Ce Duel était interdit aux cardiaques
  • mer, 24/04/2019 - 04:21

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Congo et l’équateur dans le grand embarras. Le pays et la province d’origine de Mobutu - l’ancien découpage administratif - avaient retenu leur souffle. Entre une dame universitaire, brillante sans aucun doute, ressortissante de l’équateur et un homme universitaire, brillant sans aucun doute, ressortissant de l’équateur, le cœur battait la chamade. Sauf mot d’ordre et, surtout, stylo caméra, il ne faisait l’ombre d’aucun doute que sur papier, l’homme raflait les suffrages. Pour s’être distingué à la Chambre haute et à la Chambre basse par des prises de position de haut vol, pour avoir indiscutablement fait montre d’indépendance allant jusqu’au trouble et, en même temps, pour s’être montré généralement digne et avoir fait preuve de tempérance quand il est arrivé à départager des camps qui s’entre-déchiraient lors d’un débat en plénière, HTL, Henry-Thomas Lokondo Yoka valait le détour. Ses collègues pâlissaient d’admiration pour ce Mongo de Mbandaka, licencié en Sciences Pol de l’Université libre de Bruxelles, qui débute sa carrière dans les années 90 dans les services d’intelligence de Mobutu à Uvira, Sud Kivu avant de terminer les années Léopard comme vice-ministre des Affaires étrangères après avoir passé par les Travaux publics sous Birindwa, l’ex-UDPS. Déjà! Ancienne de Belgique comme HTL mais proche des calotins contrairement à Lokondo, Jeannine Mabunda Lioko Mudiayi détient une licence en droit de l’Université catholique de Louvain, de même qu’une licence spéciale en Sciences commerciales du fameux ICHEC, l’Institut catholique des hautes études commerciales. Elle fait ses débuts dans la vie active à la banque, à la Citibank Zaïre aux côtés de son mentor Jean-Claude Masangu Mulongo alors directeur de la succursale congolaise qui, à sa nomination à la tête de la Banque Centrale du Congo par Laurent-Désiré Kabila l’amène avec lui dans le vaste complexe immobilier au cœur de la Gombe et la nomme conseillère du gouverneur. C’est le début d’une brillante carrière...
Le 5 février 2007, cette femme Mbudja, ethnie qui a le plus donné de généraux trois étoiles à Mobutu qu’aucune autre ni à l’équateur, ni du pays, est connue pour être le pays de guerriers, est nommée ministre du Portefeuille et reçoit, à ce poste, les pleins pouvoirs, pour piloter la réforme des entreprises publiques. Elle a dirigé, entre-temps, cinq ans durant, le FPI, Fonds de Promotion de l’Industrie, une véritable banque du développement.
Le dernier poste avant de briguer le perchoir de la Chambre basse aura été celui de conseillère spéciale du Président de la République en matière de lutte contre les violences sexuelles. Loin certes de ses domaines de prédilection...

Le précédent kengo hante.
Choisie le 5 avril comme candidat unique du FCC par le président de la République honoraire, autorité morale du FCC, parmi plusieurs hommes dont deux poids lourds du parti présidentiel alignés, tous deux anciens présidents de la Chambre basse qui convoitaient à nouveau ce poste - évariste Boshab Mabudj et le tout récent Aubin Minaku Ndjalandjoku - Jeannine Mabunda était, sans aucun doute, en difficulté face à son co-régionnaire Lokondo.
Lors de sa présentation publique au siège du PPRD, le parler vrai et avenant Boshab et le teigneux Minaku décidé de se succéder à lui-même pour un nouveau bail de cinq ans au perchoir, littéralement abattus par ce désaveu public, brillent par leur absence.
