La version troublante de Laure-Marie Kawanda Kayena
  • jeu, 05/12/2013 - 21:28

Secrétaire permanente du Palu, elle dit avoir été braquée devant la résidence du Patriarche.

Humiliée pour la troisième fois - d’abord révoquée pour «incompétence» comme membre du Gouvernement central, démise de ses fonctions de Secrétaire permanente du Palu, porte-parole et Représentant du Secrétaire général Chef du Parti, exclue du Palu, sous le coup de poursuites judiciaires tout comme MM. Floribert Matiti et Godefroid Kapaya et Thierry Tshitoko, Mme Laure Marie Kawanda Kayena donnait dès le 15 novembre en pleine crise au Palu sa version des faits dans une correspondance adressée au ministre en charge de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières. Elle reconnaît que la «décision surprise» de sa révocation «a créé un climat détestable et des attitudes hostiles des uns vis-à-vis des autres. Ce qui provoque la crainte et la discorde». Ci-après.
J’ai l’honneur de vous exposer succinctement, et pour toutes fins utiles, ce qui se passe actuellement au Secrétariat Permanent du Parti Lumumbiste Unifié (PALU).
Ceci, non seulement pour démentir une rumeur infondée qui prétend que j’aurais refusé de procéder à la remise et reprise avec mon successeur et cette autre encore plus odieuse, que j’instrumentaliserais la Base du Parti dans cette situation confuse et chaotique qui ne profite à personne, encore moins à la République; mais aussi pour confirmer mon implication personnelle sans faille depuis le début pour trouver une solution adéquate dans l’intérêt de tous; ce à quoi je suis heureuse d’associer l’autorité publique.
Voici les faits.
La dernière fois que j’étais avec le Secrétaire Général Chef du Parti, Monsieur Antoine Gizenga, dans ses bureaux en sa résidence privée de Buma, c’était le vendredi 08 novembre 2013. Nous avons travaillé ensemble jusqu’en début d’après-midi.
L’ordre du jour de notre entretien direct qui était établi de commun accord indiquait:
- mon voyage dès le lendemain, c’est-à-dire le samedi 09 novembre 2013, et pour une
durée indéterminée;
- le sens de ma mission;
- l’intérim au Secrétariat Permanent;
- et le message qu’il voulait m’entendre donner de sa part aux camarades militantes et
militants dans toute la Province du Bandundu, conformément à l’ordre de mission qu’il m’avait établi.
A première vue, rien ne prédisait le changement intervenu et me signifié le samedi 09 novembre 2013 lorsque j’étais en pleine manifestation politique en soutien à nos Forces Armées victorieuses dans l’Est du pays. Dès réception de l’information sur cette décision, je suis rentrée à la maison, où, d’une part, j’ai instruit sur-le-champ mes collaborateurs de préparer la remise et reprise, et d’autre part, j’ai appelé mon successeur pour le féliciter. Ce dernier peut en témoigner.
Mon initiative suivante a été prise le lundi 11 novembre 2013 lorsque j’étais allée à Buma dans l’intention de voir le Secrétaire Général Chef du Parti pour lui exprimer de vive voix mes sentiments de remerciements pour la confiance qu’il a su patiemment placer en ma personne en me confiant, à une époque donnée, les responsabilités de Secrétaire Permanent, Représentant le Secrétaire Général Chef du Parti, Porte-Parole.
Malheureusement, arrivée sur place à Buma, j’ai été surprise d’être renvoyée, braquée par les armes de la police nationale congolaise et chassée comme une malpropre. Questionnés sur le donneur de cet ordre à première vue déplacé, les hommes en armes ont répondu avec assurance l’avoir reçu de l’épouse même de mon Chef.
Sans vouloir soulever ici un débat inutile, je tiens toutefois à avouer que la décision était sous un angle humain une grande surprise non seulement pour moi, mais surtout pour les camarades militantes et militants du Palu, pour la population, pour les partenaires politiques et même pour d’autres autorités politiques du Gouvernement et de la Présidence de la République qui m’ont contactée personnellement ou par personne interposée pour connaître la vérité. Ce dont je leur sais gré.
