Ceux que VK cite
  • mar, 26/05/2020 - 05:39

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1486|MARDI 26 MAI 2020.

C’est le débat que l’on attendait fiévreusement. Le grand déballage. L’affrontement meurtier. Coup contre coup. Dossier contre dossier. Comme au foot, avocats des prévenus contre avocats de la République, la scène était en place lundi 25 mai à la deuxième audience foraine de ce méga procès qui avait lieu, comme la première, dans l’enceinte du CPRK, la grande prison de Makala, à Kinshasa, toujours en direct sur la chaîne nationale de radio-télévision.

Comme au sport, les protagonistes ont déployé un vertige de stratégies : jouer, laisser venir, observer les failles adverses, avancer, reculer pour mieux attaquer et prendre la proie, foutre la trouille. Le trompe-l’œil, pourquoi pas! Tel cet appel fait aux témoins qui marquera une étape cruciale de ce procès qui n’en est même pas à ses débuts et qui n’a encore rien dit, avertit clairement la République. La très glamour Mme Kamerhe née Hamida Shatur, qui a fait sortir de ses gongs le principal accusé au point d’annoncer vouloir «mettre le feu» si cet appel a lieu. Est-il bien inspiré de chercher chaque fois à vouloir transformer cette scène qui a ses principes établis en arène politique?

Ces témoignages et ces confrontations pourraient donner le coup de grâce.
Cette demande a laissé tous les avocats de Kamerhe sans mot, les a fait défiler à tour de rôle devant le micro chacun mettant le meilleur qu’il sait faire pour écarter cette hypothèse, le juge président leur laissant tout le temps de parler, les écoutant tranquillement. Le but atteint. L’hypothèse a créé un vrai trouble. Un vent de panique dans le team de la défense. Une vraie agitation, le mot était dans toutes les bouches et sur toutes les lèvres.

«LE FILS DE SA GRAND-MERE».
Quelle descente aux Enfers! Quelle humiliation! Mais n’est-ce pas ça la Justice? Au tribunal et au tribunal seul, au juge et au juge seul d’en apprécier la pertinence. Certes, il y en a qui n’ont pas trouvé le sommeil...

Mais il y a aussi le ministre Justin Bitakwira Bihona-Hayi longuement cité lundi 25 mai, désormais appelé à la barre. Ceux qui connaissent et suivent ce «fils de grand-mère» au verbe haut, originaire comme Kamerhe du Sud-Kivu, d’Uvira, issu d’un ex-parti Maï-Maï avant de passer au parti de Kamerhe et d’en présider le Groupe parlementaire UNC à la Chambre basse, qu’il abandonne pour rallier Kabila, qui, après quelques bisbilles au FCC, cherche à trouver un tempo pour se remettre à flots, savent qu’il pourrait en laisser plusieurs sur le carreau.

La famille du DirCab en tête sa belle-fille née d’un précédent mariage de son épouse Hamida Shatur avec l’artiste musicien JB Mpiana, à savoir, Soraya Mpiana Tshituka, ne pourrait pas ne pas échapper à ce défilé devant les juges. Tout comme le petit frère de sans Justin Kamerhe.

Ou, mieux, le chargé d’études au cabinet du ministre du Budget, le propre cousin du DirCab, qui, après avoir été convoqué par le parquet, s’est volatilisé avant de trouver sa planque dans l’ex-Bandundu, Daniel Shangalume Nkingi dit «Massaro» dont le bébé avait été filmé berçant un mur de briques de dollars.

Le ministère public a prévenu. Le parquet poursuit ses enquêtes. L’affaire ouverte sous RMP 1641/PG.023/a/LUK/2020 n’est qu’un pan de l’histoire, le début d’une série de procès à venir portant sur les travaux d’infrastructures du Programme des 100 jours du Président de la République dont les fonds - plusieurs millions de $US - sont allés remplir des comptes dans des banques étrangères ou aident à ériger des immeubles dans la Capitale Kinshasa ou ailleurs dans le monde. Des transferts bancaires ont été opérés via Rawbank ou d’autres banques de la place.

Des preuves se trouvent sur la table du juge. Il suffira de chercher à savoir quelles opérations financières tel ou tel membre de la fratrie a réalisées ou quel riche héritier il est et de qui pour se trouver à la tête d’une fortune aussi fabuleuse. Mais il y a aussi d’autres ministres attendus. Celui du Budget, ex-UNC, Pierre Kangudia Mbayi; celui des Finances, le FCC Henri Yav Mulang; celui des Affaires Foncières, l’UNC Aimé Sakombi Mulendo; celui de la Formation professionnelle, Arts et Métiers, l’UNC John Ntumba Panumpakole; et, last but not least, le Gouverneur de la Banque Centrale, le puissant Déogratias Mutombo Mwana Nyembo dont on entendra l’accent ailleurs que dans des salles de presse. Mais aussi le Coordonnateur du Programme des 100 jours, Nicolas Kazadi Nzuji-Kadima. Du beau monde.

Nouveau rendez-vous : le 3 juin. Dans dix jours, une nouvelle partie sportive. Au même endroit. Avec l’envie d’en apercevoir une éclaircie. Si Vital Kamerhe ne cherche pas à mourir seul, il l’a dit à demi mot, après le retentissant aveu du Libanais Samih Jammal qui a reconnu avoir perçu 57 millions de $ en mars du Trésor public alors que le Programme des 100 jours a été mis en place en juin, il en a donné un aperçu...
T. MATOTU.


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