Réponse à un site en ligne, la démocratie… congolaise
  • lun, 22/12/2014 - 02:42

Qui ne sait qu’un journaliste pauvre est comme un juge pauvre: un danger pour lui-même, pour la société, pour la démocratie?

Des histoires bidouillées couvrent des colonnes et l’audiovisuel congolais. Des millions de dollars transférés dans un pays voisin. Une ministre et son adjointe qui s’en sont venues aux mains devant des agents. Les plus hautes autorités du pays transportées à Muanda pour un projet fumeux de fibre optique. Le cabinet du ministre des PTNTIC dégarni d’ampoules, interrupteurs, câbles par le ministre lui-même. Des smart télé 85 pouces, ordinateurs, imprimantes, salons Roche-Bobois appartenant aux ITPR, dérobés. Au fond, combien gagnent nos journalistes? Sans publicité, sans lectorat, comment vivent-ils? Qui ne sait qu’un journaliste pauvre est comme un juge pauvre: un danger pour lui-même, pour la société, pour la démocratie?
Qui ignore l’état de délabrement de nos immeubles publics à commencer par le spectacle auquel fit face le Premier ministre en arrivant en avril 2012 à l’Hôtel du Gouvernement? Pour travailler, le chef du Gouvernement fit venir la firme Malta Forrest qui reçut mission de migrer ces lieux et d’en faire l’un des plus beaux joyaux de la République que viennent désormais admirer envoyés étrangers de passage et grappes humaines. A nos écoliers qui s’y succèdent un jour de semaine - certains arrivent de l’arrière-pays -, le Premier ministre initie à la culture du beau…
Le Congolais est-il né pour mouvoir sur une décharge publique, entouré d’odeurs pestilentielles? Faut-il imposer cela aux représentants de nos pouvoirs publics quand l’Etat c’est aussi une image projetée?
Sous Matata I, hormis la Primature, trois immeubles ministériels furent réhabilités: celui du Vice-Premier ministre au Budget généralement remis à neuf avec, comme à la Primature, des cartes à puces aux portes digitalisées.
Ici se succédèrent deux ministres en charge des Relations avec le Parlement (Adolphe Lumanu Bwana N’sefu et Richard Muyej Mangez Mans) après le vice-Président de la République Azarias Ruberwa Manywa.
Ensuite ce fut l’immeuble du Genre, Femme et Famille qui faisait couler l’eau sur la tête de la ministre Geneviève Inagosi Bulo Kasongo quand il pleuvait, guère achevé. Le troisième est l’immeuble de béton et de verre des ITPR (Infrastructures, Travaux publics, Reconstruction) avec le ministre Fridolin Kasweshi, à deux encablures du Palais de la Nation, la présidence de la République.

A L’ARRIVEE, ETAT DES LIEUX.
A mon arrivée avenue de la Liberté (ex-Huileries), je fis face à un immeuble en fin de vie que le VPM Daniel Mukoko Samba destinait à la destruction.
L’eau dégoulinait de partout; les vitres de l’immeuble n’avaient pas résisté à un tremblement de terre de magnitude 6 à l’échelle de Richter; l’entrée principale avait été envahie par la garde armée qui avait installé lits, réchauds électriques et préparait son poisson devant les visiteurs ébahis mais accommodants. C’était ça... l’administration publique congolaise! Aux fenêtres éclatées trônaient des rideaux de pagnes d’un autre âge! Je fis immédiatement appel au Premier ministre qui m’orienta vers le ministre Fridolin Kasweshi qui se rendit sur les lieux deux semaines plus tard pour m’exprimer son incapacité à intervenir, faute de budget!
Si j’eus droit à un groupe électrogène de marque chinoise qui atterrit dans le parking, il est mort avant d’avoir éclairé la moindre petite ampoule. Des jours durant, le bâtiment se plonge dans les ténèbres. Tout le monde peut voir cette quincaillerie fabriquée à Matongé de chez nous, encombrer la cour!
Je n’ai jamais eu droit à une goute d’eau ni à mon étage de ministre, ni à aucun étage. Le cabinet du VPM en charge des PTT qui présidait la toute puissante commission gouvernementale ECOFIN dont je prenais les clés, était à ce point désaffecté que Louis Koyagialo Te Kengbo (que je pleurs en ce moment) avait pu sauver une santé fragile en trouvant refuge au cabinet des ITPR.
Fallait-il que j’y squatte, moi aussi? Je m’installai sur un étage des ITPR où je venais de faire ma remise et reprise avec mon éminent prédécesseur qui venait d’exercer, au lendemain des Législatives de 2011, les fonctions de Premier ministre intérimaire et insista que j’y reste car ailleurs, «cela ne te conviendrait pas, à toi» et jura de me remettre les clés de sa Toyota Land Cruiser Grand Model qui irait parfaitement à «toi Leki n’angai», m’assurait-il. Mais le très moulé Secrétaire général du Gouvernement me fit déguerpir aussitôt que je tournais le dos pour laisser s’installer le VPM Mukoko préséant, qui allait présider la super Commission ECOFIRE. Quant à la Land Cruiser Grand Model, je compris que j’avais perdu une bataille jamais livrée...
Je demandais au Premier ministre de me trouver une chambre d’hôtel aux fins de préparer une lettre de mission attendue sans délai. Je ne parvins point à l’en convaincre! Au fond, je n’ai jamais su pourquoi j’en étais incapable!
Je décidais de travailler chez moi et délivrais à temps la feuille de route gouvernementale.
Jusqu’à quand j’y resterais? L’immeuble des PTT hors d’âge et à la moquette éventée pleine de pollens était si pollué que des particules nageaient dans l’air et, en trois minutes, ces acariens cancérigènes vous nouaient la gorge et aspiraient les narines avant de vous rougir les yeux! Combien de temps il vous en fallait avant que la mort n’intervienne?

