Si à Noël, fête des enfants, le Congo faisait un geste pour les familles adoptives internationales
  • lun, 14/12/2015 - 02:56

Devant la secrétaire d’Etat adjointe aux affaires consulaires Michel Bond, une maman adoptive américaine parlant lingala, fait fondre en larmes.

L’administration américaine a fait fort. A la veille de Noël, elle a dépêché à Kinshasa la secrétaire d’Etat adjointe aux affaires consulaires, Michel Bond. Mission: plaider auprès des autorités congolaises la cause des 400 familles américaines ayant adopté un enfant ou plusieurs enfants congolais. Dans la capitale, Michel Bond a rencontré les deux présidents des Chambres Aubin Minaku Njalandjoku et Léon Kengo wa Dondo, le chef du Gouvernement Augustin Matata Ponyo Mapon et le ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba faisant l’intérim du ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanga Ntunga Mulongo. Vendredi 11 décembre dans la soirée, la secrétaire d’Etat adjointe a reçu des familles américaines en la résidence de l’ambassadeur James C. Swan. Y étaient associés le président de l’Assemblée Nationale et le ministre des Relations avec le Parlement, Tryphon Kin-kiey Mulumba.
Un projet de texte de loi sur les adoptions internationales encore en discussion au Gouvernement était attendu au Parlement mais les familles adoptives et les gouvernements des pays des familles en tête celui des Etats-Unis espéraient que les dossiers déjà examinés et en règle pouvaient être libérés et les enfants autorisés à rejoindre leurs parents. Les familles qui ont tissé des réseaux pensent qu’à l’occasion de la fête de Noël - fête par excellence des enfants - le Congo peut permettre que les familles se recomposent.
Au cours de la réception en la résidence de l’ambassadeur James C. Swan, l’une des parentes maniant à la quasi perfection le lingala et à la gestuelle congolaise, a ému, devant son mari et leurs deux enfants congolais, l’assemblée en lisant un texte dont les extraits ci-après:
Mesdames et Messieurs, bonsoir!
C’est un honneur et un privilège pour moi d’être parmi vous ce soir. Depuis mon arrivée à Kinshasa il y a bientôt deux ans pour vivre avec mes enfants, beaucoup de gens ici ont ouvert la porte de leurs bureaux et de leurs cœurs, à notre famille. Très récemment, nous avons ressenti un élan chaleureux de
soutien en ce qui concerne l’incapacité de notre famille à vivre ensemble nous quatre chez nous aux Etats-Unis. James et moi tenons à exprimer nos sincères remerciements à la fois pour la compassion que vous avez exprimée en souhaitant que notre famille soit réunie, et l’hospitalité que vous nous avez montrée pendant notre séjour dans votre beau pays.
Notre fils, Armand, était l’un des 72 enfants récemment autorisés à recevoir une lettre de sortie. Nos cœurs se sont réjouis d’entendre la nouvelle: 72 enfants seraient réunis et accueillis par leurs familles de manière permanente! Plus besoin d’attendre, de se poser des questions, d’espérer... Leurs cœurs, assurément, connaîtraient l’amour pur et la joie, tandis qu’ils célébreraient avec leurs familles les fêtes de Noël. Peut-être ne savez-vous pas que pendant les 9 premiers mois de mon séjour en RDC, je vivais en attente avec nos deux enfants dans un centre d’accueil local pour les enfants adoptés. Cette période de ma vie m’est très chère. Je suis venue donner à nos enfants les soins et l’attention qu’ils méritent pendant que mon mari est resté aux Etats-Unis pour travailler et subvenir à nos besoins à Kinshasa. Grâce à l’amour, il m’a été facile de vouloir être ici avec mes enfants à plein temps. Très rapidement, j’ai ressenti la confiance et le languissement de près de 40 autres garçons et filles légalement adoptés, qui rêvent tous les jours de leurs propres familles.
Nous avons rempli nos journées avec les classes, les repas, le football et la musique, mais rien n’a jamais remplacé le vide que je savais qu’ils ressentaient dans leurs cœurs. Ils me demandaient chaque jour, tantôt avec des paroles, tantôt avec un simple geste, et parfois à travers leur regard expressif: «Où est la famille qui m’a été promise? J’ai attendu si longtemps». Notre fille, Rose, n’était pas parmi les enfants sélectionnés pour recevoir une lettre de sortie. Bien que vous ayez exprimé votre soutien qu’elle mérite également de rejoindre sa famille en permanence, je ne peux m’empêcher de penser aux plus de 1000 autres enfants qui attendent désespérément d’être avec leur famille.
Je ne peux pas regarder mes enfants sans voir tous les autres. Nos cœurs sont attachés en permanence au Congo et à toutes les généreuses personnes qui nous ont reçus ici.
J’ai beaucoup de respect pour vous, pour votre pays et pour le travail que vous faites pour protéger les enfants. Il n’y a véritablement pas de métier plus louable que de prendre soin de ceux qui sont les plus vulnérables dans notre monde et je suis convaincue que toutes les familles en attente apprécient ce fait.
Nous avons attendu patiemment pendant plus de deux ans, en respectant les lois de votre pays et les enquêtes approfondies requises par nos gouvernements. Cependant, avec douleur, les parents ont conscience chaque jour que nos enfants ont besoin de nous. Tandis que nous sommes réunis ce soir dans cette tâche importante des adoptions en RDC, nous représentons de nombreux pays, mais notre amour pour les enfants est le même.
De cette manière, nous ne sommes qu’un. Nos enfants nous ont rassemblé pour cet événement et ont amené nos cœurs à cette constatation, qu’en tant que parents, nous savons tous ce qu’il y a de mieux pour eux. Mon amour n’est pas unique. C’est le même amour que j’ai vu encore et encore dans les familles adoptives partout dans le monde et le monde, assurément, se réjouira avec la RDC quand ils verront les enfants réunis avec leurs familles une fois pour toutes. Je me trouve maintenant en votre présence et vous demande, d’un parent à un autre: lorsque vous voyez notre fille Rose, veuillez également considérer tous les enfants adoptés qui se languissent de connaître l’amour sans réserve et la sécurité que leurs familles attendent de leur montrer pendant cette période de Noël et pour le reste de leur vie.
Au nom de notre communauté de parents, nous vous souhaitons à tous des fêtes de fin d’année remplies d’espoir et de joie. Veuillez aussi s’il vous plaît nous aider à être réunis avec nos familles et nos enfants bien-aimés, et à donner aux enfants le désir de leur cœur.
Nzambe apambola bino. Nzambe apambola bana nyoso. (Dieu vous bénisse tous. Que Dieu bénisse tous les enfants.)
Merci.


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