CENI, tiendra? tiendra pas?
  • lun, 04/05/2015 - 00:26

La CENI va-t-elle respecter ses annonces de calendrier?

Apollinaire Malumalu Muholongu: le calendrier électoral est exécutoire et opposable à tous. Lors d’une réunion extraordinaire de la plénière de la Céni présidée à Kinshasa le 16 avril, il invite les partis politiques à se préparer «déjà» à la campagne électorale plutôt que de tergiverser sur le calendrier électoral qui ne saurait être modifié.
«Ce n’est plus le moment de penser que la Céni va encore changer son calendrier. Nous allons tenir le calendrier. Il ne faut pas croire qu’il y aura une élection sacrifiée. Il n’y en aura pas. Nous allons organiser toutes les élections», explique-t-il, retour d’un séjour médical de deux mois en Afrique du Sud avant d’y repartir le lendemain, relançant les rumeurs sur son état de santé.
Le jour de son retour au pays, il démentait les rumeurs: «J’ai subi une intervention chirurgicale. Je suis déjà guéri. Le reste est une question de retrouver un peu de force».
Bras droit immobile, longue station assise, il ôte la casquette qui couvre son crâne et montre à l’assistance la cicatrice qu’il porte. Puis d’assurer la classe politique et la nation congolaises que le pays chemine droit vers les élections et que rien ne pourrait arrêter le processus en cours.
«On va vers les élections, il n’y a aucun doute. S’il y a encore des personnes qui ne savent pas que le train des élections est en marche, bien de signes avant-coureurs sont là. Nous allons tenir le pari de ne point changer de dates pour les candidatures».

REPORT INATTENDU DE DATE.
La communauté internationale paraît lui donner raison désormais. En séjour à Lubumbashi, le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies - chef de la Monusco -, l’Allemand Martin Kobler recommande le strict respect du calendrier électoral de la Céni. Ce calendrier prévoit les élections locales en 2015. Suivront les législatives et la présidentielle en 2016.
Lors d’une rencontre avec des jeunes, Martin Kobler: «Si on ne respecte pas la date de novembre 2016, ça sera un glissement. Il faut garder le calendrier électoral et ne pas faire tout ce qui facilite un glissement technique des élections». Son souhait - et celui de la Monusco: voir le Congo organiser des élections crédibles, transparentes et paisibles.

TOUT EST CHALEUR, JAMAIS LUMIERE.
Pourtant, le 30 avril, une décision de la Céni tombe. Elle annonce un report de date: «La date de réception des candidatures pour l’élection des Députés provinciaux est prolongé jusqu’au 25 mai 2015 à 16h30’, heure locale». Initialement, le délai de dépôt des candidats à la députation provinciale expirait le 5 mai. Vingt jours de plus accordés aux candidats et aux partis politiques. Décision n°004/CENI/BUR/15 du 30 avril 2015. Signée de son Vice-président André Mpungwe Songo, au nom du «Président empêché». Signe avant-coureur d’un changement de tempo politique?
On sait qu’à l’opposition, les échéances de la Céni ne sont pas toujours unanimement bien accueillies. Ceux qui s’opposent le plus avaient remis un dossier de ministrable à la veille du remaniement de l’Exécutif national du 7 décembre 2014. Oubliés de la liste, ils ont oublié leur passé et ont rejoint les plus radicaux des opposants.
Depuis Melissa Wells (l’ambassadrice américaine), au Congo, tout est bon pour justifier un statut, tout est prétexte pour hausser le ton, tout est chaleur et jamais lumière...
Le pathos soigné: «A quoi servent les élections dans un pays? A régler un problème de légitimité. Quels sont les problèmes que nous avons dans notre pays? Un Sénat fin mandat depuis deux ans; des Gouverneurs fin mandat depuis deux ans; des Assemblées provinciales fin mandat depuis deux ans. Voilà les premières élections obligatoires. Puis, les Législatives et la Présidentielle fin 2016. A moins de demeurer une République bananière, voilà le deuxième groupe des consultations politiques obligatoires. A la fin de l’année prochaine, il faut renouveler l’Assemblée nationale, M. Kabila doit déposer parce qu’il aura accompli les termes de ses deux mandats consécutifs. La Constitution lui interdit de se présenter pour un troisième mandat consécutif. Les Locales? De l’avis général, elles «encombrent» le tableau. On a difficile à comprendre l’intérêt tardif du pouvoir à commencer le processus électorales par les Locales. En 2011, nous avions 169 circonscriptions électorales pour les législatives. Nous avons eu du mal à gérer les dossiers. Pourrions-nous gérer près de 4.000 circonscriptions électorales? Il est clair que le pouvoir poursuit d’autres objectifs».

APRE RECHERCHE DU CONSENSUS.
Signé Valentin Mubake Numbi, conseiller politique - sur papier - d’Etienne Tshisekedi de passage à Bruxelles, où il n’a pu être reçu par son mentor tant vanté. Le dur Mubake reprend le propos sorti des communicants sans rien partager avec la direction de l’Udps, le duo Félix Tshisekedi et Bruno Mavungu. Le premier, fils de son père, secrétaire national aux Relations extérieures, le second secrétaire général du premier parti de l’opposition.
Eux, prônent le dialogue et recherchent âprement un consensus avec la majorité au pouvoir.
Le fils Tshisekedi à AEM: «Nous ne faisons pas de fixation ni sur la personne de Kabila, ni sur cette élection de 2011 même si c’est très douloureux pour nous en tant que démocrates de voir perdurer cet état de faits. Notre parti fait le choix des discussions apaisées maintenant plutôt que de crier au loup après coup. Le dialogue que nous appelons ne vise nullement à cogérer le pays avec Kabila, mais uniquement à travailler dans un cadre serein et républicain à la préparation des élections transparentes et fiables. Le dialogue que nous appelons de nos vœux vise uniquement à préparer des élections fiables et à instituer de la cohérence et de la logique dans le cycle des prochaines consultations électorales».
Qui dit mieux?
Tryphon Kin-kiey Mulumba, ici même: «Il nous faut avec courage parler avec les leaders, qui sont prêts à nous écouter! Tous sont prêts, il suffit de les écouter! Quand les Congolais auront réalisé un consensus en interne dans un pays exposé à toutes les convoitises, il n’y aura pas un diplomate de quelque pays que ce soit pour venir imposer un schéma!» (Lettre à l’Histoire, n°1312, 16 avril 2015).
Au moment où nous allons sous presses, des cercles de discussion de Congolais annoncent sur Twitter que des missi dominici (du pouvoir) ont pris langue à Limete, rue Pétunias, résidence des Tshisekedi, avec des missi dominici (de l’Udps Tshisekedi), Tshisekedi fils et Bruno Mavungu. S’il s’agit de baliser le chemin du dialogue, la Céni pourrait ne pas tenir ses annonces.
D. DADEI.


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