Stavros Papaioannou
Hewa Bora Airways, l’ex-patron règle ses comptes
  • dim, 23/10/2011 - 11:05

MISE EN LIGNE LE 23 OCTOBRE 2011 | LE SOFT INTERNATIONAL N° 1131 DATÉ 19 OCTOBRE 2011.
Il dit s’être fait rouler dans la farine par son ancien partenaire, le Belge Philippe Demorloose, propriétaire des garages ATC, AMCO, DEMAF et Demimpex, qui l’a fait dégager de la compagnie aérienne Hewa Bora après avoir eu recours à des méthodes peu catholiques: mensonges, menaces, jeu d’influence. Résultat des courses: Stavros Papaioannou, l’ancien patron de la compagnie HBA à la base de moult accidents aériens, a accepté un transfert sur son compte bancaire représentant à peine 20% de la valeur de ses parts dans la société! Une vraie escroquerie qui pourrait avoir des suites judiciaires alors que le Rd-Congolo-grec revenu à Kinshasa rumine de rage…

C’est un homme touché qui a passé un coup de fil au patron du Soft International pour le rencontrer au milieu de la semaine dernière dans sa belle demeure, avenue Les Flamboyants à Kinshasa-Gombe. Clairement, Stavros Papaioannou voulait tordre le cou aux rumeurs et écrits de la presse - dont ceux du Soft International - qui donnaient cette villa vendue et Stavros Papaioannou ayant quitté le pays en attendant que l’air y devienne plus respirable! Stavros touché? Certainement mais pas effondré. L’ex-patron de Hba (Hewa Bora Airways) voulait nous dire «la» vérité. Nous l’avons écouté et lui avons offert cet espace afin qu’il écrive lui-même cette vérité sous une forme qui lui conviendrait. Nous la reproduisons sans en altérer un mot... C’est aussi cela la liberté de presse.

Monsieur Stavros Papaioannou, quelle surprise de vous revoir à Kinshasa! On vous disait disparu, après avoir vendu votre superbe maison à «un officiel», et après avoir quitté HBA?
C’est mon pays . Je suis Congolais. Il faut donc avouer que vos informations n’étaient pas exactes du tout puisque je suis là. C’est regrettable aussi de véhiculer de telles absurdités!

Vous n’êtes plus dans HBA. N’est-ce pas que votre ami et partenaire (ndlr: Philippe Demorloose) se vante partout de vous avoir dégagé? Qu’en est-il au juste?
A la suite de l’accident du 8 juillet 2011, une campagne médiatique s’est abattue sur ma tête. «On» a voulu nous faire avaler que la compagnie Sonas était la compagnie de référence, et que les LAC dans l’état où elles se trouvent étaient l’exemple même de la bonne gestion d’une compagnie aérienne, l’exemple à suivre. Après tout ce vacarme, le Ministre des Transports de l’époque a décidé de suspendre l’exploitation de HBA. Pourquoi? Personne le sait. Et d’ailleurs jusqu’à ce jour, les motifs de cette suspension restent assez obscurs. Est-ce l’œuvre de Kage, du Ministre des Transports, d’un certain lobby concurrent? Un peu de tous les trois? Je n’en sais rien. Toujours est-il que cela a été arbitraire. Bref, la suspension a été décrétée. Nous avions essayé de mettre sur pied un comité de crise pour palier à ce problème. Malheureusement, les médias se sont faits encore plus violents. J’ai donc décidé de m’écarter de la scène, et de laisser faire le Comité de crise. Je suis donc parti le 4 août en congé médical, et après en avoir parlé avec le ministre des Transports.

Après l’avoir injurié, a-t-il dit, par téléphone!
Tenez, voici mon texto que je lui avais adressé, où est l’injure? (Le Soft reproduit in extenso cet SMS adressé au ministre Martin Kabwelulu du 3 août à 15:22 «Excellence bon après midi, je me permets de vs adresser cet SMS pour vous exprimer ma déception. J’avais vraiment cru qu’au regard des éléments qui disculpent HBA, que vous auriez remis la société en OPERATION. Vous en avez décidé autrement, la société est presque entièrement détruite. Demain quelle que soit la décision que vous prendrez, cela n’aura plus beaucoup d’importance, car le mal est fait et bien fait. Bien à vous». Vous voyez, quel est donc cet outrage que j’ai pu commettre, lorsqu’un chef d’entreprise qui sent le danger mortel envahir sa société, et qu’il essaye de susciter une mesure salvatrice, en essayant de responsabiliser la conscience du ministre?

C’était cela l’injure?
Oui, c’est à croire, puisqu’il n’y a eu rien d’autre. Mais continuons. Je suis donc parti en France et ensuite aux Etats-Unis. Et maintenant, nous arrivons à la deuxième phase. Un de mes associés m’appelle pour me dire qu’il «aurait reçu» des aveux catastrophiques dont je tairai les noms de la source, pour une question de respect et de considération, aveux qui se résumaient sur deux points: d’abord que j’étais infréquentable et détesté depuis longtemps par le Président, et que mon départ conditionnait la restauration de la licence de HBA. Après tous les services rendus à la Nation, et je pèse mes mots, j’en étais abasourdi. Impitoyablement la valeur de mes parts ont été bradées à 20 % de leur valeur. Un contrat léonin. L’intérêt de cette transaction était que la société était supposée pouvoir redémarrer et permettre à mes agents, de vivre. Devant cet enjeu social, pour l’amour de mes agents, j’ai cédé. J’ai accepté de me sacrifier. Ce n’est que plus tard que j’ai appris que tout n’était que mensonge, et qu’il n’y avait jamais eu aveux. Il y a eu plutôt de la très haute manipulation.

