Au moins 60% des produits pharmaceutiques commercialisés au Congo sont de la contrefaçon
  • ven, 20/11/2015 - 01:27

Grâce à un don de l’UE, l’Office Congolais de Contrôle va entreprendre de traquer avec efficacité des faux produits ou de la contrefaçon.

Si la Fondation Chirac (du nom de l’ancien président français Jacques Chirac) estime que plus de 30% des médicaments vendus sur le Continent sont des faux ou contrefaits - ce qui est un crime abominable perpétré contre la santé des millions d’Africains - le Congo, notre pays, en l’espèce battrait tous les tristes records: au moins, plus de 60% des produits pharmaceutiques qui circulent dans notre pays seraient des faux ou contrefaits!
Les pouvoirs publics en ont-ils pris conscience?
Si nombre de ces produits - pharmaceutiques ou cosmétiques, ce qui n’est pas moins dangereux s’agissant de ces derniers - ne contiendraient aucun principe actif, d’autres sont sous-dosés ou contiendraient des substances hautement toxiques. Atroce, le moins que l’on puisse dire.
C’est le cri d’alarme donné le 6 novembre dans la Capitale par le chargé d’affaires de l’ambassade de l’Union Européenne, Bertrand Soret au nom de son chef de mission.
Devant la ministre du Commerce Extérieur, Ngudianga Bayokisa Nefertiti, le diplomate européen procédait à la remise d’un lot de matériels de laboratoire à l’OCC, Office Congolais de Contrôle en présence du conseil d’administration.

LUTTER CONTRE LA CONTREFAÇON.
C’est la deuxième fois en un an que l’UE vient à la rescousse de l’OCC, l’œil vigilant du commerce extérieur, trop souvent incapable de poser des avis pertinents sur des produits à l’import/export, pour - l’expression est courante - «renforcer ses capacités».
Cette aide entre dans le cadre du Programme d’Aide au commerce de l’Union Européenne, en abrégé AIDCOM.
Si le précédent don effectué le 31 juillet était destiné à assurer le contrôle des produits agro-alimentaires, celui du 6 novembre intéresse les analyses des produits pharmaceutiques et cosmétiques. L’UE estime son action allant dans le sens de contribuer à la lutte globale contre la contrefaçon de produits pharmaceutiques et cosmétiques qui inondent le marché mondial et met en péril la santé de tout à chacun. Face au fléau, les Européens veulent «promouvoir les initiatives en soutenant l’Office Congolais de Contrôle qui appuie le ministère de la Santé pour le contrôle des produits pharmaceutiques aux frontières», a expliqué le chargé d’affaires.
L’OCC a déjà bénéficié d’un don de 900.000 euros en matériel de laboratoire en vue d’être opérationnel dans la lutte contre la contrefaçon des médicaments. L’action consiste à s’assurer de la conformité des médicaments aux spécifications médicales requises. L’UE - soucieuse de permettre un usage efficace de son don - annonce un programme de formations au bénéfice du personnel de laboratoire de l’OCC. Elle espère que cet organisme de l’Etat disposera d’un budget de fonctionnement en mesure de faire face aux enjeux de disposer de laboratoires cibles; qu’il aura accès aux consommables nécessaires au bon fonctionnement des équipements livrés.
Le don de l’UE marque l’une des dernières étapes du Programme AIDCOM. Depuis 2010, ce programme, doté d’un budget de 16 millions d’euros, appuie le Congo en vue de rendre l’économie plus compétitive en agissant sur les conditions de fonctionnement du marché intérieur, régional et international.

INTEGRATION DANS L’ECONOMIE REGIONALE.
Il a permis aux autorités de préparer l’intégration du pays dans l’économie régionale et mondiale dans le cadre de l’Accord de partenariat économique en cours de finalisation.
Une action qui vient en complément de l’appui de l’UE au secteur de la santé.
Il s’agit d’un des secteurs de concentration de la coopération au développement avec des moyens évalués à 91 millions d’euros pendant les dernières années dans le cadre Xème FED. Environ 145 millions d’euros sont prévus dans le cadre du XIème FED pour la période 2014-2020. L’UE s’est engagée à accompagner le gouvernement dans son effort d’améliorer l’accès aux soins de qualité dont l’assurance de la disponibilité des médicaments de qualité est un volet. Le directeur général a.i de l’OCC Bernadette Muongo wa Nabahasha en l’absence de son titulaire qui a réceptionné le don, a expliqué le souci majeur de l’OCC: sécuriser encore et toujours les populations congolaises dans ce domaine particulièrement dangereux où la contrefaçon des médicaments est devenue un fléau planétaire. Elle s’est réjouie qu’avec l’UE, l’OCC «évolue sur la voie de la révolution de la modernité chère au Président de la République, Chef de l’Etat». Elle a fait appel à l’Etat et aux partenaires de l’OCC pour appuyer l’office à ériger un bâtiment digne d’abriter son laboratoire désormais doté d’équipements sophistiqués.

BATIMENTS POUR SON LABORATOIRE.
Dans un premier temps, l’OCC veut rénover les bâtiments existants mais très vite, en 2016, il veut ériger des bâtiments qui sauront abriter des laboratoires ultramodernes.
A cet effet, les études sont achevées, la maquette présentée.
Bernadette Muongo wa Nabahasha a exhorté ses partenaires (industriels, commerçants, importateurs et exportateurs) à recourir à l’expertise de l’OCC pour la certification qualitative de leurs produits et surmonter les restrictions à travers des spécifications de plus en plus drastiques, au fur et à mesure du développement de la sensibilité des appareils de mesure qui équipent les laboratoires d’analyses des produits pharmaceutiques aujourd’hui.
Cette collaboration renforcera le «Made in RDC» dans les échanges régionaux, sous régionaux et internationaux, a-t-elle articulé. La ministre a remercié l’UE pour ses différents dons à l’OCC. Après ceux liés aux produits agro-alimentaires, au tour désormais du secteur de contrôle des produits pharmaceutiques et cosmétiques.
«Ce geste, revêtu de toute sa portée, constitue la preuve d’une coopération utile et fructueuse qui se veut participative dans la vision de la Modernité prônée par Son Excellence Monsieur Joseph Kabila Kabange, Président de la République et Chef de l’Etat». Grâce à l’UE, la ministre peut désormais atteindre le résultat de la matrice «Action-résultats» assignée à son ministère avec des objectifs assignés à l’OCC: amélioration du contrôle de qualité de tous les produits et la confirmation de l’accréditation de l’OCC dans le domaine du contrôle de l’eau.
«Cette acquisition, au-delà du contrôle de la qualité des produits pharmaceutiques importés, vient contribuer à la compétitivité de la production pharmaceutique locale. Le Gouvernement de la République s’inscrit résolument dans la volonté de définir des stratégies pour le financement et la promotion du secteur pharmaceutique. Cette production pharmaceutique attendue sera non seulement consommée localement en toute sécurité, mais constituera également un support supplémentaire de la diversification de nos exportations rendues compétitives car certifiées par des
Laboratoires de l’Office Congolais de Contrôle désormais mieux équipés et répondant aux standards internationaux».


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