Kimbuta et Fayulu, la guerre sans fin
  • lun, 27/03/2017 - 04:46

La faute est… à Joseph Olenghankoy, qui a provoqué Kimbuta, aux négociations de la CENCO, devant les évêques et la guerre était répartie.

Il n’a jamais été meilleur que dans l’adversité. Qui l’ignore ne connaît pas le gouverneur combattant de premier ordre de la ville de Kinshasa André Kimbuta Yango. Cet homme qui sut en mars 2007 arracher la ville à l’opposition pour la mettre à la disposition de la Majorité Présidentielle quand le tapis rouge avait été déroulé pour le MLC Adam Bombole que personne au sein de l’ex-AMP (Alliance de la Majorité Présidentielle) avec ses 22 élus sur 44 que compte l’Assemblée provinciale, n’avait osé affronter tellement qu’il tenait, outre cela, le flambeau de son mentor ex-Seigneur de guerre Jean-Pierre Bemba Gombo Mwana Mboka. Quand son parti PPRD ne disposait que de 8 sièges, lui, a misé sur le jeu des alliances et, tel David, s’est mis debout, a pris son lance-pierre et a foncé droit face à Goliath.
Les observateurs crient casse-cou. Il n’en a rien été... David a terrassé Goliath! Car dès le premier tour, il réussissait l’incroyable 22 votes quand le candidat MLC n’avait plus qu’une voix de plus, 23. Il ne lui restait que 3 voix à négocier et le tour était joué... Mais Kimbuta améliorait encore son résultat et, grâce à son programme, arrachait 25 voix quand le ticket Bombole-Babala rétrogradait avec 22! Le KO était technique...
En janvier 2015 en pleine chienlit contre le projet de loi subordonnant la tenue des élections à un recensement général, l’UNC Vital Kamerhe Lwa Kanyiginyi et les siens lancent un mot d’ordre à la rue qui s’électrise les 19, 20 et 21. Retour à la nuit tombée d’un forum des maires à Dakar, Kimbuta se déverse dans la même rue, lance une caravane qui le conduit aux entrepôts TransCo et New TransKin, visite la commune de Ngaba et, en regagnant sa maison de la Gombe, s’arrête au rond-point des Huileries. Là, il est porté en triomphe et improvise un meeting.
- «Je refuse que quelqu’un verse le sang d’un Kinois», lance-t-il, porté en triomphe...
La manif anti-pouvoir s’est arrêtée, vive la manif pro-Kimbuta. L’opposition a échoué...

QUAND OLENGHANKOY MET LE FEU.
Qu’est-ce qui s’est passé à cette plénière du 17 mars à la reprise des travaux à la CENCO où, selon des sites congolais en ligne, il déballa son ancien concurrent malheureux devant les évêques ahuris qui mènent les bons offices au Centre interdiocésain? Malgré leurs cordiales inimitiés, on aurait tort de croire qu’entre Kimbuta et Martin Fayulu, il n’y a jamais d’armistice.
On sait que si Kimbuta l’a emporté à la ville c’est aussi grâce à la voix de Fayulu qui n’avait su réunir que 2 voix plus la sienne au 1er tour.
Il y eut en effet un moment où les deux coulèrent des jours heureux après qu’ils eurent convolé de justes noces. Ils se rendirent même en mission ensemble en Italie lors de l’un des premiers déplacements du tout nouveau gouverneur élu. Ce fut sans compter avec des retournements de Fayulu qui, déjà surprit le Groupe des Députés Indépendants à l’Assemblée nationale en en séchant le strapontin après une validation négociée au forceps en Cour Suprême. L’homme avait préféré l’Assemblée provinciale. Pas pour siéger mais comme tremplin pour l’Exécutif de la ville qu’un mentor de la majorité depuis disparu lui fit miroiter avant de se désengager...
Il lui proposera l’Exécutif de la Snél mais là aussi, la promesse ne put tenir longtemps. Faute de mieux, on lui offrit la présidence du Conseil d’administration sans pouvoir de gestion. Broutille pour le Grand Fayulu qui reçut l’offre avec dédain...

