Le Congo rend hommage à ses maîtres à penser
  • lun, 07/07/2014 - 02:15

Le Salon Congo était plein de célébrités, maîtres à penser de toute une génération, que le Gouvernement a décidé de sortir des bas-fonds de la Nation pour les porter au pinacle de la République.

Tout ce qui représente l’œuvre de l’esprit était là. Sélectionnés. Au total 74 Congolais reconnus par leurs congénères, admis au panthéon national, devenus immortels, de leur vivant. Le sculpteur Liyolo, les peintres Lema et Bamba, les écrivains Mumengi et Yoka, les musiciens Lutumba, Wemba, JB Mpiana, Werrason, Koffi et Tshala Muana, des connus et des moins connus ont décidé pour nombre d’étouffer leurs querelles pour se retrouver côte à côte au Salon Congo du GHK à l’occasion de ce Prix national du Mérite de la Culture et des Arts. Jamais avant un tel événement n’avait eu lieu dans ce pays. Il a fallu Kabila et ce gouvernement Matata pour, peu à peu, tenter de tout remettre à l’ordre et, jour à jour, faire revenir à la normalité... Malgré leur immense talent et leur renommée internationale, ni Kallé, ni Franco, ni Nico, ni Lucie, ni Mujos, ni Kwamy, ni Abeti, ni Mpongo, ni Lomami, ni Bolamba, ni Elebe, ni Mongita, ni Mikanza, etc., n’auront eu, de leur vivant, cette reconnaissance de la Nation.
Le Salon Congo était plein de ces célébrités, maîtres à penser de toute une génération, que le Gouvernement a décidé de sortir des bas-fonds de la Nation pour les porter au pinacle de la République. En attendant qu’ils soient accueillis par le Président de la République, Chef de l’Etat, c’est le Premier ministre, Chef du Gouvernement, Augustin Matata Ponyo Mapon représenté personnellement par le ministre des Postes, Télécommunications et Nouvelles technologies de l’Information et de la Communication, Tryphon Kin-kiey Mulumba, qui a les a reçus en présidant vendredi 4 juillet la cérémonie de remise des Brevets aux 74 Lauréats du Prix National du Mérite de la Culture et des Arts (PNMCA, édition 1). Il n’y a pas de Nation sans âme; il n’existe pas de peuple sans référence. Le Ministre de la Culture Baudouin Banza cite quelques repères de l’histoire: Sénèque, Tite-Live, Salluste, Cicéron (à Rome); Platon, Socrate, Aristote, Polybe (à Athènes); Michel Ange, Léonard de Vinci (à Rome); Cervantes, Picasso (à Madrid); Bach, Goethe, de Handël (à Berlin); Molière, Voltaire, Coluche, Johnny Halliday (à Paris); Erasme (à Amsterdam).
Et la place de Kinshasa? Il prend le pari. «Nous vendons du cuivre. Nous vendons du coltan. Nous vendons du manganèse. Nous vendons de l’électricité. Il nous faut désormais vendre, aussi nos talents, nos génies, notre intelligence, notre savoir et notre savoir-faire, bref notre culture», dit le ministre.
C’est ce devoir de reconnaissance pour la Reconnaissance que rend dans sa belle poésie ci-après le lauréat Yoka: «Nous, nous disons qu’ici-bas, de tous temps, nos œuvres littéraires et artistiques, celles du moins qui sont de qualité et de l’ordre de l’éthique, celles-là sont appel, celles-là font appel à la fratrie solidaire et interdisciplinaire, au ralliement engagé, à la convivialité festive, comme l’écho sonore de ce tam-tam du sculpteur Lufwa, à la FIKIN, ou comme l’exhortation de notre Hymne national: «Debout, Congolais, unis par le sort, unis dans l’effort... ». Debout, nous sommes; passeurs, nous sommes; passionnés, nous sommes. Nous sommes femmes et hommes de bronze et de passion, de bronze passion, comme l’évoque l’œuvre du sculpteur Liyolo; nous sommes, pour ainsi dire, de métal et de résistance comme les œuvres monumentalistes, de l’autre sculpteur Freddy Tsimba. Autrement dit, nous sommes femmes et hommes qui inlassablement traçons des signes; des tatouages, des totems magiques inscrits dans l’endurance, dans la durée, dans la passion, et même dans l’immortalité».
Le représentant personnel de SEM le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Tryphon Kin-kiey Mulumba, Ministre en charge des Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, valide chaque mot. «Jouxtant notre fleuve majestueux, c’est une plastique merveilleuse moulée dans les forges célèbres de la place qui s’offre aux estimes et à l’extase du regard de tout passant qui croise le paysage verdoyant du Mont Ngaliema. Il n’est qu’à se laisser flâner un soir autour de la «Place des Evolués» à la Gombe, de la Gare centrale ou dans le périmètre du Jardin des Premiers, pour s’émerveiller de la manière dont l’art congolais a su s’incruster harmonieusement dans le paysage de la ville. A la fois symboles de notre culture et balises de la mémoire du Congo, bustes, toiles peintes et monuments de nos héros d’hier et d’aujourd’hui y resplendissent agréablement sous nos yeux. L’art, prétexte à notre fierté nationale, a envahi le siège de l’Exécutif national autant que leurs auteurs sont entrés dans la légende! Une belle manière de nous perpétuer; d’une génération à une autre, dans la ligne droite de ce que Platon appelait le «projet d’immortalité. Car l’artiste est immortel».
T. MATOTU.


Related Posts

About author

Portrait de yves