Oui mais ces manipulateurs sont toujours là! Ils peuvent encore «frapper»!
C’est vrai, mais il ne faut pas en faire une obsession. Je me suis préparé à certaines éventualités. Un des leurs «lieutenants», un belgo-congolais, s’était même déplacé à Miami pour y étendre son sale travail, sans succès. C’est regrettable! Ils n’ont pas privatisé la Justice, Dieu merci!

Parlons des assurances. Assurances HBA = Assurance Stavros?
L’avion en question était assuré auprès de Alexander Forbes via BAI. BAI (société de courtage congolaise et agréée par la SONAS, où je ne suis qu’actionnaire) n’est que le courtier, donc juste un commissionnaire. L’Assurance est Alexander Forbes. A l’heure qu’il est, les premiers dossiers d’indemnisation doivent être exécutés. Recourir à une autre maison que la Sonas a été justement délibérément opté pour éviter les mésaventures vécues avec elle à Goma. Quel a été mon crime? Nous savons tous que la Sonas a des problèmes. Pourquoi s’en cacher la face? Quelle est encore la compagnie sérieuse qui s’assure auprès de la Sonas? La Sonas doit faire un sérieux effort de restructuration pour mériter notre confiance à nous tous.

Oui, mais on parle d’ARM, de NWIC, et d’autres sociétés kenyanes peu fiables et d’un certain Henry Braun qui tente de se faufiler dans ce milieu glauque?
Il est vrai que le milieu des assurances est un énorme panier à crabes, et qu’il faut se méfier des assurances bidons que vous venez d’énumérer. D’ailleurs nous avons effectivement des problèmes avec M. Henry Braun. Il est important aujourd’hui de créer un organe de contrôle pour les assurances. 9 polices d’assurances d’aviation sur 10 sont du pipeau. C’est maintenant qu’il faut réagir, et j’invite l’AAC à s’investir sérieusement.

Et maintenant qu’allez-vous faire?
Dans un premier temps, j’observe le terrain. Je me rends compte que l’aviation a régressé en quelques mois. Les cadavres se remettent à voler. Les aventuriers se sont réveillés. Je dis ceci. Le temps de reparler d’une aviation en RDC aura son jour. Je voudrais à ce stade, dissiper tout ce qui a pu été proférer à mon égard, car ma famille en a fortement souffert.

On parle de votre engagement à ne pas faire concurrence à HBA...
C’est tout à fait exact, sinon mon sacrifice n’aurait pas de signification. Je ne peux pas concurrencer mon bébé.

Nous n’avons pas encore parlé des causes de l’accident. Quelle en a été la cause d’après vous?
L’accident a eu plusieurs causes. Initialement, l’instruction de la Tour de Contrôle qui l’a autorisé à atterrir par mauvais temps (cela en aucun cas ne pouvait se faire, mais comme cela venait d’un stagiaire... ), et ensuite l’entêtement du commandant d’atterrir par ce mauvais temps, alors que les consignes internes de son SOP (Standard Operation Procedure) lui l’interdisaient formellement. C’étaient des erreurs humaines. Mais, comme vous le constatez, aucune raison ne pouvait justifier la suspension de HBA. Aujourd’hui HBA va allonger la liste des sociétés merveilleuses détruites depuis l’indépendance à ce jour, comme GM, Sarma, Bon Marché, Filtisaf, Solbena, etc.

Cela devrait interpeller certains ministres...
Peut-être, mais l’ADG de la RVA aussi qui sait qu’il n’a pas dit la vérité.

Il y a eu un rapport d’enquête fait par un Sénégalais qui n’est pas en faveur de HBA!
A ma connaissance il y a eu un décaissement de 200.000 Usd de la part du ministre des Finances pour justement mettre sur pied un audit de HBA, et non de l’accident. Ce travail se caractérise par un manque criant de professionnalisme. Beaucoup de blabla, peu de faits pertinents. Dans le royaume des aveugles le borgne est roi. Par contre je serai curieux de connaître la véritable utilisation de ces 200.000 USD, suivez mon regard ... [rires]

Vous avez cité Kage. Pourquoi? Quel est son intérêt? Pourquoi vous en voudrait-il?
Oh, Kage a giflé Mme Adelina, ma partenaire dans ParcAfrique, car il ne voulait pas déguerpir de la maison qu’il occupe injustement. Il doit rendre des comptes. L’affaire ParcAfrique va certainement rebondir ces jours-ci. Mais ceci est une autre histoire.

Les Ministres vous disent «arrogants», et ne vous aiment pas.
Cela me fait sourire. Nous ne vivons pas un roman d’amour quand même! Si à chaque fois que quelqu’un doit dire la vérité, il est arrogant, alors, vous allez avoir beaucoup de travail pendant cette période! Mais une question me passe par l’esprit: s’ils ne m’aiment pas, quel est le pourcentage du peuple qui les aime eux? Et puis, je refuse de généraliser, car je garde d’excellentes relations avec certains ministres.

Bientôt Stavros Airlines?
Je ne suis pas présomptueux à ce point. L’avenir nous guidera.

Eh bien soyez le bienvenu, et bonne chance dans les affaires.

lesoftonline.net 23/10/2011

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