L’AFFAIRE DES $US 40.000.
C’est à cette date que naissent des colères homériques et la rupture avec la Majorité Présidentielle...
Qu’il fallut déstabiliser par la ville avec une première initiative de motion de censure contre ce compagnon de route lors de la bataille de mars 2007!
Prétextant une urgence à Kinshasa, Fayulu interrompit sa mission à l’étranger et regagna Kinshasa. L’urgence ce fut la motion contre Kimbuta...
Entre les deux frères de l’ex-Bandundu - l’un Fayulu, de Fatundu dans le Kwilu, l’autre de Kenge dans le Kwango mais né à Kikwit d’un parent de Bulungu, donc du Kwilu - la guerre était déclarée! Impitoyable, elle sera longue. Sans doute Fayulu connaissait-il à peine ce gouverneur qui est meilleur dans l’adversité!
Ce fut la deuxième défaite cinglante de ce Mbala à la colère à fleur de peau.
A la CENCO, en pleine bataille du CNSA et des corrompus, Fayulu en première ligne, passe pour l’étalon. Ce que lui conteste l’aile du Rassemblement dite des fondamentaux.
Ignorant tout des détails de cette guerre, Kimbuta débarquant d’un visite en Asie prend place dans la salle des conférences du Centre interdiocésain.
Qui entend-t-il? Le leader des FONUS Joseph Olenghankoy sanglé dans son fauteuil matelassé, qui hurle:
- «Kimbuta doit parler»!
Le gouverneur sursaute. Sans rien comprendre... Il n’a pas fini d’être surpris qu’il voit Fayulu avancer vers lui, le toisant:
- «Oui, tu dois parler!»
- Mais quoi donc, s’interroge le gouverneur.
- N’est-ce pas que tu m’as prêté $US 40.000 que je t’ai remboursés?
Tiens! Un gouverneur de la Majorité qui remet $US 40.000 à un opposant! Pourquoi faire?

L’ARROSEUR ARROSE.
Au centre d’un débat qui fait voler des boules puantes, Kimbuta retrousse la manche et calmement, égrène ce qu’il en sait de cette affaire... Assénant au passage des coups decrédibilisent le désormais Député national.
Les Evêques suivent tout et notent...
Sans doute ces $US 40.000 vinrent de la caisse de Mme Kimbuta, une femme d’affaires connue. Fayulu n’avait pas moins de $US 150.000 de dette contractée auprès de son collègue Fidèle Babala. Une dette remontant à la campagne électorale quand Babala brassait des millions de dollars de celui qui fut dans le 1+4 Vice-Président de la République en charge de l’Economie et des Finances, Jean-Pierre Bemba Gombo et était le contact d’un réseau africain que Bemba sut tisser.
Mais qui ne sait que Kimbuta sait être généreux...
Quand sur la paille, Fayulu rencontre Kimbuta, il en aurait reçu bien plus auprès de «l’ami et frère», deux ans plus âgé.
cela n’a pas empêché Fayulu de repartir à la charge le lendemain. Cette fois devant la presse qui en boit ces jours-ci quand d’autres en bavent. S’il avoue avoir bénéficié d’un prêt, il dit en être quitte. Depuis des lustres... Un prêt pour rembourser un emprunt!
Dans un pays où ce qui se passe entre quatre yeux n’est jamais reconnu en public, à quoi sert-il de noircir certains en essayant de se faire passer pour un saint? C’est ceux qui hurlent le plus leur sainteté qui sont le plus englué dans la mélasse.
Engagé dans la bataille de la primaire de la droite et du centre, Fillon avait été celui qui, fin août 2016, lança une charge mortelle contre son mentor Nicolas Sarkozy mis en examen dans deux dossiers Bygmalion et celui des écoutes: «Il ne sert à rien de parler d’autorité quand on n’est pas soi-même irréprochable. Qui imagine un seul instant le général De Gaulle mis en examen?»
Puis: «Avoir une haute idée de la politique signifie que ceux qui briguent la confiance des Français doivent en être dignes. Ceux qui ne respectent pas les lois de la République ne devraient pas se présenter devant les électeurs (...). Je suis candidat à l’élection présidentielle parce que je ne veux pas que mon pays soit livré à des démagogues qui ne peuvent que le conduire au désastre (...). Je suis candidat à la présidence de la République pour lui rendre sa dignité».
Mais voilà l’arroseur arrosé comme le révèle chaque jour la série Penelope. Imagine-t-on Yvonne De Gaulle occupant un emploi fictif?
Que Fayulu cesse de jouer à ce jeu. De noircir ses amis. Une pluie de bombes est vite tombée...
ALUNGA MBUWA.


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