Chaque personne réagissait à sa manière: cette décision a suscité certaines craintes pour beaucoup de camarades militants au sein du Palu, ici au pays et dans la Diaspora. C’est pourquoi, certains camarades ont exprimé leurs appréhensions sous forme de profond désaccord avec la décision, puisque, apparemment, ils n’étaient pas préparés psychologiquement à la prise de cette décision.
Permettez-moi à présent d’engager ma seule responsabilité dans l’analyse mesurée ci-après. En effet, contrairement aux décisions antérieures où les camarades militants du Palu solidaires, comprenaient ce qui devrait arriver à la Permanence du Parti, notamment:`
- à l’entrée du Parti au Gouvernement, il était attendu que le Camarade Sylvain Ngabu laisse le poste pour des responsabilités gouvernementales, de même pour le Camarade Makina pour le poste de Mandataire;
- à sa sortie du Gouvernement, le Secrétaire Général Chef du Parti a dû reprendre en mains le Parti et un changement est intervenu à la Permanence;
- également, après les résultats des élections de 2011, le changement a été réclamé...
Mais cette fois, dit la base, c’est une grande surprise. C’est donc, selon les déclarations de la Base habituée à une certaine régularité, une décision qui n’est pas conforme à la coutume.
C’est vrai, cette décision surprise a créé un climat détestable et des attitudes hostiles des uns vis-à-vis des autres; ce qui provoque la crainte et la discorde pour certains camarades militants du Parti.
Des informations en notre possession, dans les milieux politiques, cette décision serait ressentie comme scandaleuse en ce qu’elle apparaît brusquement contraire à tous les usages politiques et ce avant les décisions annoncées par le Président de la République, Chef de l’Etat qui recherche la cohésion nationale.
C’est pourquoi, certains camarades militants du Palu ont également eu le souffle coupé depuis samedi dernier.
Oui, cette décision a facilité l’apparition de certaines émotions: l’irritabilité qui est vecteur de la colère. Cette dernière résulte généralement d’un événement évalué comme soudain, peu familier ou imprévisible ou désagréable.
Les réactions sont multiples et un effort a été fait pour nous informer des opinions et de la perception des camarades militants du Palu, de la population, des partenaires politiques et même pour des autorités politiques du Gouvernement et de la Présidence de la République.
Pour certains, la décision vient faire obstacle au but poursuivi, et les conséquences attendues sont vraisemblablement négatives, face auxquelles il faut rectifier les tirs immédiatement. Les erreurs sont humaines. Moi aussi, certainement, je les ai commises, mon devoir est de ne pas persister dans les erreurs.
Pour moi, sans les juger, ce que je n’ai d’ailleurs pas le droit de faire, les gens ont exprimé leurs émotions, la colère, la tristesse, abattement, le désespoir, la peur, le dégoût, l’écoeurement, la honte, l’humiliation, le mépris. Ces émotions sont à la base de ces réactions qui ne sont pas seulement déterminées par le jugement rationnel mais aussi par le cerveau reptilien et le passé politique. Qu’à cela ne tienne, je m’active à gérer cette situation désagréable dans notre Parti. Pour ce faire, le lundi 11 novembre 2013, après avoir été braquée et immédiatement à la suite de l’attaque du Siège du Palu par des éléments de la Police nationale, j’ai lancé un communiqué par le canal de la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC) exhortant les camarades au calme et à la discipline du Parti en attendant les directives du Secrétaire Général Chef du Parti; ce que nous attendons tous jusqu’à ce jour.