Le message envoyé est fort. Auraient-ils poussé la candidature de Lokondo comme c’est généralement de coutume sur la scène politique? Le PPRD soupçonne un coup à la Kengo quand un vendredi 11 mai 2007, le triple ancien Premier ministre de Mobutu, Léon Kengo wa Dondo revenu la veille d’exil, caillassé à l’entrée de la ville, rafle la mise à Léonard She Okitundu à l’élection au poste de président du Sénat (55 voix contre 49 à son concurrent effarouché) malgré une majorité écrasante d’élus du parti présidentiel. Tôt, des digues se dressent face à HTL pour l’empêcher de franchir une marche de l’escalier. La candidature de cet élu de Mbandaka est déclarée le 18 avril nulle et de nul effet par son regroupement politique PALU&Alliés qui invoque, dans un courrier adressé au président du bureau provisoire de l’Assemblée nationale, «un conflit d’intérêt», dès lors que PALU&Alliés «soutient sans réserve» la candidature du FCC, celle de Jeannine Mabunda Lioko Mudiayi. Contrôlant à fond les arcanes de la politique politicienne kinoise, le député a vu venir ce coup qu’il dénonce par un message à «mon jeune frère Aubin», se disant «au courant de toutes les réunions et démarches que les amis du PPRD font pour voir comment bloquer ma candidature».
Le texte est dur: «Je te conseille de ne pas t’engouffrer dans une démarche qui serait honteusement et simplement une abomination juridique et une honte suprême pour la Majorité, et partant pour l’état congolais... On veut ordonner à Lugi Gizenga d’écrire une lettre au bureau provisoire de l’Assemblée nationale contre ma prochaine candidature, pour dire quoi? étant entendu que ma candidature est indépendante... Ridicule. Là, on se donnera des leçons qui vont dès le départ démonétiser notre Chambre législative et fragiliser davantage notre Regroupement politique PALU&Alliés comme le PPRD l’a toujours souhaité... Le député du PPRD qui est préparé pour contester ma candidature va dire quoi dans une plénière incompétente en la matière... C’est vraiment triste et malheureux... Que la Majorité n’inaugure pas la nouvelle législature par une bêtise qui va ternir l’image du pays déjà mise à rude épreuve... On m’informe qu’on pense même ridiculement à mon invalidation mais pour quelle cause??? Une monstruosité méprisante parce que bassement intimidante... On ne construit pas le pays de cette manière. La démocratie c’est la liberté et le respect strict et rigoureux des textes... ».
Puis, la perche tendue: «Je suis conscient que vous avez tous les moyens pour me battre démocratiquement, mais pourquoi vous avez inutilement cette peur bleue???» Puis, enfin: «Enfin, l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing disait qu’il faut laisser les choses basses mourir de leur propre poison. Bonne soirée avec mes souvenirs attendris».
Mais voilà que ce qui était du domaine de rumeur se concrétise. Lugi Gizenga a effectivement signé une lettre adressée au Président du Bureau provisoire.
La réplique est du même niveau de l’imposture. Elle tourne à l’administration de leçons d’un maître à un apprenti. Les termes choisis sont durs, voire très durs pour le fils Gizenga et sonnent comme des coups de fouet: «C’est sincèrement avec une grande tristesse que j’ai lu la lettre (...) contestant ma candidature comme Président de cette Chambre législative. Sans polémique, je fais des mises au point ci-après:
1. Je ne comprends pas que vous puissiez être consterné alors que j’avais annoncé ma candidature au poste du président de l’Assemblée nationale comme indépendant lors de la dernière réunion du conseil national du Regroupement politique PALU et Alliés présidé par vous-même et ce, devant tous les députés élus du Regroupement et de quelques membres du Comité exécutif. Et cette déclaration était actée.
2. Je t’informe que les élections des membres du bureau de l’Assemblée nationale sont des élections internes et ne sont exclusivement gérées que par le Règlement intérieur de notre Chambre jugé conforme à la Constitution et non par la loi électorale. Ce ne sont pas des élections législatives, sénatoriales ou des gouverneurs des provinces... Il faut par ailleurs retenir que chaque élection a ses règles. Celles du bureau de la Chambre basse du parlement sont organisées par sa loi interne qu’est le Règlement intérieur qui a le statut d’une loi organique et qui est d’ailleurs distinct de celui du Sénat.
3. Peut-être que vous avez oublié, le Regroupement politique PALU& Alliés n’a jamais signé l’Acte constitutif d’adhésion au FCC comme vous le témoignez d’ailleurs au troisième paragraphe de votre lettre en affirmant que le Regroupement a signé le 5 avril seulement une déclaration appartenant à la Majorité parlementaire de la Coalition FCC-CACH.
