Une classe politique congolaise unanime
  • lun, 03/06/2019 - 17:06

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
C’est en grande pompe qu’Etienne Tshisekedi wa Mulumba a fait samedi son entrée au Panthéon congolais - d’abord au Stade des Martyrs vendredi 31 mai 2019 après l’arrivée du corps la veille jeudi, de Bruxelles. Ensuite samedi 1er juin, au mausolée érigé en sa mémoire,
dans une concession privée à la N’Sele, banlieue ouest de la Capitale, entre le fleuve Congo et le plateau des Bateke, sur la route du Bandundu.

FUNERAILLES DU SIECLE.
Une classe politique unanime a reconnu l’une de ses icônes les plus emblématiques du siècle. Père du président de la République Félix Tshisekedi, Ya Tshitshi a été inhumé deux ans et quatre mois après sa mort en Belgique, en présence de son fils très ému, de son épouse Denise Nyakeru
et du voisin président brazza-Congolais Denis Sassou Nguesso.
Le pays n’aura rien perdu à attendre... Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a attendu plus de deux ans avant de décider de la date des obsèques de son père. Qui l’aurait cru ce mercredi 1er février 2017 quand, à la surprise générale, Ya Tshitshi parti en Belgique pour un contrôle médical de routine, rendit l’âme à la suite d’une embolie pulmonaire?
Certains appellent ça les funérailles du siècle.
Certes, le Congo encore politiquement si divisé n’avait jamais connu des obsèques aussi grandioses. Un stade des Martyrs au cœur de la Capitale capable d’accueillir 80.000 spectateurs, archi comble trois jours durant et aucun incident à déplorer. Et si le Congo, sous Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, avançait, après l’apaisement, la réconciliation, vers la normalisation politique?
L’hommage le plus vibrant de ces trois jours est venu de l’actuel président a.i de l’UDPS Jean-Marc Kabund. «A l’instar d’un Gandhi, d’un Nelson Mandela, d’un Martin Luther King, le combat d’Etienne Tshisekedi était pour la dignité, la liberté et l’épanouissement de l’homme congolais», a-t-il déclaré.
Les trois jours de funérailles ont permis à Fatshi de resserrer les liens avec les pays voisins. Outre Denis Sassou Nguesso, quatre présidents ont pris part à ces obsèques: le Rwandais Paul Kagame, l’Angolais Joao Lourenço, le Centrafricain Faustin-Archange Touadéra et le Zambien Edgar Lungu.
L’Ouganda s’est fait représenté par son vice-président Edward Ssekandi, d’autres présidents - sénégalais, malien, nigérien, etc., l’étaient par des membres du Gouvernement - tandis que le Togolais Faure Eyadema très présent à Kinshasa pour avoir mis fin à un imbroglio de dernière minute - l’annulation depuis la Belgique du vol affrété par les autorités congolaises - en faisant décoller son propre avion - n’a été ni présent, ni ne s’est fait représenter.
La présence à Kinshasa de Kagame, pour la première fois depuis 2010, a marqué un nouveau degré dans le réchauffement des relations entre les deux pays qui se regardent avec une grande méfiance depuis le génocide de 1994 au Rwanda.
Mais les trois jours de funérailles n’ont pas apaisé toutes les tensions post-élections du 30 décembre 2018. L’opposant Martin Fayulu Madidi, qui continue de contester la victoire de Tshisekedi et réclame la «vérité des urnes», n’a pas fait de déplacement - pour des raisons sécuritaires après une tentative d’arrangement échouée avec le président du CNSA Joseph Olengha Nkoy. Pas plus que son allié Moïse Katumbi Chapwe, président de la coalition Lamuka pour quelques semaines encore, revenu de trois ans d’exil le 20 mai mais indésirable.
L’ex-président Joseph Kabila Kabange, avec qui Fatshi a passé un accord de coalition pour gouverner, n’a pas non plus fait d’apparition, ni ne s’est pas fait représenter. Une délégation du regroupement dont il est l’autorité morale - Front Commun pour le Congo, FCC, a déposée une gerbe de fleurs.

DES OBSEQUES POUR MOBUTU.
Son frère Zoé Kabila était au stade mais au titre de gouverneur de la province du Tanganyka. Sa sœur jumelle député PPRD Jaynet Kabila n’a pas été vue nulle part. Par contre, la famille Mobutu a été ovationnée par des dizaines de milliers de personnes au stade des Martyrs lorsqu’elle a été appelée à déposée une gerbe de fleurs sur le cercueil de l’ex-opposant.
A la veille de ces obsèques, Fatshi s’est fait remettre par la famille Mobutu, la canne du Maréchal Mobutu et a promis de rapatrier au plutôt le corps de l’ex-président mort en exil le 7 septembre 1997 à Rabat au Maroc d’un cancer de la prostate. Etienne Tshisekedi a été admis à titre posthume dans l’ordre national «Héros nationaux» Kabila-Lumumba, au grade de Grand Cordon, selon une ordonnance présidentielle.
L’oraison funèbre a été dite par des petits-enfants d’Étienne Tshisekedi. Des survivants des «13 parlementaires» lui ont aussi rendu hommage. Puis une messe a été dite par l’archevêque de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo. «Il vous revient de parachever l’idéal socio-politique de votre illustre père», a-t-il lancé dans son homélie au fils Tshisekedi. A la N’Sele, une courte prière de bénédiction du caveau funéraire est dite. Émotions, tristesses, caméras éteintes, retransmission en direct interrompue, la cérémonie est sobre. La mise en terre se fait dans l’intimité familiale...
avec AGENCES.


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