La Banque Centrale craint un emballement du taux de change
  • ven, 14/07/2017 - 05:16

Le dollar américain déferle déjà les 1.600 CDF et mettrait le cap sur 2000 CDF.

La phrase est lancée, la Banque Centrale du Congo est on ne peut plus claire. Alors qu’en un mois d’avril à mai 2017, le moral des patrons accuse une chute de 14 points passant de +4% à -9,3%, la BCC dit s’attendre à un emballement du taux de change au cours des semaines et des mois à venir et sa conséquence immédiate, à savoir, une aggravation des malaises sociaux dans le pays. Car, argumente-t-elle dans son rapport de conjoncture économique daté de juin 2017, le marché des changes a été caractérisé par la poursuite de la dépréciation de la monnaie nationale face au dollar américain. Au 28 juin 2017, le taux de change a enregistré des dépréciations hebdomadaires de 2,01% à l’indicatif et de 2,80% au parallèle. A cette date, le taux de change d’un dollar américain s’est établi respectivement à 1.500,88 CDF et 1.545,73 CDF quand jeudi 13 juillet, le dollar déferle déjà les 1.600 CDF voire 1.700 CDF. Sauf si des mesures budgétaires et structurelles courageuses visant la réduction des pressions sur la liquidité et l’accroissement de l’offre des devises sont prises, l’Institut d’émission dit «craindre un emballement du taux de change dans les prochains mois avec comme risque l’aggravation des malaises sociaux».

DEUX BONNES NOUVELLES EN PERSPECTIVE.
Certes, il y a deux bonnes nouvelles en perspective: sur le front de nos matières premières d’exportation, on aperçoit une remontée des cours notamment du cobalt qui passe de 22.000 USD/la tonne à plus de 60.000 USD/la tonne. Les batteries aux lithiums qui permettent aux plus grands fabricants de voitures électriques au monde (VW, BMW, Fiat, Chrysler, General Motors, Tesla) tout comme des géants de l’électrique tels BYD et LG via le Chinois Huayou Cobalt, sont à la base de cette tendance.
L’autre bonne nouvelle vient d’African Export-Import Bank en abrégé Afreximbank qui vient d’annoncer la mise à disposition de USD 500 millions sous forme de prêts au secteur privé congolais. «Ce sont des crédits qui seront accordés aux entreprises privées qui devront présenter des dossiers bancables et priorité sera accordée au financement des activités agricoles et industrielles afin de réduire les importations des biens de consommation courante», a confié au Soft International le ministre des Finances Henri Yav Muland alors qu’il séjournait en Afrique du Sud et en route pour Paris où il devrait avoir des réunions avec une délégation du Fonds Monétaire International, FMI.
C’est en février 2014 sous le gouvernement Matata que la RDC a annoncé son adhésion à cette banque panafricaine dont le siège social est basé au Caire, en Egypte.
Il reste qu’avec la baisse des réserves des changes, l’économie est crispée, la devise devient introuvable, la tendance est de se débarrasser au plus vite de la monnaie nationale pour de la devise et le franc poursuit sa dégringolade. L’hypothèque politique pousse l’homme d’affaires à maintenir un niveau d’activités minimal.
Au 28 juin 2017, les recettes mensuelles du budget en devises se sont situées à 24,07 millions de USD et les dépenses à 32,58 millions, dégageant un solde mensuel déficitaire de 8,51 millions de USD. En cumul annuel, il s’observe une consommation nette des devises de 136,70 millions de USD, fixant les réserves de change à 708,74 millions, niveau correspondant à 3,10 semaines d’importations des biens et services sur ressources propres.
En mai 2017, les entrepreneurs sont d’avis que la conjoncture de l’économie du pays n’est pas favorable et présente à court terme des perspectives de moins en moins rassurantes. L’optimisme retrouvé au mois d’avril dernier s’est aussitôt estompé. En effet, le solde global brut de leurs opinions s’est établi à - 9,3 % contre + 4,8 % un mois auparavant.
Les perspectives telles que vues par les chefs d’entreprises à fin mai 2017 se présentent comme suit:
Pour ce qui est des «Industries extractives», en l’absence des perspectives d’une amélioration durable des cours de principales matières premières d’exportation intéressant l’économie congolaise, la confiance des entrepreneurs s’est détériorée dans ce secteur. Le solde d’opinions des mineurs est passé de +13,2 % en avril à -2,0 % en mai 2017.
Par ailleurs, en ce qui concerne la «Construction», l’atténuation du manque de confiance observée en avril 2017 s’est poursuivie en mai avec la même amplitude. Le solde d’opinions s’est ainsi redressé progressivement jusqu’à -15,2 % au cours du mois sous publication et ce, grâce à un meilleur comportement des activités de génie civil.
En ce qui concerne les «Services», le solde d’opinions reste significativement négatif, se situant à -49,0%, presqu’au même niveau que le mois précèdent où il était à -48,3%.
S’agissant du secteur «électricité et eau», bien que demeurant favorable, le solde brut d’opinions a affiché un recul, se situant à +12,8% en mai, après s’être redressé à + 30,7% en avril 2017. Ce fléchissement significatif est imputable aux déficits enregistrés au niveau de la production de l’énergie électrique, causant une altération de la desserte.Dans les «industries manufacturières», la confiance qui caractérisait les chefs d’entreprises depuis février dernier s’est effritée au cours du mois sous analyse avec un solde d’opinions qui a chuté à -34,0% contre +5,0% un mois plus tôt.

