Au Burkina, le Président et son Premier ministre sont séquestrés par des militaires
  • jeu, 17/09/2015 - 05:26

Le tout petit pays sahélien enclavé voulait servir de modèle démocratique, il fait face à des crises alors qu’il doit tenir des scrutins devant mettre fin à la transition.

Alors qu’il a l’ambition de servir de modèle à d’autres Etats du Continent après que son président Blaise Campaoré eût été contraint par la rue, le 31 octobre 2014, de quitter le pouvoir après 27 ans de règne, voilà ce tout petit pays sahélien enclavé face à une nouvelle grave crise - son président intérimaire Michel Kafando, son Premier ministre Isaac Zida et deux ministres (Fonction publique Augustin Loada, Urbanisme René Bagoro) sont séquestrés par des soldats du RSP, Régiment de sécurité présidentielle.
Le 11 octobre, le pays doit organiser une présidentielle et des législatives censées mettre un terme à la transition.
Tard dans la soirée, on ignorait les revendications des soldats alors que plusieurs centaines de personnes avec des sifflets et des vuvuzelas ont convergé en début de soirée dans le quartier Ouaga2000 vers le Palais Présidentiel aux cris de «Libérez Kosyam (nom du palais présidentiel)» ou «A bas les RSP».
Peu après 19h00 locales, des coups de feu étaient entendus aux abords du Kosyam pour disperser ces manifestants, qui ont reflué vers le centre-ville.

«LA NATION BURKINABE EST EN DANGER».
Vers 21h00, quelques tirs sporadiques étaient encore audibles.
Les émissions de Rfi et de la radio privée Oméga étaient coupées. L’arrêt des émissions faisait suite à l’irruption dans les locaux de la station d’éléments du RSP menaçant de mort les journalistes s’ils poursuivaient leurs programmes. «Le devoir nous appelle car la nation burkinabè est en danger (...) Nous en appelons au devoir de solidarité des forces vives, des forces politiques, de la société civile et de la communauté internationale avec tout le peuple burkinabé pour faire échec à cette opération», a lancé dans un communiqué le président du Conseil national de la transition (assemblée de transition) Cheriff Sy. «Cette énième irruption du RSP est une atteinte grave à la République et ses institutions. J’appelle tous les patriotes à se mobiliser pour défendre la mère patrie», a-t-il ajouté, précisant que des «tentatives de dialogue étaient en cours entre la haute hiérarchie militaire et les éléments du RSP».
L’ONU, l’Union africaine et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest ont, ainsi que la France, ancienne puissance coloniale, fermement condamné mercredi cette «prise d’otages» et exigé la libération de toutes les personnes détenues.
La télévision publique burkinabè diffusait son programme normal, des dessins animés puis un match de football. Ses bâtiments sont traditionnellement gardés par le RSP, qui y a renforcé ses positions.
Aucun partisan de l’ancien président Compaoré ne peut se présenter au scrutin au nom d’une loi électorale très controversée rendant «inéligibles» tous ceux qui ont soutenu un «changement inconstitutionnel», soit la tentative de M. Compaoré de modifier la Constitution pour supprimer la limitation des mandats présidentiels. Le RSP avait déjà à plusieurs reprises perturbé la transition et lundi, la Commission nationale de réconciliation et des réformes avait recommandé la dissolution de cette unité de quelque 1.300 hommes, considérée comme la mieux formée de l’armée burkinabè. Fin juin, le RSP avait ainsi exigé la démission du lieutenant-colonel Zida, également n°2 de ce régiment et qui avait demandé publiquement sa dissolution «pure et simple» avant d’y renoncer.


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