 5,2 millions;
- Le Total Bilan se chiffre à USD 1,2 milliards
Au vu de ce qui précède, je peux affirmer que Rawbank se porte globalement bien. Avec l’espoir d’une prompte amélioration de cette situation économique, notre institution devrait évoluer dans un environnement propice à la réalisation des objectifs qu’elle s’est assignés. Toutefois, la concurrence sur la place devrait également s’accentuer dans les mois à venir. Notre Plan de Développement Stratégique 2016-2019 tient compte de ce facteur et nous nous employons à maintenir la croissance et la rentabilité de notre banque.
Nous consacrons un effort accru à l’amélioration de notre qualité de service et à la mobilisation des ressources à moindre coût. Nous continuons de renforcer l’environnement de sécurité et de contrôle de nos opérations et consacrons une attention particulière à l’assainissement du portefeuille tant en termes de suivi des engagements qu’en matière de recouvrement des créances.Nous disposons d’un personnel bien qualifié et d’une gamme de produits aussi bien variés qu’innovants devant nous permettre de maintenir notre position sur la place.

Un mot à l’adresse de votre clientèle pendant cette saison des fêtes?
J’adresse mes vœux les meilleurs pour les fêtes de fin d’année à tous nos clients et à l’ensemble du personnel de Rawbank, et les invite à savourer pleinement ces moments que je leur souhaite cordiaux et agréables.
Je souhaite également la paix en République Démocratique du Congo sans laquelle il n’y a pas de développement économique.
T. MATOTU.


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