La cohésion nationale passe par un processus de formation des Cadres
  • lun, 03/09/2012 - 18:58

Le rêve de toute communauté humaine est de vivre éternellement, de mieux en mieux et d’étendre son espace vital et son influence dans le monde. Une telle ambition suppose et implique la réalisation d’un archétype, c’est-à-dire, un citoyen modèle de base qui sert de référence dans l’évolution de l’homme et dans la réalisation de l’idéal de la société et de la société idéale.

LE SOFT INTERNATIONAL N°1185 DATE VENDREDI 31 AOUT 2012
Celte ambition-rêve n’est pas sans risque: l’histoire nous donne des exemples des peuples et civilisations disparus ainsi que des peuples et civilisations confondus voire perdus dans d’autres. Donc, la réalisation de ce rêve grandiose implique certaines exigences.
La première condition et la condition sine qua non est de former et de disposer d’un type de membre capable de perpétuer l’idéal de la communauté par des pratiques quotidiennes grâce à l’expression concrète de la personnalité de la communauté à travers la vigueur et la vitalité des individualités.
Cette expression du désir et de la vitalité de la communauté peut être telle qu’elle apparaît sous la forme d’un égrégore, c’est-à-dire une émanation psychique de la communauté: c’est le totem des anciens et le symbole étatique comme le drapeau aujourd’hui, le léopard, le lion, le coq... A ce propos, l’exemple du peuple juif est emblématique. Le peuple américain n’est pas en reste avec The American Way of Life.
Dans le cadre de la République, avoir et former un type de citoyen porteur est nécessaire pour assurer la cohésion nationale et exprimer l’idéal commun. Tel est le fondement moral et de la légitimité du ministère de la nouvelle citoyenneté. Si la dénomination apparaît pour la première fois dans l’architecture gouvernementale de notre pays, la fonction de former un type de citoyen ad hoc a toujours existé et été exercée de diverses façons.

A LA RECHERCHE D’UN ARCHETYPE DE CITOYEN.
L’intégration de la MOPAP dans le gouvernement durant la IIème République est une première tentative de confier à l’Etat la formation d’une conscience citoyenne spécifique alors que durant les premières années de l’existence du Congo en tant que pays décolonisé, cette formation était exercée par les partis politiques autour de l’intégrité territoriale comme moteur de la cohésion nationale et de l’indépendance du pays.
Cette préoccupation était symbolisée par le courant nationaliste incarné par Lumumba. Mais ni Lumumba, ni le courant nationaliste n’ont bénéficié de circonstances historiques favorables pour donner une dimension républicaine à cette ambition sauf à travers les partis politiques indépendantistes qui se battaient pour avoir le pouvoir de diriger le pays, c’est-à-dire d’imposer une vision propre et autre.
Cette période n’a pas réussi à former un citoyen nationaliste type différent du citoyen partisan, faute d’un cadre de formation, préoccupation inexistante alors dans le chef du gouvernement à travers la gestion quotidienne de l’Etat.
Mobutu fut le premier à donner une dimension étatique à la recherche d’un archétype de citoyen pour assurer l’intégrité territoriale, la pérennité du peuple et l’extension de l’influence du pays en Afrique et dans le monde. Ce citoyen type fut appelé «citoyen militant». Outre les qualités intellectuelles et techniques du développement de l’Etat, le citoyen militant devait avoir comme qualité morale spécifique, le militantisme c’est-à-dire une conscience éveillée et vigilante sur les intérêts du Parti-Etat, c’est-à-dire du Zaïre.
Des slogans servaient de support à la réalisation de cette vision notamment servir et non se servir, vigilance-miso ga!
Mobutu s’est donné les moyens d’abord en faisant du parti MPR l’Etat-Zaïre, ensuite en donnant à chaque citoyen la qualité de militant c’est-à- dire, un citoyen dont la préoccupation essentielle et fondamentale était la protection et la défense de l’Etat, la pérennité du Peuple à travers les valeurs culturelles zaïroises authentiques et l’extension de l’influence de l’Etat à travers la vocation africaine du Zaïre en incarnant la dignité africaine.
A partir de la lettre de treize parlementaires, cette expérience n’a plus fait l’unanimité au sein des institutions de l’Etat. Les contestataires sont allés rejoindre le combat des nationalistes lumumbistes irréductibles pour combattre la conception mobutienne du citoyen-militant, fondement du régime Mobutu.
L’ère Mobutu a eu le mérite d’initier tous les citoyens aux arcanes du combat politique, jusqu’alors réservées au monde ésotérique des politiciens.
D’où la création de l’institut Makanda Kabobi dont les écrits gardent une valeur scientifique certaine et servent de référence sociale aujourd’hui, car la direction de cet institut, creuset du militantisme, fut confiée à des personnalités dont la notoriété intellectuelle et le nationalisme n’étaient pas sujet à caution comme les Mpinga, Gambembo, Kangafu ou Samba Kaputo, entouré des jeunes intelligences comme un certain Kin-kiey, dont le sens patriotique était à l’abri de tout soupçon.
Puisque la lutte pour le pouvoir était profondément marquée par la lutte des individus, il s’agissait donc d’abord et avant tout de faire partir Mobutu.

