Malu Malu de retour fait monter la pression.
  • lun, 20/04/2015 - 00:26

On le disait mort en Suisse, dans un centre hospitalier, des sites en ligne d’opposition avaient rassemblé moult témoignages et on incriminait - comme toujours - le régime Kabila.
Voici l’abbé Apollinaire Malu Malu Muholongu en chair et en os. Peu avant, il était intervenu en vidéo conférence depuis l’Afrique du Sud, prenant part à une réunion cruciale de la centrale électorale nationale. Cette fois, l’abbé a carrément fait le voyage retour et s’est déclaré parfaitement rétabli, faisant le buzz. «Le reste est une question de jours, la convalescence» et c’est pour nous entendre dire une énième fois, faisant monter un peu plus la pression: «Nous allons tenir le calendrier. Il n’y aura pas d’élection sacrifiée», a-t-il assuré jeudi 16 avril au siège de la CENI. La série de scrutins prévus en 2015 et 2016 aura donc lieu selon le calendrier prévu. L’abbé était resté trois mois à l’étranger pour y suivre des soins médicaux. Lors de la conférence, il portait une casquette dissimulant la cicatrice d’une récente intervention chirurgicale au crâne. Certes, Malu Malu est apparu fatigué et absent à plusieurs reprises pendant sa conférence de presse. N’a-t-il pas annoncé sa convalescence?

LA CENI GUERE INFEODEE.
Si les principaux partis d’opposition accusent la CENI d’être inféodée au pouvoir, l’abbé Malu Malu assure que la commission s’acquittera de sa tâche d’organiser ces élections «en toute indépendance» après que la CENI eût publié le 12 février un «calendrier électoral global» - réclamé par l’opposition à la suite des chancelleries occidentales - fixant au 27 novembre 2016 la date de la prochaine présidentielle. Cette élection, prévue pour être couplée avec les Législatives, doit être précédée par une série de scrutins directs et indirects censée commencer en octobre par les élections locales, municipales et provinciales. Vu l’ampleur de la tâche pour organiser toutes ces élections, l’opposition soupçonne que le choix fait par la CENI d’organiser tous ces votes (en particulier les élections locales, qui seront une première dans le pays) soit un stratagème pour reculer la date de la présidentielle, et permettre ainsi au président Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son mandat. Après les troubles provoqués par la nouvelle loi électorale ayant fait plusieurs dizaines de morts en janvier, la mise en œuvre effective du calendrier de la CENI est au cœur du débat politique.
De son côté, le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité, Evariste Boshab Mabudj a souligné que si la mise en place effective des nouvelles provinces a connu un retard observé dans le processus d’installation de nouvelles provinces, elle n’aura pas d’incidences négatives sur la tenue des élections.
«Il n’y a pas un budget de fonctionnement, ni des organes délibérant et des exécutifs encore moins de nouvelles provinces. Jusqu’au moment où nous parlons, le gouvernement ne nous pas encore amené une loi rectificative pour montrer ce que ça coûte et comment on trouverait les ressources», a déclaré le Dép. Christophe Lutundula Apala Pene Apala, élu MSDD (maj), qui faisait part de ses inquiétudes lors d’un débat animé à l’Assemblée nationale. Une inquiétude partagée par des Députés d’opposition, à l’instar de Baudouin Mayo Mambeke (UNC) qui parle d’«échec programmé de ces deux opérations».
«La Majorité est la première à ne pas croire au calendrier. Elle ne veut pas qu’on en parle en même temps, parce qu’elle espère obtenir un glissement par ce calendrier électoral», a asséné le Dép. Mais au sein de la majorité, les députés restent confiants quant à leur réalisation. «Le calendrier électoral est le domaine exclusif de la CENI. On fait un débat pour demander au ministre de l’Intérieur de venir expliquer le calendrier, alors que le ministre a seulement l’obligation de sécuriser les élections».

Evariste Boshab Mabudj a installé samedi 18 avril à Kinshasa les membres des commissions (quatre-vingt-dix au total) qui forment six commissions d’installation de nouvelles provinces. Chaque commission compte quinze membres dirigés par un haut fonctionnaire de l’Etat, actif ou honoraire, qui jouit d’une expérience éprouvée en matière administrative et de la chose publique. Ces commissions vont travailler pendant 30 jours. Ils feront le rapport final devant les six assemblées des provinces démembrées : Bandundu, Equateur, Kasaï-Occidental, Kasaï-Oriental, Katanga et la Province Orientale. Les ressortissants du Bas Congo ayant rejeté toute idée de découpage de la province. Les actuelles assemblées provinciales ne pourront que prendre acte du rapport final de ces commissions, sans débat. Evariste Boshab, qui se dit confiant sur les travaux d’installation de nouvelles provinces, rappelle aux commissions sur quoi elles devront s’atteler: «L’essentiel de votre mission est d’établir l’état des lieux de votre province, d’en dresser l’actif et le passif et d’en proposer une répartition harmonieuse du patrimoine ainsi que des ressources humaines et financières». C’est le 30 juin que les nouvelles provinces entrent en fonction avec de nouveaux gouverneurs élus par les actuels députés provinciaux arrivés fin mandat. Une disposition provisoire en attendant les élections des gouverneurs des 26 provinces, prévues au mois de février 2016 sur le calendrier de la CENI.


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