A l’UDPS, le discours va vient, selon la météo
  • jeu, 16/04/2015 - 02:48

Bouteflika a inspiré Tshisekedi. S’il faut que le leader maximo y aille en fauteuil roulant, il ira, jure-t-il! Comme le dirigeant algérien! Et avant celui-ci, le président américain Franklin Delano Roosevelt (élu à quatre reprises à la Maison Blanche)! S’il faut qu’il ne batte pas campagne - que d’autres le fassent pour lui et qu’il reste hors du pays pour y suivre des soins, invoquant la maladie, la fatigue, le grand âge (82 ans) un peu comme Abdelaziz Bouteflika - il n’en privera pas. Son fils Félix (secrétaire national de l’UDPS en charge des relations extérieures) a été clair.

Son papa quoique physiquement diminué va «désormais mieux». Il prépare son retour à Kinshasa où se tiendra au mois de décembre le congrès de son parti. Le président de l’UDPS doit à cette date être confirmé candidat de son parti à la présidentielle de 2016. A en croire le fils Tshisekedi, son père est «en super forme» même s’il a quitté Kinshasa en août 2014 «par avion médicalisé», sans pouvoir marcher et que, depuis, il a été très peu vu en public, n’a pas pris la parole en public. Il ne serait pas le premier...
«Notre président donne des instructions, il prend des décisions. Il a nommé une commission de préparation du prochain congrès du parti prévu en décembre de cette année. Nous sommes très confiants. Nous gagnerons la présidentielle de manière effective et sans la moindre contestation cette fois-ci», dit le fils sur les ondes d’une radio à Kinshasa, TopCongo fm. Il demande aux militants de son parti de rester vigilants. «Le contexte est différent cette fois, le président sortant ne sera pas candidat à sa succession, il n y aura pas non plus de manœuvres du régime en place. Nous sommes donc confiants et espérons gagner sans même une coalition. Nous croyons en la capacité de notre parti de l’emporter et allons nous préparer pour».
Cela ne l’empêche pas de promouvoir le dialogue avec la majorité quand Tshisekedi annonce préparer une plainte à déposer devant la Cour Pénale Internationale dans l’affaire des «fosses communes de Maluku». A l’UDPS, le discours va, vient, en fonction du temps qu’il fait. Extraits d’interview.

Votre parti considère toujours Etienne Tshisekedi comme le président élu en 2011, alors que la rue était en train de faire plier la majorité présidentielle sur la révision de la loi électorale, vous appelez au dialogue avec Joseph Kabila? C’est un peu déroutant…
Si l’UDPS avait rejeté le 1+4, ça ne serait pas pour accepter une formule similaire aujourd’hui avec un pouvoir finissant, impopulaire, fébrile et qui perd son sang-froid à la moindre contestation. Le dialogue que nous appelons ne vise nullement à cogérer le pays avec Kabila, mais uniquement à travailler dans un cadre serein et républicain à la préparation des élections transparentes et fiables. L’organisation des élections ne pourrait être un objectif en soi, le penser serait s’accommoder de tous les dysfonctionnements et tricheries qui ont faussé le résultat en 2011 et en 2006. Il faut arrêter cette spirale néfaste qui fournit des prétextes à des forces négatives qui choisissent les armes mais en se parant des revendications appelant à l’instauration d’une vraie démocratie. Notre parti fait le choix des discussions apaisées maintenant plutôt que de crier au loup après coup.

Comment pourriez-vous dialoguer avec Kabila si vous ne le reconnaissez pas toujours comme le président élu?
Nous ne faisons pas de fixation ni sur la personne de Kabila, ni sur cette élection de 2011 même si c’est très douloureux pour nous en tant que démocrates de voir perdurer cet état de faits. Si vous lisez notre feuille de route, vous verrez que nous soulignons que «les élections de 2011 ont eu le mérite de configurer politiquement la classe politique congolaise et de recadrer la ligne de démarcation claire entre ceux qui soutiennent le système en place et leurs alliés, d’un côté, et ceux qui réclament la vérité des urnes, de l’autre». A partir du moment où nous pensons que la crise politique actuelle tire son origine de ce contentieux électoral, nous préconisons un dialogue entre les tenants du statu quo et nous autres qui prônons le changement.