DAMES S’ABSTENIR!
Est-ce cela que rencontra le PM Matata, qui fit dire à une diplomate - représentante d’organisation financière internationale hors d’elle - qu’on se rendait à l’Hôtel du Gouvernement à ses risques et périls; qu’elle ne pouvait accepter de se faire servir une tasse de thé; et - last but not least - qu’à la moindre alerte naturelle, elle filait droit à l’hôtel le plus proche pour se remettre des émotions! Ce lieu n’était pas spécialement recommandé aux dames… Ambiance!
J’entrepris de blanchir les extérieurs pour les rendre plus convenables; je fis remplacer les portes d’entrée métallique trouées par endroits, depuis des lustres candidates à la décharge publique; j’attaquais l’étage du ministre par faire mettre une porte jamais peinte à l’épreuve de balles afin de dissuader la garde de transformer l’étage en ce que ce bâtiment aurait cessé d’être… Vint le tour de l’étage du secrétariat et des conseillers. Je fis faire les sols, les murs, les fenêtres, les plafonds…
Cet immeuble qui fut un hôtel de cinquième zone qui avait été construit par un ancien homme d’affaires devenu banquier retourné dans l’immobilier, comptait autant de salles d’eau qu’il y avait de minuscules chambres.
A l’étage du ministre, il y avait jusqu’à dix toilettes! Sur les cuves traînaient un liquide verdâtre, jaunâtre, des colonies de bestioles à tel point que tout le bâtiment constituait un danger pour l’humain! Puisque l’eau n’avait jamais existé ou quand elle venait par miracle, elle ne savait monter dans les étages… Ambiance!
Ai-je, deux ans plus tard, dégarni cet immeuble d’ampoules, d’interrupteurs, de câbles électriques emportés à ma maison sur les hauteurs de la ville, qui en manque cruellement? Si cela est vrai, pourquoi mon ami vice-ministre aux PTNTIC Enock Sebineza se plaît-il (provisoirement) dans ce qui servait de salle d’attente du ministre et pourquoi Thomas Luhaka a pris ses quartiers?
Ai-je dérobé écrans plasma, ordinateurs, imprimantes laser et à jet d’encre, salons? Le ministre Kasweshi a-t-il jamais doté un collègue d’une smart télé 85 pouces à USD 8.000,00, des iMac Retina 5 K display 14,7 millions de pixels (de chez Macintoch à euros 2.500,00), des Roche-Bobois à USD 18.000,00 ou d’un Liyolo en bronze à USD 20.000,00? Poser la question aux ITPR ou au Budget sur des affectations consenties au cabinet des PTNTIC? Quoi en faire pour un journaliste... congolais?
Quelles futilités on n’a pas écrites après le point d’atterrage de Muanda? J’aurais induit en erreur les plus hautes autorités du pays les amenant à inaugurer un projet fumeux quand le mastodonte franco-britannique Orange s’inconsolait d’avoir été exclu de notre fibre Muanda! Quand le Chef de l’Etat fait état d’une fibre qui émaille le Congo et fait de l’économie numérique une réalité, c’est de l’escroquerie intellectuelle tout comme ma rencontre avec nos compatriotes en la salle des fêtes de notre ambassade de Bruxelles!
Quand un projet de note technique d’un conseiller imprudent fait allusion à une carte SIM ayant une valeur, les mêmes consacrent des grands titres, ignorent un démenti cinglant et se font payer comptant par des commanditaires. Ils oublient qu’une carte SIM est vendue 15 euros en Belgique - bien plus ailleurs - et que son activation est soumise à procédures.Je pensais que seul Honoré Ngbanda était digne de plaisanteries, lui qui me trouva sur Internet un nom dont j’ignore l’existence et la qualité d’écriture: Pascal Debré Mpoko! Comme j’avais pu me tromper!