4. Je vous rappelle ici que la Majorité parlementaire qui est une association politique n’a pas de personnalité juridique.
5. Et même l’article 15 de la loi électorale que vous évoquez ne parle pas de la Majorité parlementaire participant à une élection quelconque. Il parle justement d’un parti politique, d’un regroupement politique ou d’un indépendant.
6. Dès lors, à quel niveau se trouve où se situe le conflit d’intérêts??? Entre qui et qui??? Cette notion de droit commercial me semble avoir été mal usité concernant le cas d’un député national qui a le pouvoir absolu de se présenter comme candidat indépendant à un poste au niveau du bureau de l’Assemblée nationale, sans conséquences fâcheuses imaginables. Mes amitiés».
Les armes qu’use HTL sont telles que le bureau provisoire dirigé par le député Pierre Manoka Makonzi bat en retraite. Le PPRD a perdu une bataille, pas la guerre. Car lundi 22 avril, le PPRD lâche sa bombe atomique. Une motion incidentielle est annoncée. Lue par le député de Rutshuru, Nord Kivu, François Nzekuye Kaburaneza très entraîné dans ces coups de gueule comme cette motion incidentielle qui sauva un samedi 21 octobre 2017 la tête de Minaku visée par motion de censure sur tous les bancs de l’opposition, prétextant que c’est la tête du Secrétaire Général de la Majorité Présidentielle que ses collègues réclamaient, non celle du speaker de la Chambre basse et que leur motion de censure était «mal dirigée», cette motion incidentielle passe séance tenante comme une lettre à la poste à un vote à main levée dans la plus grande confusion dans une assemblée dont le FCC détient la majorité absolue. Le résultat est connu. Lokondo est invalidé.

Qui s’en plaindra?
Il est vrai que même des élus originaires du Grand équateur ne payaient pas chère la peau de Mabunda.
«Ce sont des élections mascarade. Le processus est totalement vicieux, nous ne pouvons pas assister à une mascarade», déclare le député de Boende, Tshuapa, Jacques Djoli Eseng’Ekeli.
Jeannine Mabunda, reste la candidate unique à la présidence de la Chambre basse du Parlement. Le duel tant craint est mort né. En public, Lokondo fait une accolade à la rivale évitée. La nuit passe sans réaction de HTL qui panse les plaies et ménage le futur. Une bataille est perdue. Peut-être que la guerre reste à gagner! Un texte au vitriol signé PRR/IN semblable à un article de presse - «Plénière de la honte, Henri Thomas Lokondo invalidé par la motion politique» - est distribué. Très dur. Extrait: «Une pièce de théâtre qui se joue à l’Assemblée Nationale (...) s’intitule: «La motion réglementaire tu la fermes, je suis politique politicienne!» Les acteurs de cette comédie sont généralement les députés nationaux, le PPRD François Nzekuye Kaburaneza et le PALU Willy Makiashi en face d’un metteur en scène octogénaire et Président du Bureau provisoire, Pierre Manoka Makonzi, devant les spectateurs du FCC-CACH, contre des acteurs réguliers Henri Thomas Lokondo et Fabrice Albert Pwela.
Au commencement fut le refus de valider les élus nationaux de Beni ville et territoire, Butembo et Yumbi. Après tractations, le Bureau provisoire par une autre comédie, rejette l’ordre du jour de la plénière subséquente dont sa décision n°010 du 17 avril produit déjà ses effets, notamment l’appel à la candidature aux différents postes au Bureau définitif de la Chambre basse du Parlement. Après cet épisode qui, suspendant la séance plénière du samedi 19 avril courant, la vraie comédie s’est jouée ce lundi 21 avril dès 14 heures, l’heure après l’adoption de l’ordre du jour par 327 députés présents avec comme matière inscrites: Examen et adoption des procès verbaux n°007, 008, 009, 010 et 011; validation des pouvoirs des députés nationaux comme arriérés; communication du Président et audition des messages des candidats.