Par la suite, après une enquête sommaire, j’ai porté plainte comme de droit pour le braquage à main armée contre ma personne et pour la violence dont a été victime la Base du Palu au Siège même du Parti. De même que j’ai demandé par courrier du 14 novembre 2013, ce que je réitère par la présente, une protection policière pour les sites et les camarades du Parti. J’ajoute ici que le mercredi 13 novembre, le policier du premier bataillon de la Légion PIR commis à ma sécurité et à celle de ma famille s’est vu retirer par sa hiérarchie, sous un motif que lui-même ne sait expliquer, son équipement de travail. Ma famille et moi-même nous retrouvons ainsi sans assistance publique; ce qui m’oblige de demeurer à domicile alors que les camarades révoltés ont besoin d’un encadrement ordinaire à l’avantage de tous dans une situation quelque peu floue qui s’étend avec le temps.
En effet, des troubles internes ont été enregistrés dans plusieurs Provinces du Parti, notamment au Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema, Kasaï, Katanga, Kinshasa et même au Bandundu qui ont immédiatement manifesté leur opposition à ce qui s’est décidé. Ce qui se passe aujourd’hui plonge le Parti dans le chaos et la confusion totale! Et, ce filtre qu’est le temps passant, apportant des révélations inattendues mais imaginées qui seraient à l’origine de cette situation, renforce la résistance à la base. Des interrogations naissent par ailleurs sur le sens de ces réunions politiques qui se tiendraient dans la résidence du Secrétaire Général Chef du Parti à Buma autour de son épouse, entre membres de famille et avec l’aide des membres du CENAL que, de droit jusqu’à la remise et reprise qui n’est pas encore faite, je dirige encore. Mais comment procéder à cette reprise remise avant d’avoir vu le détenteur et mandant du pouvoir, le Secrétaire Général Chef du Parti? Et, que cache cette interdiction qui m’est faite de le joindre au téléphone, par médiateur ou directement? L’avenir nous le dira.
Je vais terminer comme j’ai commencé, en criant mon innocence par le Ciel qui donne la fortune à qui et quand Il veut, et la retire de la même façon:
- 1. Je ne refuse pas de procéder comme de droit à la reprise remise; je respecte la pratique qui me l’impose après instructions du Secrétaire Général Chef du Parti; ce que j’attends;
- 2. Je n’instrumentalise pas cette Base politique du Parti finement formée par son Leader; la Base du Palu se suffit à elle-même.
Selon les informations en ma possession, sûre de ses sources domestiques solidaires, la Base jugerait elle-même sa cause suffisamment juste et claire pour se prendre en charge. Je me permets de préciser que c’est cette même Base qui sauve toujours le Parti face aux adversaires politiques extérieurs! Pourquoi et comment deviendrait-elle subitement inapte et impuissante à se sauver à l’interne?
Mon devoir, dans ces circonstances désolantes que nul ne peut approuver, demeure constant: je continue à appeler les camarades de tous bords à la retenue et à la stricte observance de nos pratiques politiques traditionnelles.
Je suis plus que résolue à contribuer avec l’aide de la collectivité nationale à résoudre cette crise dont le pays n’a pas besoin en ce moment sans insister sur le prestige de notre Chef du Parti et du Peuple que j’ai l’obligation de sauvegarder, car, comme lui-même le Secrétaire Général Chef du Parti me le rappelle tel un ordre: «Le Peuple vaincra».
J’espère avoir apporté un peu de lumière dans ce qui ne fait présentement pas l’honneur du Parti Lumumbiste Unifié (Palu) ni ne conforte la grandeur de notre pays et la dignité de nos populations. Je prie Dieu et les ancêtres bienveillants envers nos activités humaines imparfaites, certes, mais nécessaires, que la cause qui nous unit soit la raison majeure de ce rassemblement pacifique que j’appelle de tous mes voeux.
J’en appelle également à l’assistance publique et aux bons offices de nos partenaires pour accéder aussi bien aux instructions du Secrétaire Général Chef du Parti, qu’aux aspirations profondes de la Base qui se désespère, certes, mais qui se détermine également quotidiennement à s’allier celles et ceux des camarades qui seront toujours de son côté. Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Ministre, l’expression de ma parfaite considération.

Kinshasa, le 15 novembre 2013,
Laure Marie Kawanda Kayena.

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