MESURES THERAPEUTIQUES URGENTES.
A la suite des pressions sur le marché, comme mesures thérapeutiques urgentes, la Banque Centrale se dit prête à «examiner» la possibilité d’intervention». Elle appelle à poursuivre l’exécution des dépenses sur base caisse en privilégiant «les charges contraignantes» et en alignant les autres charges «suivant le rythme de mobilisation des recettes supplémentaires». Elle appelle à «éviter la concentration des dépenses publiques sur une courte période», de même qu’à la réduction «au maximum les dépenses en devises».
Elle veut «privilégier les virements en comptes dans les paiements de l’Etat» en lieu et place des espèces payées à ses guichets du siège. Mais au niveau du Gouvernement, elle appelle à des «réformes structurelles urgentes à court terme»: l’accélération de la mise en œuvre des 28 mesures d’urgence, la mise en place d’un mécanisme efficace de suivi, l’alignement des réformes par ordre de priorité, en les enchaînant «de manière à produire un effet maximum sur la croissance, la productivité et la création d’emplois». A la 4ème semaine de juin 2017, l’inflation mesurée par la variation hebdomadaire de l’indice des prix à la consommation s’est établie à 1,789%, portant le cumul annuel à 18,919%. Restant sur la même tendance, l’inflation en annualisé atteindrait 43,391% et 31,103% en glissement annuel contre un objectif de 7,0% à fin décembre 2017.

DEFICIT MENSUEL MONSTRE.
Au 28 juin 2017, la comptabilisation des opérations financières de l’Etat affiche un déficit monstre de 144,0 milliards de CDF alors que le déficit mensuel programmé était de 13,6 milliards. Un résultat qui traduit un faible niveau des recettes chiffrées à 232,6 milliards de CDF et une expansion des dépenses à hauteur de 376,6 milliards, dépassant leur prévision mensuelle de 29,7 %.
En cumul annuel, les opérations financières de l’Etat se sont clôturées par un déficit de 126,7 milliards de CDF contre un déficit programmé annuel de 110,0 milliards. Les ressources mobilisées, aux vingt-huit premiers jours du mois de juin 2017, sont constituées pour l’essentiel de recettes fiscales collectées par la DGI, soit 49,7% et celles orientées à la DGDA représentant 38,2% de l’ensemble de recettes. Quant aux recettes non fiscales sous la gestion de la DGRAD, leur part dans le total a été de 11,1% alors que celle de pétroliers producteurs n’a représenté que 1,0%. Le reliquat, soit 0,008% du total de recettes, s’est localisé dans la rubrique «Dons et autres recettes».
S’agissant du comportement des dépenses, il y a lieu de noter les dépassements de deux principaux rubriques, à savoir les dépenses courantes et celles en capital, qui ont connu des dépassements respectifs de 29,7 % et de 274,5 % rapportés à leurs programmations mensuelles.
Concernant les dépenses courantes, il convient de noter que les débours effectués au titre de «rémunération des agents et fonctionnaires de l’Etat», «frais de fonctionnement des institutions et ministères» et «subventions» ont représenté 55,6%, 26,0% et 13,2% du total de ces dépenses. En outre, les rubriques sus-évoquées ont également enregistré des dépassements respectifs de 0,7%, de 119,4% et de 32,3 comparativement à leurs niveaux mensuels programmés. Pour ce qui est de dépenses en capital, bien qu’en fort dépassement par rapport à leur prévision, elles n’ont représenté que 3,5% de l’enveloppe totale.
Au 28 juin 2017, l’exécution du Plan de Trésorerie de la Banque Centrale du Congo s’est clôturée par un déficit de 3,995 milliards de CDF, résultant des encaissements de 13,055 milliards et des décaissements de 17,050 milliards de CDF. Cette situation n’intègre pas les intérêts sur la créance titrisée de 4,0 milliards de CDF attendus du Trésor. En cumul annuel, l’exécution du Plan de Trésorerie de la Banque Centrale affiche un déficit de 3,953 milliards de CDF.

