Trop de chaleur, pas de lumière
  • mar, 22/07/2014 - 02:07

La politique est-ce un ensemble de valeurs ou un jeu de chantage permanent?

Trop de chaleur, peu de lumière. Sur la rive gauche du fleuve, aucune ligne dans la pratique politique n’a bougé. Les jours passent et se ressemblent.
C’est l’opposant sénégalais Abdoulaye Wade devenu ministre d’Etat d’Abdou Diouf, chargé par l’Union Africaine d’une médiation à Kinshasa qui qualifia de «la plus bête du monde» l’opposition anti-Mobutu. Il venait de sortir d’une rencontre avec le chef de l’UDPS et son escorte essuya des tirs des partisans du «Sphinx de Limeté».
Le président français François Hollande qui a rencontré dans la Capitale le chef historique de l’opposition congolaise en marge du Sommet de la francophonie, n’a pas eu une meilleure appréciation.

LA PHRASE DE
MILISSA WELLS.

L’ambassadeure des Etats-Unis, Melissa Wells, que nul n’accusera jamais d’avoir mangé dans la gamelle de Mobutu, se lâcha un jour dans une phrase restée célèbre, laissant filtrer son irritation: «Il y a plus de chaleur que de lumière».
Nous sommes en 1991. Le débat démocratique fait rage. Ministre de l’Information et porte-parole du Gouvernement, Baudouin Banza Mukalayi Nsungu a la bonne idée de créer sur la chaîne nationale OZRT (aujourd’hui RTNC), une émission célèbre «Deux sons de cloche» animée par la journaliste Chantal Kanyimbo, une façon de consacrer la démocratie naissante en ouvrant les médias publics à l’opposition. Les diplomates réclamaient cette ouverture. Mais très vite, le ministre a fait amende honorable. «L’opposition voit des pièges partout, dans tout ce que fait le Gouvernement», s’alarme-t-il. De s’apitoyer: «Dans ce cas, comment faire avancer le débat politique dans notre pays?»
Depuis, rien n’a avancé. Comment le serait-il? Les mêmes sont toujours en place, avec les mêmes feuilles de route rédigées depuis l’étranger par des sponsors, rééditant les mêmes exploits! Car comment comprendre cet embrouillamini qui a élu domicile dans l’opposition qui va, de parti politique en parti politique, de regroupement en regroupement, de surenchérissement en surenchérissement, le but étant de rendre la scène irrespirable comme jamais, d’épuiser ceux qui veulent redresser le pays.

UN ENSEMBLE
DE VALEURS.

Chef de FROJEMO (Front des jeunes mobutistes), Jean-Pierre Lisanga Bonganga a été mobutiste, puis tshisekediste, puis kengiste.
Le voici qui dit avoir retrouvé le chemin du Kabilisme par le Kengisme avant de se rétracter et de remettre pour un temps certainement le costume tshisekediste. Puis de créer une nouvelle plate-forme, le Front Populaire anti-Kabila. Il pourra expliquer qu’il a attendu que le pouvoir le fasse venir sans résultat.
La politique est-ce un ensemble de valeurs ou un jeu de chantage permanent? Sans doute Jean-Baudouin Idambituo a-t-il compris le jeu nauséabond qu’il a décidé de décliner les appels reçus du Front Populaire de celui qui, n’ayant pu convaincre son électorat en vue d’un mandat électif, pense que la légitimité peut venir, à force de surenchère, par la surenchère.
Il en est de même de cette autre coalition d’opposition (UDPS, UNC, Martin Fayulu) qui annonce avoir écrit au Président Obama, au Secrétaire général des Nations Unies, aux Etats membres permanents du Conseil de sécurité sollicitant une mise en accusation du Chef de l’Etat pour crimes contre l’humanité et l’«isolement diplomatique». Ils veulent pourrir la scène en s’imaginant qu’ils seraient un recours! Sous Mobutu, Tshisekedi avait rêvé de cela, s’imaginant qu’un avion viendrait le mettre sur le trône. En vain! Voilà qui nous rappelle hier avec des opposants parcourant le monde réclamant l’isolement du Léopard. Mais aujourd’hui, on a beau chercher les raisons d’une surenchère, on s’arrête en chemin.
Excès, tout est excès. Qu’est-ce qui peut fonder que des acteurs politiques nationaux poussent le courage - l’outrecuidance - jusqu’à formuler des accusations susceptibles de les littéralement déconsidérer et de déconsidérer la classe politique nationale? Aujourd’hui nous rappelle tragiquement hier. Depuis, Mobutu, sa classe politique nationale fait du sur place.
Avec des politiciens accusant le Léopard de «massacre d’étudiants» sur le campus universitaire sans que nul n’ait jamais montré plus d’un mort. Voici des politiciens appelant l’étranger à décréter l’isolement diplomatique du Léopard.
Voici les mêmes Hutus rwandais de Juvénal Habyarimana offerts à Mobutu par la même communauté internationale afin qu’il leur trouve un site d’accueil. Voilà comme par hasard, vingt ans plus tard, ces mêmes Hutus - du même Habyarimana - nous sont abandonnés pour que nous leur trouvions un site, de la province Orientale à l’Equateur. Certes, les mêmes causes produisent les mêmes effets, mais gare à l’imprévisible!


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