DU CITOYEN-MILITANT AU CITOYEN-PATRIOTE.
D’où le sens profond du slogan de Tshisekedi, Mobutu doit partir comme préalable et condition de tout changement, tant pis pour les valeurs pérennes et structurantes de la société et du citoyen archétype.
C’est dans ces circonstances que Mzee, tombeur de Mobutu, eut l’idée de remplacer le citoyen-militant par le citoyen-patriote dont la définition se trouve dans le célèbre discours de Buse Falay, alors directeur de cabinet du président Kabila. Les circonstances historiques n’ont pas permis à Mzee de matérialiser sa pensée à travers un institut ad hoc. Cependant, il en a laissé les prémisses à travers les notions de se prendre en charge et de ne jamais trahir le Congo. Après l’accord de coexistence pacifique signé à Sun City entre tous les acteurs politiques et l’expérience sui generis de 1+4, le pays prit un tournant démocratique décisif par les élections de 2006. Le président Kabila prit alors l’initiative de proposer au peuple un autre archétype de citoyen, incarnation des qualités du nationaliste, du militant et du patriote, il s’agit du citoyen Démocrate.
Pour réussir dans cette exaltante tâche, il se devait de donner une dimension républicaine à cette démarche. La création du Ministère de la citoyenneté apparaît donc comme une première étape avant son autonomisation en faisant un grand Ministère dans l’équipe gouvernementale.
L’autonomisation de ce ministère est nécessaire pour obtenir un budget propre, une structure administrative et fonctionnelle autonomes. Dans cet ordre d’idées, le Ministère de la citoyenneté devrait créer l’Ecole de la République comme support, comme la Rtnc sert de support au Ministère de la communication.
Car après les périodes de turbulence de notre histoire et de notre vie commune, il est nécessaire d’identifier les repères idéologiques et moraux, de remettre à l’honneur les valeurs de la République tombées en désuétude non pour sublimer un passé nostalgique mais pour promouvoir les valeurs de progrès quel qu’en soit le prix avec comme objectif la perspective d’un avenir promoteur, porteur et radieux.
La mission de cette école de la République serait alors d’inculquer et d’inculturer les valeurs propres à transformer le mental et la conscience du citoyen congolais.
Bref, créer une sensibilité congolaise particulière grâce à l’éveil socio-idéologique, globale et permanente, car pour changer de mentalité et de comportement, un peuple, doit accéder à des valeurs innovantes de progrès tout en abandonnant les valeurs handicapantes et incompatiblcs à l’environnement national.
Une telle école pourrait être organisée en 3 cycles:

  • Un cycle après l’école primaire et avant l’école secondaire,
  • Un 2ème cycle après l’école secondaire et avant d’entrer à l’université.
  • Un 3ème cycle serait organisé après les études universitaires, avant de commencer la vie professionnelle.

Le Ministère de la nouvelle citoyenneté est ainsi appelé à travailler en étroite collaboration avec les ministères chargés de l’éducation autour des valeurs comme l’intégrité morale dont la perte entraîne tous les maux que nous déplorons à travers la corruption, la trahison, la concussion, l’immoralité, le pillage. En effet si les ministères chargés de l’éducation forme l’intelligence, le ministère de la citoyenneté forme la conscience.
La conscience est destinée à changer le comportement et l’attitude du citoyen face aux défis de l’existence que lui impose l’Etat.
A cette fin, acquérir des valeurs nouvelles, porteuses de progrès est une tâche essentielle pour le Ministère chargé de la nouvelle citoyenneté afin de changer la mentalité de la communauté et de transformer la société.
Le Président Kabila s’est donné ainsi pour défi, réconcilier la science et la conscience en l’homme congolais, à travers les ministères de l’éducation nationale et de la nouvelle citoyenneté.
Et pour bien présenter les choses, il faudrait alors parler du ministère de l’instruction et du ministère de la nouvelle citoyenneté.
Cette segmentation en épistémologie et en moral à travers les deux ministères donne alors tout son sens, un contenu concret et une portée pratique à la devise «science sans conscience n’est que ruine du citoyen».
Puisque la démocratie est fondamentalement un exercice de la liberté, c’est-à-dire, la pratique routinière du choix, le citoyen devrait être préparé, je dirais même être transformé en conséquence. La connaissance et le choix structurent la morale républicaine. D’où l’impérieuse nécessité de façonner un archétype de citoyen démocrate ayant une maîtrise parfaite de l’exercice du choix compte tenu de sa connaissance.
Car, le choix est à la liberté ce que la conscience est à la science, c’est-à-dire, la valeur ajoutée qui donne au citoyen sa finalité républicaine. L’école de la République aurait alors pour mission d’outiller le citoyen pour analyser ses problèmes existentiels en tant que citoyen, dans une perspective républicaine. Son rôle serait alors essentiel dans notre perception du monde et de la R-dC.
ANDRE ALAIN, Président national de COR et membre de la Cellule de communication du Secrétariat général de la Majorité Présidentielle.

LEGENDE :
De Lumumba à Kabila Kabange. Une même envie: disposer d’une élite nationale. DRESERVES.

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