Après adoption in globo des procès- verbaux, la Chambre a validé les 15 de Beni ville et territoire, Butembo et Yumbi. Après validation, Muhindo Nzangi sollicite la motion d’ordre relative à leur participation au processus en tant qu’électeur et éligible car, la nouvelle donne qui s’ajoute, 103+10 élus Lamuka, la proportionnalité est de cinq postes pour la Majorité FCC-CACH et deux pour Lamuka. Donc, en tant qu’électeur validé, on doit revoir le processus en cours. Un refus catégorique du PPRD François Nzekuye qui fait voter sa motion relative à ne plus revenir sur le processus enclenché d’enregistrer les candidatures étant donné que le Bureau a déjà clôturé la réception et traitement des candidatures.
Cependant, dans un autre épisode dont les acteurs de la pièce de théâtre qui changent l’intitulé s’articule: «Achevons malhonnêtement Henri Thomas Lokondo». Cette comédie à pour metteur en scène François Nzekuye et Willy Makiashi. L’un tente de convaincre la plénière que les candidats à l’élection du Bureau définitif sont présentés par leurs partis politiques ou regroupements. D’où, Henri Thomas Lokondo qui est élu du Palu et alliés, sa candidature n’est pas conforme. D’où, l’invention de la nouvelle motion politique pour l’invalider. Appuyé par Willy Makiashi que son regroupement n’a pas mandaté ni appuyé et/ou soutenu la candidature de Lokondo, d’où son invalidation. Malgré l’appui dont jouit Henri-Thomas Lokondo par ses collègues de le voir candidat, malgré ses interventions pour mettre à nu la conspiration contre sa candidature, le Bureau provisoire de l’octogénaire Pierre Manoka subit la pression jusqu’à reconnaître que la motion de Nzekuye de vouloir invalider Henri-Thomas Lokondo n’est pas règlementaire, le coup de massue s’est produit lorsque le Président du Bureau provisoire annonce que la motion de François Nzekuye est politique. Cette fois-ci, il la soumet au vote dans une confusion totale où les élus nationaux n’en maîtrisent pas son sens.
Dans cette confusion, il suspend la plénière. à l’instant le protocole de l’Assemblée nationale annonce qu’elle est suspendue pour dix minutes. Quelques secondes après, le même protocole transporte les chaises des membres du Bureau provisoire, dans une confusion totale, sans audition des messages de différents candidats, en ce que le calendrier prévoit l’élection ce mardi 23 avril.
Que cache cette confusion? à en croire nos analyses, la phobie du Sénat sous Kengo alors majoritaire à la Majorite Présidentielle (MP) hante encore le FCC-CACH. «Pour ne pas vivre le même spectacle, il faut inventer les théories des hiboux, nuire à tout prix, pourvu que nous atteignions notre but». Donc, Lokondo est en même de renverser la tendance de par son expertise parlementaire, son expérience, sa probité morale. D’où, la meilleure manière est de créer les théories maffieuses juridico-politiques et immorales, a-t-il dénoncé pour l’invalider.
Ceci justifie cela, la candidature de Henri Thomas Lokondo étant conforme au Règlement intérieur de sa chambre, ce mardi il va prendre part à l’élection en tant que candidat Président de l’Assemblée nationale.
Enfin soutient-il, j’ai déjà gagné mon élection dans toute l’opinion, malgré vos moyens financiers et matériels, vous pouvez me battre (...)». Pourquoi avez vous peur que j’aille à l’élection ce dont, je suis perdant au regard de vos moyens?
En conclusion, pour Albert Fabrice Pwela sa candidature est rejetée car, son regroupement aurait écrit après qu’elle soit déclarée conforme au Règlement Intérieur. Et Henri Thomas Lokondo sa candidature est invalidée politiquement malgré que son PALU&Alliés n’étant pas signataire de la Charte du FCC. Qui est élu du FCC ici? A-t-il demandé à la plénière. Bouche bée» (...).
Au fait, à quelque chose malheur est bon. Qui se plaindra de cet affrontement manqué qui allait diviser encore plus le pays et la province de Mobutu? Pas les cardiaques qui n’auraient pas supporter le choc...
D. DADEI.


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