J’Y PENSERAI BIEN…
En arrivant, je n’ai vu aux PTT (qui devinrent avec moi PTNTIC) ni table de bureau, ni télé, ni ordi, ni tapis d’Orient, ni un Liyolo, ni téléphone interne, ni connexion Internet au point où des patrons des entreprises de la téléphonie mobile et de hauts fonctionnaires des institutions de Bretton Woods qui y venaient juraient au malentendu! Comment un ministère clé sous d’autres cieux avait été aussi délaissé?
On comprend pourquoi le Congo traînait 30 ans d’impaiement à l’UIT, 17 ans à l’UAT; que le pays perdit le siège de l’unique organisation internationale qui lui revenait de droit; que le consortium WACS démarrait à Cape Town sans nous au point de me pousser à me rendre quatre fois à Muanda à l’embouchure du fleuve au volant de mon tout terrain (sans doute celui des ITPR) au lendemain de ma nomination pour rattraper le retard sur le lancement du point d’atterrage; que le pays hub du Continent était devenu son trou noir!
Ayant acquis ceci avec mes fonds - certains biens arrivés de ma maison comme les iMac et mes tapis - en vue d’upgrader un ministère porté à la deuxième marche de l’économie du pays auquel je destinais la première place - si les mines sont périssables, les communications ne le sont jamais. Tant que l’homme restera sur terre, il aura besoin de communiquer - fallait-il que j’en fasse cadeau à notre tout nouvel allié de la Majorité présidentielle? Je penserai la prochaine fois!
Mais posons LA question de fond: Quel salaire gagnent par mois nos journalistes? Comment vivent-ils et de quoi vivent-ils, sans publicité commerciale, sans qualité intrinsèque malgré quelques valeurs certaines, sans lectorat acheteur? Qu’est-ce qui justifie l’existence d’un nombre aussi effarant de titres, de radios et de télés jusqu’à 400 voire 1000 par rubrique, livrant tous des «nouvelles», sans agence de presse?
Qui ne sait qu’un journaliste pauvre est comme un juge pauvre: un danger pour lui-même, pour la société, pour la démocratie?
Pour survivre, il se livrera pieds et poings liés au premier quidam, se laissera emporter par le jeu nauséabond du chantage. Il ne saura faire montre d’indépendance, de pertinence, d’esprit critique suite à l’absence d’autosuffisance. Pour avoir défendu à contre courant la liberté de nos organes de presse, Robert Ménard en a été à ce point dégoûté qu’il a rejoint le Front National...
Lorsque Pold Kalombo a travaillé au Soft International, qu’il y a appris des rudiments d’écriture de presse, il peut partir. Cette école a formé les meilleures têtes couronnées de la presse depuis redéployées. Toujours aussi reconnaissants d’y être passés: Willy Katupa Nkole, Mbaya Tshimanga, Lukusa Menda (Prof), Yoka Lye Mudaba (Prof), Kama Fundi Mudindambi (Prof), Willy Kalengay, Eric Makulu, Ngwanza Abor, Kileba Pok-Ames. Il y a aussi ceux qui, très engagés, sont critiques - c’est le droit le plus strict: Dieudonné Kwebe Kimpele (à Londres), Baudouin Amba Wetshi (à Bruxelles), Mike Mukebayi Nkoso (dont nous déplorons la détention et pour qui nous souhaitons justice).

VOUS AVEZ CARTE BLANCHE.
Lorsque Pold Kalombo a été révoqué pour faute lourde pour avoir confondu la poche personnelle avec la caisse de l’entreprise en y engloutissant toute la recette d’une publicité rarissime versée par le Cadastre Minier et d’autres annonceurs introuvables, et qu’on lui pardonne, lui faisant retrouver son poste et son salaire mensuel; qu’il se rende une nouvelle fois coupable du même crime; qu’il fasse plusieurs offres écrites de retour faisant valoir que ce journal verra sa fin de vie vu son prestige; qu’il souhaite même en animer la version en ligne; que femme, frères et amis sont appelés à la rescousse pour qu’on le re-embauche; que l’entreprise estime que trop c’est trop; que cette fois, elle refuse son pardon; au Congo, on a vocation à prendre sa revanche en jurant qu’on consacrera le reste de sa vie à insulter l’ancien patron qui a eu le tort de vous mettre à la porte, à le traîner dans la boue, à bidouiller des histoires peu importe même si le nouvel employeur Sakombi Molendo (fils de son père) est lui aussi passé par Le Soft International! Bravo! Ça c’est de LA démocratie… congolaise! Vous n’avez rien à craindre: aucun juge ne vous poursuivra jamais pour diffamation. Tant qu’on y est, n’aurais-je pas vidé le garage des PTNTIC ou emporté l’imprimerie qui fabrique Le Soft International!
T. KIN-KIEY MULUMBA.


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