Le dialogue pour quel résultat? Pourquoi ne pas concentrer vos forces plutôt dans la préparation des échéances électorales à venir?
L’un n’empêche l’autre, les deux doivent justement s’emboîter. Par deux fois, la vérité des urnes a été tronquée. Cette fois nous avons le devoir patriotique et moral de prévenir une nouvelle fraude. Le dialogue que nous appelons de nos vœux vise uniquement à préparer des élections fiables et à instituer de la cohérence et de la logique dans le cycle des prochaines consultations électorales. Il faut retenir également que nous proposons la présence à ce dialogue du représentant du secrétaire général des Nations-unies et chef de Monusco.

Concrètement, de quoi sera-t-il question ou plutôt quelles seraient les exigences que vous allez présenter à ce dialogue?
Chaque partie sera représentée par 20 personnes. Dans nos propositions, nous demandons que soient écartés de l’ensemble du processus électoral tous ceux qui étaient mêlés de près ou de loin à la fraude de 2011. Ensuite, nous proposons que l’on commence par l’élection présidentielle couplée avec les législatives. Et pour éviter toute fraude, nous demandons que la CENI soit composée d’une manière paritaire de 6 personnes désignées par chaque camp. Quant aux 9 membres de la Cour constitutionnelle, il faudrait qu’ils soient nommés par consensus.
Le recensement avant les élections aurait peut-être permis d’avoir un fichier électoral fiable…
Il y avait dans ce projet des arrière-pensées pour se maintenir au pouvoir, le peuple l’avait compris et l’avait exprimé avec hardiesse et fermeté. Vous connaissez le résultat… Par contre, nous souhaitons un audit externe pour analyser le fichier électoral et une révision pour obtenir un fichier électoral inclusif qui tiendrait compte des nouveaux majeurs, des non-inscrits, des Congolais de l’étranger et des doublons. Nous tenons également à la présence obligatoire des témoins dans tous les bureaux de vote et que des copies des procès-verbaux leur soient remises à la fermeture des bureaux. Nous appelons également à la mise en place d’un observatoire pour certifier les résultats, celui-ci serait composé notamment de la Monusco, de l’église catholique, de l’AETA et des ONG actives sur la thématique des élections.

Cet appel au dialogue a jeté un trouble chez beaucoup, notamment auprès de ceux qu’on appelle «combattants» en Europe…
Je comprends cette réaction, le mot dialogue est malheureusement associé dans notre pays au partage du gâteau entre politiques supposés opposés entre eux. Nous avons compris qu’il nous faut communiquer, expliquer pour clarifier notre position. Nous leur devons ça, car vous savez l’histoire saura leur être reconnaissante de la détermination qu’ils ont montrée dans la dénonciation des velléités de l’occupation de notre pays et dans leur lutte contre la dictature. J’ai le plus grand respect pour leurs motivations et pour leur combat même s’il faut reconnaître que certains de leurs discours et de leurs actions ont suscité émoi et controverses. Je regrette évidemment les dissensions qui ont traversé ce mouvement car c’est toujours unis qu’on est plus forts.

Certains n’ont pas hésité à parler de la corruption par le pouvoir…
Si l’argent était notre moteur, nous ne serions pas en dehors des institutions. Nous aurions des ministres et des mandataires publics qui auraient permis à notre parti de se constituer un trésor de guerre pour les élections et pour des enrichissements personnels comme beaucoup l’ont fait durant le 1+4. Sur cette question, les faits parlent pour nous et depuis l’époque de Mobutu déjà.

BOTOWAMUNGU KALOME
AEM
28 mars 2015 http://www.afriquechos.ch/


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