Fayulu, la presse n’en croit rien
  • mer, 08/05/2019 - 04:28

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Alors que la plate forme se positionne dans l’opposition et que c’est seulement du 27 octobre 2020 au 27 janvier 2021 qu’interviendra son tour d’en assurer la présidence rotative, Martin Fayulu continue de se réclamer du pouvoir…
28 avril 2019. «L’hostilité de Martin Fayulu à Félix Tshisekedi dépasse les limites de l’acceptable». La manchette est du journal «Le Potentiel». Dans sa livraison du 26 avril, le quotidien venait de s’interroger avec le titre «RDC: La coalition Lamuka vers la disparation ou la survivance?».
Le 29 avril, Forum des As fait sa Une avec le titre «Lamuka: le flou persiste». Il faut avouer que lors de son meeting du dimanche 28 avril, Martin Fayulu a étalé toute sa hargne, toute sa haine à l’endroit du Président de la République. Ces quelques titres extraits des sites 7sur7.cd et actualite.cd en sont l’illustration: «Fayulu: « Félix Tshisekedi nous a fait la honte. Il a vendu le pays à Kabila»». «M. Fayulu: «Nous sommes rentrés pour demander à Félix Tshisekedi de démissionner»», «Sainte Thérèse: «Ceux qui sont allés dans le cimetière des militaires où il y a des fanfares vous ont trompé»», «RDC: Fayulu compare Félix Tshisekedi à un «placebo»». C’est tellement choquant qu’Adam Bombole a réagi juste après le meeting en ces termes: «…tout excès nuit. Parfois le silence est grand, lorsqu’il n’y à rien à dire! Les calomnies et les vociférations ne changeront rien! Félix Tshisekedi est président de la République pour un premier mandat de 5 ans, renouvelable une fois…»
La même indignation, François Muamba la partage avec Jean-Claude Muyambo. Si le premier est d’avis que «Les heures à venir nous dirons en effet s’il s’agit ou pas de propos pathétiques d’un perdant en mal d’existence et isolé au sein de la plateforme politique de Bruxelles», le second demande carrément à Moïse Katumbi «de prendre ses distances avec les propos de Martin Fayulu qu’il qualifie des déclarations à caractère insurrectionnel».
Que s’est-il passé pour amener Martin Fayulu à se radicaliser davantage? On sait que réunie à Bruxelles, la «Conférence des Leaders» a levé le samedi 27 avril 2019 l’option de transformer Lamuka en plateforme politique positionnée, en plus, à l’Opposition. Elle a même désigné à sa coordination, pour 3 mois, Moïse Katumbi, devenu de ce fait chef de file du «contre-pouvoir». Ce qui, par voie de conséquence, revient à reconnaître l’existence formelle du Pouvoir légitime et légal représenté par la coalition FCC-CACH. Mais voilà que, de retour à Kinshasa le dimanche 28 avril 2019, Fayulu - censé appartenir à Lamuka - continue de se considérer comme président de la République! Et déclare au nom de ses pairs: «Nous sommes rentrés pour demander à Félix Tshisekedi de démissionner».
Des résolutions de Lamuka, il ressort que voulue trimestrielle, la présidence tournante sera assurée successivement par Moïse Katumba (du 27 avril au 27 juillet), Freddy Matungulu (du 27 juillet ay 27 octobre) et J-P. Bemba (du 27 octobre 2019 au 27 janvier 2020), Adolphe Muzito (du 27 janvier au 27 avril), Adolphe Muzito (du 27 avril au 27 juillet), Antipas Mbusa (du 27 juillet au 27 octobre) et Martin Fayulu (du 27 octobre 2020 au 27 janvier 2021).
Dès lors qu’il est acquis que Katumbi ne pourra pas conduire une fronde véritable anti-Fatshi pendant son mandat devant arriver à terme fin juillet prochain, Fayulu a pleinement conscience du fait qu’il aura du mal, lui, à mobiliser pendant cette période Lamuka contre CACH et, par effet d’entraînement, contre le FCC, deux plateformes dont la coalition basée essentiellement sur l’Exécutif. Concrètement, cela signifie, dans son entendement, l’existence de deux Lamuka. L’une se revendique de l’Opposition, sous la coordination de Katumbi. L’autre s’institue Pouvoir. Il s’y reconnaît.
On notera déjà qu’en moins d’une semaine (respectivement les 21 et 26 avril 2019), Martin Fayulu a vu ses «parrains» de l’Eglise catholique romaine de Kinshasa (Cardinal Monsengwo et Mgr Ambongo) se rapprocher considérablement du Président Tshisekedi, et cela au moment où se consolide la coalition FCC-CACH.
C’est à croire que les carottes étant cuites, l’ex-président à la présidentielle, devenu un Léviathan, revient à ses premières et vraies amours : le soulèvement populaire.
Le 2 mars, il a fait allusion au Venezuela. Le 28 avril, il a oublié l’opposant Guaido pour mettre en exergue le Soudan et l’Algérie. «Je vous ai dit que vous êtes plus forts que les armes. Les amis soudanais et algériens n’ont pas eu recours aux armes. Maintenant, je suis de retour. Nous allons nous entendre pour dire à Félix Tshisekedi de démissionner. Il doit quitter. Qu’il arrête les bêtises», dit-il. On se souviendra que de 2014 à 2018, il ne jurait que par le soulèvement à la burkinabé. Katumbi serait-il dans cette logique-là? Certainement NON! Il est d’ailleurs exclu de voir l’axe Washington-Bruxelles-New York cautionner tout schéma de coup de force avec ses implications et sur le Congo, et sur la sous-région. Aussi, les incohérences apparues les 27 et 28 avril 2019 alimentent-elles le doute sur la volonté de Lamuka de jouer le rôle qu’elle entend jouer. C’est le moment pour son leadership de fixer l’opinion sur sa capacité de s’assumer en force de l’Opposition politique, et en plus parlementaire, au risque de passer pour une organisation insurrectionnelle.
Pour avoir librement renoncé à son mandat de député national au profit de sa suppléante, et en raison de son radicalisme qui l’empêche d’être le porte-parole de l’Opposition, Fayulu «trouble» en réalité Lamuka.
O. NSONGO D. LEMA.


Related Posts