POURSUITE DE LA CHUTE DU FRANC.
Au cours de la semaine sous analyse, le marché des changes a été caractérisé par la poursuite de la dépréciation du franc congolais face au dollar américain. En effet, au 28 juin 2017, le taux de change a enregistré des dépréciations hebdomadaires de 2,01 % à l’indicatif et de 2,80 % au parallèle. Le taux de change du dollar américain s’est établi respectivement à 1.500,88 CDF et 1.545,73 CDF.
En l’absence des mesures budgétaires et structurelles courageuses visant la réduction des pressions sur la liquidité et l’accroissement de l’offre des devises, il est à craindre un emballement du taux de change dans les prochains mois avec comme risque l’aggravation des malaises sociales.
Au 29 juin 2017, la situation monétaire a renseigné une hausse de la base monétaire de 202,8 milliards de CDF par rapport à fin décembre 2016, atteignant un niveau de 1.819,4 milliards de CDF. La progression de cet agrégat est expliquée par une augmentation des avoirs intérieurs nets à hauteur de 430,8 milliards de CDF, impulsée par le Crédit Net à l’Etat. La hausse des avoirs intérieurs nets est contrebalancée par une baisse des avoirs extérieurs nets de 228 milliards.
Au niveau des composantes, cette expansion de la base monétaire- est localisée au niveau de la circulation fiduciaire et des comptes courants des banques, à hauteur respective de 117,4 milliards et 85,9 milliards de CDF.

Au 29 juin 2017, l’encours sur les guichets de refinancement s’est situé à 46,2 milliards de CDF venant de 52,1 milliards le mois précédent. S’agissant du marché interbancaire, le volume global hebdomadaire des transactions s’est établi à 106,8 milliards de CDF contre 197,0 milliards une semaine plus tôt, portant le volume mensuel à 773,8 milliards.

Au 28 juin 2017, l’encours des Bons BCC à 7 jours est maintenu à 4,037 milliards de CDF.

Au 28 juin 2017, il s’observe une injection nette de la liquidité de 77,6 milliards de CDF contre une ponction programmée de 90,0 milliards de CDF, dégageant un écart de 167,6 milliards de CDF.

Les facteurs autonomes ont injecté 117,6 milliards de CDF contre une ponction programmée de 70,7 milliards. Cette évolution est principalement liée aux injections réalisées au niveau des avoirs intérieurs nets à hauteur de 383,2 milliards alors que les avoirs extérieurs nets ont ponctionné 228,0 milliards de CDF.

Les instruments de la politique monétaire ont ponctionné 40,0 milliards de CDF contre une ponction programmée de 19,3 milliards suite à la ponction réalisée à travers la réserve obligatoire de 87,7 milliards alors que le Bon BCC et l’encours de refinancement ont injecté respectivement 4,5 milliards et 43,2 milliards de CDF.

Au 29 juin 2017, le compte courant des banques a augmenté de 85,9 milliards de CDF par rapport à fin décembre 2016, se situant à 524,8 milliards de CDF. Rapproché à la moyenne notifiée de la réserve obligatoire de 520,2 milliards de CDF, il se dégage un niveau des avoirs excédentaires de 4,5 milliards de CDF.

Au 22 juin 2017, les émissions nettes cumulées se sont établies à 239,99 milliards de CDF, tenant aux émissions de 317,93 milliards et aux destructions de 77,94 milliards. Les billets recyclés se sont établis à 789,72 milliards de CDF.

A fin avril, les dépôts de la clientèle des banques ont enregistré une baisse de 2,99%, se chiffrant à 3.501,38 millions de USD par rapport à la période correspondante de 2016 et une hausse de 2,5% par rapport à décembre 2016.
La baisse des dépôts a été localisée au niveau des dépôts en monnaie nationale et en monnaie étrangère respectivement à concurrence de 29,57% et 2,26 % par rapport à la période correspondante de 2016 consécutivement à la forte dépréciation de la monnaie nationale.

A fin avril 2017, les crédits bruts à la clientèle ont enregistré une régression de 3,94% par rapport au niveau de la période correspondante de 2016 et de 3,79% par rapport à fin 2016.
Cette baisse annuelle est localisée au niveau de tous les crédits octroyés indépendamment de leur maturité et monnaie de financement. Par ailleurs, l’analyse des crédits par types d’agent indique ces derniers ont connu une régression par rapport à la même année de 2016.
A la 4ème semaine de juin 2017, l’inflation mesurée par la variation hebdomadaire de l’indice des prix à la consommation s’est établie à 1,789 %, portant le cumul annuel à 18,919 %. Restant sur la même tendance, l’inflation en annualisé atteindrait 43,391 % et 31,103 % en glissement annuel contre un objectif de 7,0 % à fin décembre 2017.


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